Planète bleue, idées vertes
Comment ils sont passés de la parole aux actes

Nettoyer le métro avec des produits écolos

Nettoyer des lieux publics où passent quotidiennement des dizaines de milliers de personnes avec des produits écologiques ? C’est possible. Depuis 2016, la Société de transport de Montréal a troqué ses détergents traditionnels contre des formules biodégradables.

Manon Laflamme avait « des doutes » quand on lui a annoncé qu’elle devrait utiliser des produits écologiques dans le cadre de son travail.

« J’étais sceptique », reconnaît la femme qui est préposée à l’entretien à la Société de transport de Montréal (STM) depuis 16 ans.

Et elle n’était pas la seule.

« Les gens ne croyaient pas que ça fonctionnerait, parce qu’on était habitués à des produits tellement forts », se souvient-elle.

Depuis 2016, la totalité des produits d’entretien sanitaire de la STM a été remplacée par des produits écologiques.

C’est l’entreprise InnuScience, de Sainte-Julie, qui les fabrique.

Ils contiennent uniquement trois ingrédients actifs, explique Jean-Michel Corbeil, directeur des ventes nationales de l’entreprise : des bactéries non pathogènes pour s’attaquer aux odeurs et aux surfaces poreuses, des extraits fermentaires pour remplacer les solvants contenus dans les produits chimiques, ainsi que des colorants alimentaires pour permettre de les distinguer les uns des autres.

Ces produits sont certifiés ÉcoLogo, ce qui signifie qu’ils sont sans phosphate, sans agent cancérigène, sans composés organiques volatils (COV) et biodégradables, entre autres, mais ils ont également une certification Euro-Label qui assure leur « performance », explique Jean-Michel Corbeil.

InnuScience a même développé un nettoyant à planchers spécialement pour la STM, qui vient facilement à bout des gommes à mâcher qui y sont collées, sans être corrosif, mais qui a également des propriétés antidérapantes.

Écologiques et économiques

La première fois que la STM a contacté InnuScience, raconte Jean-Michel Corbeil, c’était en 2004, après qu’un employé eut subi des brûlures en manipulant un produit chimique.

« Améliorer les environnements de travail » est d’ailleurs l’une des raisons qui ont amené la STM à se convertir aux produits écologiques, explique Marie-Josée Corriveau, chef de division à la chaîne approvisionnement.

Le fait qu’ils soient livrés en formule concentrée à être diluée, qui plus est dans des contenants qui sont réutilisés, a permis de réduire considérablement la quantité de déchets produite, de même que les gaz à effet de serre (GES) générés par leur transport, dit la STM.

La société dit même avoir ainsi réalisé des économies de 33 % sur l’approvisionnement en produits nettoyants.

Employés convaincus

Aujourd’hui, Manon Laflamme assure qu’elle ne retournerait pas en arrière.

« C’est moins fort, la senteur est moins prenante », constate-t-elle.

Mais le plus important, c’est que les produits écologiques nettoient tout aussi bien que leurs prédécesseurs.

« Il n’y a pas de différence », tranche-t-elle.

Pourtant, la tâche est coriace : près de 17 000 personnes franchissent quotidiennement les tourniquets de la station de métro Lionel-Groulx, où travaille Manon Laflamme, en plus de tous ceux qui y transitent pour changer de ligne.

Dans tout le métro, ce sont près de 1 million de personnes qui entrent, chaque jour.

Tout ce qui est à portée de main doit donc être nettoyé au minimum une fois par semaine : planchers, tourniquets, poubelles, escaliers mécaniques, etc.

« La clé, c’est le temps de réaction », lance son collègue Ghyslain Chénard, expliquant avoir appris à laisser le produit agir quelques secondes avant de passer le chiffon.

Les produits écologiques qu’utilise maintenant la STM sont aussi plus polyvalents, ce qui s’est aussi traduit par une réduction du nombre de produits différents utilisés.

« Les produits [écologiques] ont rendu notre travail plus facile et sont meilleurs pour notre santé. »

— Ghyslain Chénard, préposé à l’entretien

Le jeune homme était content quand la STM a annoncé son virage écologique à ses employés, puisqu’il avait déjà utilisé de tels produits dans un emploi précédent.

« J’étais déjà vendu, se rappelle-t-il. C’est sans odeur, hypoallergène, je sais que si ça revole un peu sur ma peau, je n’aurai pas de problème. »

Même dans les garages

La STM a aussi remplacé 70 % des produits d’entretien mécanique qu’elle utilise par des produits écologiques, qui sont également fournis par InnuScience, comme des nettoyants pour freins et pour pièces mécaniques.

« Ça, c’était vraiment pour nous un défi à relever », raconte Jean-Michel Corbeil, en expliquant que son entreprise a dû faire de la « recherche et développement » pour concevoir des « produits écoresponsables, mais avec la même performance [que les produits chimiques] ».

Si l’utilisation de produits écoresponsables est « de plus en plus » répandue dans les domaines public et parapublic, elle l’est beaucoup moins dans les secteurs industriel et commercial, affirme M. Corbeil.

Son entreprise « tente des approches » en proposant à certaines entreprises de tester ses produits.

« Si on est capables de laver un moteur d’autobus, oui, on est capables de laver ton moteur de loader. »

— Jean-Michel Corbeil, d’InnuScience

Quand certains employés de la STM lui disent que ses produits sont « miraculeux », Jean-Michel Corbeil rectifie, en bon scientifique : « Il n’y a rien de miraculeux, c’est de la recherche et développement ! »

Marie-Josée Corriveau recommanderait « assurément » à quiconque lui demanderait son avis de passer aux produits écologiques.

« Une fois passé les préjugés, dit-elle, ça a eu chez nous des avantages à tous les égards. »

Sur le radar

1,75 million

Nombre de Bavarois qui ont signé la pétition écologiste « Sauver les abeilles », ce qui a forcé le président de cette région allemande à s’engager à rédiger une loi aux conséquences potentiellement importantes pour l’agriculture. Le texte de la pétition, lancée par le petit parti écologiste et conservateur ÖDP, demande que 20 % des terres arables respectent les normes biologiques en 2025, avant d’atteindre 30 % en 2030, et que 10 % des espaces verts soient également transformés en prairies fleuries.

— d’après AFP

60 %

Parts du marché des véhicules neufs accaparées en mars par les véhicules électriques en Norvège. Plus grand producteur d’hydrocarbures d’Europe de l’Ouest, la Norvège est pionnière de la mobilité électrique : l’ambition est que toutes les nouvelles immatriculations soient des véhicules zéro émission dès 2025 et le premier traversier électrique y navigue depuis 2015. L’an dernier à la même date, la vente des véhicules électriques représentait une part de marché de 37,2 %.

— d’après AFP

Le climat s’invite dans la campagne électorale australienne

En mars, l’Australie a enregistré, pour le quatrième mois consécutif, un record de chaleur, alors que le changement climatique s’annonce comme l’un des sujets délicats des prochaines élections de la mi-mai. La coalition conservatrice au pouvoir du premier ministre, Scott Morrison, rechigne à soutenir des réductions fortes des émissions de gaz à effet de serre, de peur de porter atteinte à l’industrie du charbon australienne. Mais l’opposition de centre gauche, qui devance les conservateurs dans les sondages, a dévoilé une série de propositions pour limiter les émissions de gaz à effet de serre, visant en particulier à promouvoir les énergies renouvelables et les véhicules électriques.

— d’après AFP

Des crédits pour compenser les émissions 

La Ville de Montréal compensera dorénavant les émissions carbone entraînées par les déplacements en avion de ses élus et employés. Par exemple, pour compenser le déplacement en avion de la mairesse Valérie Plante pour assister à un congrès en Argentine la semaine dernière, la Ville achètera des crédits carbone du programme de bourses Scol’ERE, dont les fonds sont réinvestis dans des projets éducatifs. Au-delà des compensations carbone, Mme Plante a indiqué que son administration fera des efforts pour réduire les déplacements aériens à la Ville de Montréal.

— Pierre-André Normandin, La Presse

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