Montréal est danse

Le tango, art de l’élégance et des bonnes manières

Le tango évoque le romantisme et la passion. Mais derrière chaque élan guidé par l’homme et embelli par la femme, il y a toute cette technique méticuleusement décortiquée, répétée et maîtrisée, un souci du détail qu’on ne retrouve pas dans les autres danses. Sophistiqué, complexe et élégant, le tango s’adresse à des gens perfectionnistes qui cherchent l’intensité dans chacun des pas.

DE NEW YORK ET MONTRÉAL À BUENOS AIRES

Il était au World Trade Center lorsque les avions ont frappé les tours. Ney Melo, qui travaillait en finance, s’en est sorti indemne. Comme de nombreuses personnes, cet événement allait changer le cours de sa vie. Il a décidé de s’accorder une pause des chiffres, de prendre du recul et de profiter de sa mi-vingtaine pour voyager vers l’Amérique du Sud. « Je suis arrivé à Buenos Aires sans réel plan et j’ai tout simplement été captivé par la culture du tango », explique l’ancien banquier. Quelques années plus tard, la carrière de Ney Melo, en tant que danseur et professeur de tango, était lancée.

Marika Landry danse depuis l’âge de 5 ans : classique, moderne, jazz, etc. Puis, elle découvre le tango. 

« Au début, ça ne devait qu’être une façon pour moi de danser autrement, mais je suis tombée complètement en amour. J’ai passé deux ans à étudier le tango, c’est devenu une obsession, puis une carrière. »

— Marika Landry

Marika Landry et Ney Melo se connaissent depuis longtemps. Mais sur la piste de danse, ils sont de jeunes partenaires. Ils viennent de terminer leur première tournée européenne. Lui est à Boston, elle est à Montréal, mais la distance n’entrave aucunement le lien professionnel qui les unit. Ils sont parmi les meilleurs. Prochainement, ils s’envoleront pour Milan, Londres, Amsterdam, Berlin. On les invite partout, comme à Florence, où ils sont les seuls danseurs nord-américains à avoir été conviés. Leur agenda est rempli jusqu’en juin 2016. Pourtant, leur carrière de danseurs ne fait que commencer. 

« Dans l’univers du tango, avec le temps, on gagne en crédibilité et en expérience. Le plus de cheveux gris on a, le mieux c’est. »

— Ney Melo

Et même si le tango donne l’impression d’être une danse très sérieuse, le plaisir y est. « C’est qu’on est concentré, assure Marika Landry. C’est une danse d’émotions, de sensations. On partage une partie de sa vie par l’entremise de la danse. » Pour Ney Melo, c’est d’ailleurs ce côté émotif et très personnel de la danse qui est le plus difficile à enseigner aux étudiants.

LA PERFECTION DANS CHAQUE NOTE

Mélanie Bergeron fait partie du groupe Radiotango qui donne à la fois des spectacles grand public et des concerts pour danseurs. Elle nous explique l’importance de jouer à la perfection ces chansons du répertoire de tango traditionnel : « Les danseurs de tango qui viennent dans les soirées connaissent toutes les pièces. Ils savent quand le piano s’en vient, quand la contrebasse va entrer, les changements de tempo, les subtilités du rythme. Ils savent exactement ce qu’ils vont faire pour accompagner la musique. »

Les danseurs accordent tellement d’importance à la musique que certains évitent les soirées où il y a des orchestres, de peur que les musiciens ne jouent pas précisément les versions originales.

« Pour Radiotango, c’est important de jouer la copie parfaite », explique Mélanie Bergeron, qui est aussi danseuse professionnelle et professeure de tango.

« Chaque musicien du groupe écrit sa partie, reproduisant fidèlement chaque note, variation et émotion. Tout est au bon endroit, comme à l’époque. »

— Mélanie Bergeron

LE CODE DU TANGO ARGENTIN

Les soirées de tango social sont appelées les milongas. Lors de ces soirées, on demande habituellement aux danseurs de respecter les traditions et règles associées au tango.

Les chansons sont présentées par groupes de quatre. C’est une tenda. Entre deux tendas, on fait jouer un extrait d’une chanson populaire comme interlude. Cette pause, la cortina, rappelle aux gens qu’il faut changer de partenaire. Il est impoli d’interrompre une tenda en entrant sur la piste de danse ou en la quittant avant la fin.

Comme le tango est une danse de marche et pour éviter les collisions, les hommes guident les femmes dans le sens antihoraire. Sur la piste, les danseurs prennent place selon leur niveau, les plus expérimentés étant plus au centre.

Apprendre le tango, c’est aussi apprendre quelques règles de bienséance, dont l’invitation à danser qui se fait par les yeux. Un contact du regard entre un homme et une femme se traduit par une demande qui est acceptée ou rejetée par un discret signe de tête ou détournement du regard.

MONTRÉAL PARMI LES MEILLEURES VILLES

Apprendre à danser le tango à Montréal est une chance unique. « Montréal est le meilleur endroit en Amérique du Nord pour danser le tango, avant New York », selon Ney Melo. « Il ne faut pas oublier que l’on danse ici le tango depuis plus de 25 ans maintenant », ajoute Marika Landry. La scène locale, quoique discrète, est donc très active.

Pour trouver une école, participer à un atelier, choisir parmi une liste de milongas à Montréal, on se rend sur le site de Tango Express. Chaque soir, il est possible de danser le tango en ville, et la plupart des milongas offrent des cours d’initiation gratuits avant la soirée.

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