Personnalité de la semaine

Déborah Cherenfant

Jeune entrepreneure de 31 ans, elle a remporté le prix Femmes de mérite du Y des femmes dans la catégorie Entrepreneuriat. Déborah Cherenfant est notre personnalité de la semaine.

Originaire d’Haïti, Déborah Cherenfant a immigré au Québec en 2005 pour étudier à HEC Montréal, où elle a obtenu un baccalauréat en administration des affaires trilingue avec spécialisation en entrepreneuriat. Elle détient également un certificat en économie internationale de l’UQAM.

Après ses études, elle a lancé le blogue Mots d’Elles, dont l’objectif est de faire rayonner des modèles féminins de réussite.

« C’est né de ma volonté de m’inspirer des femmes qui réussissent en affaires, dit Déborah Cherenfant. Je voyais très bien que les femmes et les hommes qui se lancent en affaires n’étaient pas traités de la même façon. »

« Voulant devenir entrepreneure moi-même, je voulais découvrir ce qui avait aidé certaines femmes à développer leur carrière et d’autres, à réussir en affaires. »

— Déborah Cherenfant

En 2012, elle lançait son entreprise, Coloré Design, une gamme d’accessoires de mode et de design faits à la main à Montréal avec des tissus traditionnels venus d’ailleurs. L’entreprise emploie des femmes immigrantes. Puis, en 2015, Coloré Design a lancé le Marché Coloré.

« C’est un nouveau concept de boutique éphémère réunissant des pièces originales de créateurs locaux et internationaux. Je travaille présentement sur la prochaine édition, qui se tiendra du 17 au 20 août, au Quartier des spectacles. »

PROJETS

En plus de ses entreprises, Déborah Cherenfant est impliquée dans une foule de projets, souvent à titre bénévole. Elle a œuvré au sein de l’organisme Habitat pour l’humanité pour la construction d’habitations en République dominicaine et elle a représenté Haïti en tant que jeune leader au Sommet des Caraïbes sur le commerce transatlantique. En 2015, elle a représenté le Canada au Sommet des jeunes entrepreneurs du G20, à Istanbul. Elle a aussi siégé à plusieurs conseils d’administration, dont celui de la Jeune Chambre de commerce haïtienne. En 2016, elle est devenue présidente du C.A. de Compagnie F, entrepreneuriat au féminin.

« Au Québec, l’entrepreneuriat fait de plus en plus partie des options offertes pour réussir sa vie et on ne peut que constater le nombre croissant de programmes et de ressources pour permettre aux femmes et aux hommes de se lancer en affaires.

« L’entrepreneuriat au féminin a déjà été une volonté politique il y a quelques années, mais on le voit moins ces temps-ci, je le constate dans le cadre de mon rôle comme présidente du C.A. de Compagnie F. Heureusement que la communauté d’affaires a lancé des initiatives pour soutenir les femmes, et faire en sorte que les femmes entrepreneures soient mises de l’avant. »

Selon elle, l’ambition au féminin est parfois encore considérée d’un mauvais œil.

« L’ambition des femmes n’est pas très différente de celle des hommes. Mais il est vrai qu’elle a besoin de mieux s’exprimer et s’épanouir. Car l’ambition féminine est mal vue en général, et souvent accompagnée de culpabilité et de contraintes venant parfois des autres, mais aussi des femmes elles-mêmes, malheureusement. Arriver à exprimer sa volonté d’être la meilleure dans son milieu, avec tout ce que cela implique, peut représenter un véritable exploit. »

Dans ce contexte, des espaces et des événements où la réussite des femmes est mise en évidence, comme le blogue Mots d’Elles ou les prix Femmes de mérite de la Fondation Y des femmes de Montréal, prennent toute leur importance en servant à la fois d’inspiration pour les autres et de motivation à continuer pour toutes les femmes impliquées.

« Ce prix me donne plus confiance en moi et en mes projets. Avec un nom comme “Femmes de mérite”, ce prix m’a permis de réaliser le chemin que j’ai parcouru et me motive pour tous les projets que je veux réaliser prochainement. »

— Déborah Cherenfant

« Par ailleurs, poursuit-elle, ce prix de la Fondation a le mérite de nous permettre d’encadrer des femmes fréquentant les programmes offerts par le Y des femmes. Ce qui nous fait encore plus réaliser que tout n’est pas gagné ; que nous devons toutes et tous travailler à garantir partout cette égalité des chances qui nous est si chère au Québec. »

Dans un monde idéal, où l’égalité serait vraiment atteinte pour tous, ces initiatives ne seraient pas nécessaires.

« J’espère voir le jour où je n’aurai plus besoin de faire Mots d’Elles, dit Déborah Cherenfant. Plus besoin de parler de la représentation des femmes et de la diversité dans le milieu des affaires, et d’avoir à montrer des modèles de réussite féminins en entrepreneuriat. Le jour où on n’aura plus besoin de dire “l’entrepreneuriat féminin” ou “l’entrepreneuriat immigrant”, mais où on dira entrepreneuriat tout court, avec plusieurs visages qui y trouvent tous leur place. »

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