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Le sud du Québec surtout touché

Partout dans le sud de la province, on enregistre un gel des sols à une profondeur inégalée. Les données fournies par le ministère des Transports du Québec démontrent que le gel a été cet hiver 42 % plus important à Lacolle, près de Montréal.

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Record de gel à Montréal

2,35 m

Profondeur du gel enregistrée à l’intersection de la rue University et du boulevard René-Lévesque. C’est la profondeur de gel habituellement observée à Chibougamau, pourtant beaucoup plus au nord.

Même si le gel est moins profond ailleurs, il a atteint des profondeurs records dans pratiquement tous les secteurs de l’île. Rappelons que la profondeur du gel est étroitement liée au type de sol.

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Un dégel subit « mortel pour les routes »

Pour limiter les dégâts, mieux vaut compter sur un lent dégel. « Il faut un printemps en douceur. La pire chose qui pourrait arriver, c’est un dégel subit. Ça serait mortel pour les routes », dit Guy Doré, spécialiste des infrastructures nordiques. Le MTQ prévoit cette année que la période de dégel commencera à partir du 23 mars et qu’elle devrait s’étendre jusqu’au 22 mai, soit sur une soixantaine de jours. Même chose pour les nids-de-poule qui risquent de se multiplier s’il pleut trop durant le printemps, ceux-ci proliférant lorsque l’eau qui s’est infiltrée gèle durant la nuit ou les journées froides. « Les prochaines semaines vont être déterminantes », confirme Jacques-Alain Lavallée, porte-parole de la Ville de Montréal. Pour prévenir les dégâts, la métropole a multiplié les opérations de colmatage des nids-de-poule depuis le début de l’hiver.

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Les entrées d’eau continuent à geler

Même si le temps s’est réchauffé la semaine dernière, le gel est encore si profond dans le sol de Montréal que de nombreuses conduites d’eau ont continué à geler. Le nombre de cas a d’ailleurs augmenté dans la foulée de la décision de la Ville de cesser d’utiliser de l’électricité pour dégeler ces conduites, en raison des risques d’incendie. Depuis hier, Montréal a recommencé à utiliser l’électricité après avoir revu ses méthodes de travail. Désormais, le dégel par électricité se fera uniquement avec des machines certifiées, sous la supervision de deux maîtres électriciens. Le Service de sécurité incendie dit toujours enquêter sur quatre incendies qui pourraient avoir été provoqués par le déglaçage de conduites.

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Routes gonflées

Le gel record du sol de Montréal a mis à rude épreuve les chaussées de Montréal. Les lentilles de glace qui se forment dans le sol soulèvent en effet les chaussées. Selon le MTQ, ce phénomène peut surélever de 20 cm une route, ce qui provoque d’importantes fissures. Le dégel peut également contribuer à endommager davantage les routes. Celles-ci sont conçues pour reprendre leur forme lors du dégel, mais s’il est trop rapide, les dégâts provoqués durant l’hiver risquent d’être accentués. En effet, comme le dégel se produit du haut vers le bas, l’eau reste coincée entre la chaussée et le sol gelé, réduisant le support de la route de 30 à 70 %. C’est pour cette raison que le MTQ limite le poids sur les routes pendant une soixantaine de jours au printemps.

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Comment mesure-t-on le gel ?

La Ville de Montréal dispose de 39 « tubes » sur son territoire qui lui permettent de mesurer la profondeur du gel sous ses rues. Longs de 2,5 mètres, ces appareils sont remplis de bleu de méthylène. « Ce produit change de couleur en gelant. Ça devient plus pâle, et ça nous permet de le mesurer », explique l’ingénieure Monya Ostiguy. Lors du passage de La Presse, le sol était gelé à 1,09 mètre sous un trottoir de la rue Alexandre-DeSève, au sud de la rue Ontario. « C’est révélateur parce que par le passé, le gel n’avait jamais dépassé 0,96 m », ajoute Mme Ostiguy. À cet endroit de Montréal, le sol est plus granulaire, donc moins propice au gel.

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Le sol de Montréal aussi gelé que celui de Chibougamau

L’hiver a été si froid, dans le sud de la province, que le sol de Montréal est par endroits gelé aussi profondément que celui de Chibougamau, pourtant situé à 500 km au nord. Alors que plusieurs espèrent un retour rapide du temps chaud, mieux vaut souhaiter un long et lent dégel pour limiter les dégâts dans les rues de la métropole. Explications.

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Protéger les routes

Les mesures sur la profondeur du gel dans le sol servent aux différents directeurs des travaux publics afin de prévoir la conception ou la réfection des chaussées. « Lorsqu’on rénove les chaussées, on entre ces données dans nos logiciels pour connaître la profondeur du gel, selon le type de sol », explique Monya Ostiguy. L’ingénieure souligne que protéger complètement les routes de Montréal contre le froid coûterait beaucoup trop cher puisqu’il faudrait doubler – voire tripler – l’épaisseur des chaussées. « Jamais on ne va protéger sur toute la profondeur, ça deviendrait beaucoup trop cher », dit-elle.

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Et le risque d’inondations ?

Un sol profondément gelé augmente les risques d’inondations, celui-ci étant moins à même d’absorber rapidement l’eau de fonte. La Sécurité civile estime toutefois que certains facteurs viennent réduire ce risque cette année. D’abord, le Québec a reçu cet hiver 25 % moins de précipitations que par le passé, selon Environnement Canada. De plus, les prévisions météorologiques annoncent un printemps chaud de jour et froid de nuit, ce qui devrait favoriser la sublimation de la neige. « Mais ça dépend beaucoup du printemps. Il suffit de 3 ou 4 jours de pluie avec des températures chaudes la nuit pour avoir des embâcles », dit Jean Savard, chef de service au Centre des opérations gouvernementales. Lui aussi dit espérer un long printemps. « Pour éviter des inondations, c’est toujours préférable un long dégel. »

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