Acier et alumiNIum

Entente en vue entre l’Europe et les États-Unis

Les États-Unis et l’Europe ont montré, hier, des signes d’apaisement dans le conflit les opposant sur la taxation des importations d’acier et d’aluminium. « Nous avons eu un échange préliminaire très constructif […] sur l’apaisement des tensions commerciales », ont déclaré dans un communiqué commun le secrétaire américain au Commerce, Wilbur Ross, et le ministre allemand de l’Économie, Peter Altmaier. M. Altmaier a lui-même fait état d’un possible compromis dès cette semaine alors que les taxes doivent entrer en vigueur vendredi. Le président américain Donald Trump avait promulgué, le 8 mars, des taxes de 25 % sur les importations d’acier et de 10 % sur celles d’aluminium. Il avait toutefois exempté provisoirement le Canada et le Mexique, ses partenaires au sein de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), en cours de renégociation. Il avait également indiqué qu’il y aurait des possibilités d’exemption pour d’autres partenaires. — Agence France-Presse

Réserve fédérale américaine

Vers une hausse des taux

Les bonnes nouvelles économiques qui s’accumulent au sud de la frontière devraient inciter le nouveau président de la banque centrale des États-Unis, Jerome Powell, à annoncer demain la première des trois hausses de taux d’intérêt prévues en 2018, et peut-être d’en signaler une quatrième.

« C’est clairement une possibilité, estime Mathieu d’Anjou, économiste principal de Desjardins. Parce que l’économie va bien et que les derniers chiffres de l’emploi étaient très bons, la Fed [Réserve fédérale américaine] pourrait décider de relever ses taux quatre fois cette année, soit une fois par trimestre. »

À la Banque Nationale, l’économiste Krishen Rangasamy estime que la Réserve fédérale va sûrement relever ses prévisions de croissance de l’économie américaine.

« Il s’est passé beaucoup de choses depuis le mois de décembre, notamment des baisses d’impôt et une augmentation des dépenses publiques. »

— Krishen Rangasamy

Ces éléments nouveaux, qui alimenteront la croissance et l’inflation, militent en faveur d’une quatrième hausse des taux en 2018, mais Krishen Rangasamy croit que la Fed va quand même s’en tenir à trois. « Il y a des risques importants, comme la montée du protectionnisme qui fait que la banque centrale va continuer à être prudente. »

La Réserve fédérale américaine, qui donne à l’avance une indication de ses intentions, a prévu augmenter ses taux trois fois en 2018 et deux fois en 2019. L’économiste Mathieu d’Anjou estime que si la Fed change ses plans, elle maintiendra trois hausses cette année et en fera trois plutôt que deux l’an prochain. « C’est notre scénario de base chez Desjardins », indique-t-il.

Une première pour Powell

La hausse quasi certaine de demain fera passer la fourchette de taux de la banque centrale américaine de 1,25-1,50 % qu’elle est actuellement à 1,50-1,75 %. Il s’agira de la première hausse de taux sous la direction de Jerome Powell, qui a succédé à Janet Yellen en février dernier.

La Réserve fédérale a déjà augmenté cinq fois ses taux d’intérêt depuis décembre 2015, quand elle a commencé à normaliser sa politique monétaire.

Au Canada, les taux d’intérêt ont augmenté trois fois en 2017, et la prochaine hausse ne sera probablement pas annoncée avant le mois de juillet. La Banque du Canada hésite à poursuivre son resserrement monétaire, en raison de l’endettement élevé des ménages et des risques liés au protectionnisme américain.

Cette hésitation n’aide pas le dollar canadien, qui a perdu 2 % de sa valeur la semaine dernière vis-à-vis de la devise américaine. Hier, il s’est légèrement raffermi pour finir la journée à 76,46 cents US, en hausse de 0,05 cent.

Selon Mathieu d’Anjou, le dollar souffre aussi et surtout des signes de décélération que montre l’économie canadienne, comme le ralentissement du marché de l’habitation, et des inquiétudes au sujet du protectionnisme américain.

Augmenter ou pas au Canada ?

Même si l’économie se porte bien et que les taux d’intérêt canadiens sont encore très bas, les économistes québécois estiment majoritairement qu’il vaudrait mieux ne pas les augmenter au cours de prochains mois. Le tiers des répondants au sondage de l’Association des économistes québécois sont en faveur d’une hausse de taux, tandis que 50 % s’y opposent. « C’est surprenant, reconnaît Yves St-Maurice, président du Comité des politiques publiques de l’association. Cette prudence est probablement due au contexte actuel avec les risques que pose le protectionnisme. » Selon lui, l’impact des hausses des taux d’intérêt sur les ménages très endettés est aussi une source d’inquiétude, même si cet impact est difficile à mesurer.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.