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Une élection partielle aux airs de référendum

Aujourd’hui aux États-Unis, tous les yeux seront tournés vers les banlieues cossues du nord d’Atlanta. Lors d’une élection partielle, un jeune démocrate pourrait ravir aux républicains un siège qu’ils contrôlent depuis 1979. Aux yeux de plusieurs, le vote prend du coup des airs de référendum sur la jeune présidence de Donald Trump. Les enjeux en cinq questions et réponses.

Pourquoi y a-t-il une élection partielle en Géorgie  ?

Le politicien républicain Tom Price, élu du 6e district de la Géorgie à la Chambre des représentants des États-Unis depuis 2005, a été nommé secrétaire à la Santé et aux Services sociaux par Donald Trump après avoir été réélu, avec 23 % d’avance sur ses rivaux, en novembre dernier. À la suite de sa nomination, il doit céder sa place au Congrès. Un premier tour de l’élection partielle a eu lieu le 18 avril. À la surprise générale, c’est un jeune candidat démocrate, Jon Ossoff, 30 ans, qui est arrivé bon premier, en récoltant 48,1 % des voix. Cependant, pour remporter l’élection, un candidat doit dépasser le seuil des 50 %. Les 530 000 électeurs du district sont donc rappelés aux urnes aujourd’hui.

Qui sont les candidats en lice  ?

La républicaine Karen Handel, arrivée première parmi les candidats républicains lors du premier tour avec 19,8 % des voix, tentera de rallier le vote conservateur. Âgée de 55 ans, Mme Handel a été la première secrétaire d’État élue de la Géorgie. En 2014, elle a tenté en vain d’obtenir un siège au Sénat. Pour sa part, Jon Ossoff, malgré son jeune âge, a plusieurs années d’expérience dans l’arène politique. Il a notamment été conseiller en sécurité nationale auprès de Hank Johnson, un représentant démocrate de la Géorgie. Il a aussi fondé une entreprise produisant des documentaires sur des enjeux politiques. Plusieurs publicités négatives, financées par les républicains, tentent de le dépeindre comme un progressiste de gauche, le comparant à Nancy Pelosi, ancienne présidente démocrate de la Chambre. D’autres publicités font des liens entre la tentative d’assassinat contre le politicien républicain Steve Scalise et les convictions politiques de M. Ossoff.

Que disent les sondages  ?

Les deux candidats sont presque à égalité dans les sondages. L’agrégateur des sondages de RealClear Politics donne une mince avance à la républicaine, tandis que celui de FiveThirtyEight en donne une au démocrate. « Nous sommes ex æquo. Au coude-à-coude. C’est la participation qui va faire la différence », a dit cette semaine Karen Handel. Conscients de ce fait, les deux partis ont mis toute la gomme lors de la campagne. À ce jour, cette course est la plus chère de l’histoire des États-Unis pour un siège à la Chambre des représentants. Au moins 50 millions US ont été dépensés par les candidats et des groupes externes, dont au moins 40 millions en publicité télévisuelle.

Pourquoi cette élection revêt-elle une telle importance  ?

D’autres élections partielles ont eu lieu depuis l’élection de Trump, au Kansas et au Montana, et une autre aura lieu en Caroline du Sud aujourd’hui, mais aucune course n’est aussi serrée que celle du 6e district de Géorgie. « C’est un véritable blockbuster pour les nerds de la politique. Il y a du suspense et beaucoup d’argent investi », pouvait-on entendre au réseau NBC hier.

Ancienne déléguée du Québec à Atlanta, Ginette Chenard note d’abord que le 6e district a une importance symbolique aux yeux des républicains. C’est ce siège qu’a occupé Newt Gingrich, ancien président de la Chambre des représentants, pendant plus de deux décennies. « Si le vote change dans un État réputé conservateur, dans le comté de Newt Gingrich, ce sera un message très fort pour les deux grands partis. Les républicains vont se demander s’ils risquent de perdre leur majorité à la Chambre lors des élections de mi-mandat, qui auront lieu dans un an et demi. Les démocrates vont réaliser qu’ils ont intérêt à investir dans des États qu’ils ont négligés au cours des dernières années, mais qui changent rapidement », dit Mme Chenard, qui copréside l’Observatoire sur les États-Unis de la Chaire Raoul-Dandurand de l’UQAM.

Quelles sont les implications pour le gouvernement Trump  ?

Plusieurs experts et stratèges politiques considèrent que le vote d’aujourd’hui sera en quelque sorte un référendum sur les premiers mois de Donald Trump à la tête du pays. Déjà, dans le 6e district, sa popularité est en chute libre. Si, en février, il avait le soutien de 54 % des électeurs, il récolte aujourd’hui 45 % d’approbation. D’ailleurs, pendant sa campagne, Karen Handel a déjà pris ses distances du président qui nage en eau trouble. « Je ne suis pas une extension de la Maison-Blanche », a dit publiquement Mme Handel. Hier matin, cependant, Donald Trump a lancé un message de soutien à la candidate républicaine sur Twitter. « Les démocrates veulent annuler les diminutions de taxes, ne veulent pas d’un bon plan en santé ou de sécurité à la frontière. […] Votez pour Karen H. », a écrit le président américain.

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