Portfolio Plan Nord

Du transport sans chauffeur ou presque

Le Nord n’est pas uniquement le décor d’activités minières. Voici un aperçu de deux projets, l’un sur la route de la Baie-James et l’autre autour de la route 138, qui explorent de nouvelles manières de transporter ou de revaloriser des ressources.

Large, peu achalandée et longée par la fibre optique, la route de la Baie-James constitue pour Matagami un endroit idéal où expérimenter des véhicules automatisés destinés au transport de marchandises.

Daniel Cliche, directeur au développement économique de Matagami, croit que des percées dans ce domaine réduiraient les coûts de transport, pallieraient la pénurie de camionneurs et faciliteraient la distribution de matériel ou de biens en milieu isolé. De quoi créer, selon lui, un environnement favorable pour attirer des projets dans sa région.

Pour mettre sur pied un laboratoire en la matière, Matagami a donc fait appel à l’Institut d’innovation en logistique du Québec et à Ivéo, un organisme sans but lucratif qui accompagne les villes en matière de transport intelligent. Quelque 80 000 $ ont été investis dans ce projet par la Société du Plan Nord, les organismes de développement économique de la région et Développement Matagami.

Au cours de la prochaine année, voire dès cet été, la route de la Baie-James servira de banc d’essai à la conduite en convoi automatisé. « L’idée est de faire un train de camions », résume Benoit Balmana, directeur général d’Ivéo. Une personne prend le volant dans le premier véhicule d’un peloton, tandis que ceux derrière, sans conducteur, le suivent grâce à des radars, des GPS et des antennes de communications dédiées à courte portée. 

Ivéo a approché FPInnovations, qui explorait déjà cette piste pour répondre à la pénurie de camionneurs dans l’industrie forestière. En 2018, cet organisme a effectué à La Tuque des tests de conduite en convoi automatisé avec des chercheurs de l’Université d’Auburn. Satisfaits, ils se sont joints au projet de Matagami. « On s’est dit que c’était une occasion de développer plus vite cette technologie », indique Francis Charrette, chercheur principal chez FPInnovations. 

Malgré les rêves de camions de marchandises entièrement autonomes, les partenaires ne veulent pas sauter d’étapes, conscients qu’un accident mettrait en péril l’acceptabilité sociale de la démarche. En communiquant leurs informations aux gouvernements, ils souhaitent faire évoluer la législation en fonction des résultats qu’ils obtiendront. « Ce projet est vraiment structurant pour l’avenir du transport », estime Benoit Balmana.

Mettre les ressources en commun

Le long de la route 138, une initiative pour revaloriser des ressources prend quant à elle de l’ampleur. En 2017, la Société d’aide au développement de la collectivité (SADC) Manicouagan a lancé le projet Synergie Manicouagan autour des principes de l’économie circulaire. Durant la première année, elle a inventorié les intrants et les extrants d’une trentaine d’entreprises dans les zones portuaires. Leur but : évaluer si les résidus de l’une pouvaient servir de matière première à une autre, afin d’éviter leur enfouissement et ses frais afférents. Le projet a reçu 50 000 $ de la Société du Plan Nord l’an dernier. « À notre grand étonnement, cela a rayonné », exprime Suzie-Michelle Perron, directrice générale de la SADC Manicouagan.

Le 11 avril dernier, trois autres SADC se sont associées avec la SADC Manicouagan afin de créer Synergie 138, qui s’étend désormais de l’île d’Orléans à Natashquan. Ce projet de symbiose industrielle, le plus vaste au Québec, s’est vu accorder 100 000 $ de la Société du Plan Nord. Mme Perron anticipe l’émergence d’occasions d’affaires et la création d’emplois grâce à cette initiative. Parmi les échanges en voie de se concrétiser, la microbrasserie St-Pancrace de Baie-Comeau remettra ses drêches au Projet MAVIE, un organisme voué à l’intégration des personnes handicapées. Ce dernier l’utilisera dans la confection de biscuits pour chiens, dont la vente financera ses activités. Synergie 138 vise aussi à établir des maillages entre organisations en mesure de partager des locaux, des ressources humaines ou des camions de marchandises.

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