Hockey

Le Jarred Tinordi des Stars

DALLAS — Hier matin, au point de presse de l’entraîneur-chef des Stars, Lindy Ruff. La question était la suivante : « Vous avez huit défenseurs en santé depuis le début de la saison, dont quelques jeunes qui n’ont pas pu jouer beaucoup. Comment développer ces jeunes tout en s’assurant que tout le monde est content ? »

« C’est la deuxième partie de ta question, faire le bonheur de tout le monde, qui est difficile. Ils veulent tous jouer ! a lancé Ruff.

« Ils sont jeunes, leur carrière commence, mais on a connu un bon début de saison et on s’en tenait à nos mêmes six défenseurs. Quand on veut insérer un joueur dans la formation, ça brise le rythme des autres. Parfois, mieux vaut avoir deux joueurs mécontents que d’en avoir quatre ! »

LE BON ET LE MAUVAIS CÔTÉ DU BALLOTTAGE

Le lien avec la situation du Canadien saute aux yeux. À Dallas, ils s’appellent Jamie Oleksiak, Patrik Nemeth et Jyrki Jokipakka. À Montréal, ils s’appellent Greg Pateryn et Jarred Tinordi.

Mais parce qu’Oleksiak est un choix de premier tour et parce qu’il mesure 6 pieds 7 et pèse 260 livres, sa situation ressemble drôlement à celle de Tinordi. Sauf que Tinordi, lui, n’a pas disputé un seul match dans la LNH, cette saison. Oleksiak en a joué 10.

« Il est dans la même situation que moi : c’est un jeune qui tente de faire sa place au sein d’une bonne équipe, et c’est dur de justifier de laisser un vétéran de côté quand l’équipe va bien. »

— Jamie Oleksiak

Pour Tinordi, le Canadien a utilisé le dernier outil à sa disposition pour gagner du temps : le renvoi dans la Ligue américaine pour remise en forme, ce qui évite à l’équipe de soumettre le joueur au ballottage. Oleksiak, lui, ne l’a pas encore fait.

Tous s’entendent pour dire que s’ils passent par le ballottage, Oleksiak et Tinordi seront réclamés.

« Les deux sont gros, et tout le monde cherche de gros défenseurs, explique le directeur général des Stars, Jim Nill. Ils peuvent patiner et contrôler la rondelle. Ils ont 23 ans [Oleksiak les aura demain], ils sont encore au début de leur développement. Il faut vivre avec le système de ballottage, mais ces joueurs ont beaucoup trop de valeur pour qu’on baisse les bras, dans leur cas, en raison de leur mélange de gabarit et de patin. »

Oleksiak se sent-il prisonnier des règlements de la LNH et du ballottage ?

« Le système de ballottage est bon, car ça donne de la stabilité, soutient le Torontois. Mais en même temps, ça crée des zones grises et on peut rester coincé là-dedans. Mais je suis dans une bonne organisation qui va dans la bonne direction. Je veux donc aider cette équipe. »

QUAND LE CANADIEN OUVRE LA PORTE

C’est parfois une question de nombre de joueurs. Mais parfois, il s’agit juste d’être à la bonne place au bon moment. Et d’en profiter.

John Klingberg, lui, entre dans cette deuxième catégorie. Le défenseur vedette des Stars n’a disputé que 13 matchs dans la Ligue américaine avant de s’établir à temps plein dans la Ligue nationale. Il a eu droit à son baptême dans la grande ligue le 11 novembre 2014. Depuis, il a raté seulement trois rencontres, et c’était en raison d’une blessure.

« Premièrement, on n’avait pas de défenseur droitier dans cette équipe ni de défenseur purement offensif, explique humblement le Suédois. 

« On m’a rappelé quand Sergei Gonchar a été échangé à Montréal. Ça a ouvert un poste pour moi. J’ai donc compris que c’était ma chance de montrer que je pouvais jouer dans la LNH. J’ai connu un bon départ, ça m’a aidé à gagner en confiance. Mais tu dois aussi avoir de la chance. »

— John Klingberg

Cela dit, le cas de Klingberg demeure exceptionnel. Pour bon nombre de défenseurs, le chemin emprunté passera plus souvent par la Ligue américaine et par les passerelles de presse.

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