Opinions

Voici deux textes en réaction à la suppression de postes à Bibliothèque et Archives nationales du Québec en raison de la réduction des subventions du gouvernement annoncée la semaine dernière. 

Opinions Coupes à Bibliothèque et Archives nationales du Québec

Le ministre Luc Fortin dit n’importe quoi !

Comme archiviste professionnel, ex-directeur de l’École de bibliothéconomie et des sciences de l’information de l’Université de Montréal et ex-conservateur et directeur général des archives à Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ), je suis avec attention le débat qui entoure les réductions importantes qui sont imposées encore une fois à BAnQ, cette institution phare du domaine culturel au Québec.

Inutile de reprendre ici les arguments tout à fait pertinents développés par plusieurs regroupements de personnes intéressées par le dossier, soit des historiens, des généalogistes, des bibliothécaires et des archivistes.

Mon propos vise plutôt les explications fournies par le ministre Luc Fortin ainsi que par la direction de BAnQ. D’entrée de jeu, je suis déçu par la faiblesse de l’intervention de la direction de BAnQ, voire la complaisance dont cette institution fait preuve devant les déclarations de son ministre.

Dois-je rappeler à BAnQ qu’elle est une société d’État et qu’à ce titre, elle peut fort bien prendre une certaine distance face à un ministère qui visiblement n’a pas la colonne vertébrale qu’il faut pour défendre ce dossier ? Quant au ministre Luc Fortin, son discours voulant que les heures d’ouverture ainsi que les clientèles ne soient pas touchées par les réductions ne tient pas la route. On sait bien qu’au moment où ces réductions toucheront obligatoirement le citoyen, le mini tollé dans les médias sera chose du passé et que le tourbillon de l’actualité aura tourné les projecteurs vers d’autres cibles.

Toujours le même discours

De plus, comment ne pas faire un parallèle entre l’argumentation du ministre Luc Fortin et ce que nous ont servi le ministre de l’Éducation et son collègue de la Santé pour ne mentionner que ceux-là ? Toujours le même discours, réductions importantes sous le couvert d’une rationalisation qui a plutôt des objectifs politiques que tous nous voyons venir avec les prochaines élections qui s’annoncent. Et tout cela, sans conséquence sur les services aux citoyens bien entendu. Allons donc !

Reconnaissons la justesse du commentaire de la députée Agnès Maltais qui montre bien la faiblesse des arguments du ministre Luc Fortin qui parle des deux côtés de la bouche en se lançant des fleurs pour les budgets supplémentaires dont dispose son ministère et en camouflant les réductions sous une saine gestion des fonds publics. Monsieur le ministre, c’est n’importe quoi !

Et que dire de la décision de viser les opérations de numérisation ? Là, nous sommes vraiment au bout du chemin du sens commun. 

À une époque où cette technologie permet au monde des bibliothèques et des archives de sortir la tête de l’eau et d’enfin envisager une diffusion de leur trésor à la mesure des attentes du citoyen, plutôt que d’augmenter sensiblement la cadence comme toutes les institutions le font – il faut voir l’énergie déployée par notre voisin Bibliothèque et Archives Canada – nous, au Québec, nous réduisons drastiquement notre effort. Voyons monsieur le ministre, un peu de sérieux !

En terminant, ne pouvant compter sur la direction de BAnQ, la communauté des archivistes du Québec engage les membres du Conseil d’administration de BAnQ à intervenir comme leur devoir l’exige pour s’assurer que le bon sens revienne dans cette grande institution dont la mission est d’assurer l’accessibilité et la pérennité du patrimoine documentaire québécois. Représentez-nous avec vigueur. Questionnez, exigez plus d’information, demandez à être convaincus. C’est votre rôle d’administrateur.

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