Appel à tous

Quels sont les bâtiments les plus intéressants de Montréal ?

La Presse veut vous entendre. Inspirée par la « conversation nationale » de l’Ordre des architectes du Québec, la section Débats tient une consultation sur le développement urbain, l’aménagement des quartiers et l’architecture. Pour ce troisième volet, nous vous demandons : quelles sont les constructions les plus intéressantes de la métropole, et pourquoi ?

Écrivez-nous votre opinion en 200 mots à debats@lapresse.ca Les réponses seront publiées dimanche prochain.

Opinion : Architecture

Le manifeste de la relève

Nous sommes les architectes de la relève qui demandent une réforme du regard sur notre ville.

Nous célébrons le 50e anniversaire d’Expo 67.

Nous ne l’avons pas vécue.

Nous n’avons pas ressenti ce souffle unique d’une ville qui veut impressionner le monde et qui devient l’instant d’un moment le haut lieu de la modernité.

Nous avons plutôt grandi dans une ville qui s’est enfoncée dans le conformisme, la peur de la différence et la dictature du budget minimum.

Nous fêtons le 375e anniversaire de notre ville.

Nous manifestons notre volonté de transformer cette ville pour les 25 prochaines années et de lui redonner les lettres de noblesse que l’architecture sait mettre en scène, au vu et au su des citoyens de la cité.

Pour sortir de cette torpeur et de ces égouts qui aspirent tous les budgets, le virage doit s’effectuer avec hargne et magnificence.

– Cessons de craindre.

– Cessons de lisser les vérités.

– Cessons de n’éclairer que nos façades et de ne projeter que des rêves éphémères.

Il ne suffit pas de laisser les courants numériques parcourir nos rues, encore faut-il que notre ville s’en émeuve.

– Perçons nos murs de nouvelles idées et d’échos d’idéaux.

– Diversifions nos approches et nos mentalités.

– Éclatons nos principes et nos habitudes.

– Abolissons nos règlements stériles.

Notre ville s’enorgueillit de ses créateurs : cinéastes, chefs cuisiniers, musiciens, chercheurs et concepteurs de jeux vidéo. Les architectes et autres professionnels de l’aménagement en font également partie. Nous sommes aussi des créateurs et nous avons aussi besoin de liberté.

Nous réclamons une démocratie architecturale, une expression qui dépasse la bête construction.

Nous exigeons une expression assumée des doutes, des audaces et des trêves.

Nous rejetons les comités qui, cachés derrière une démocratie factice, musellent, censurent et noyautent l’architecture. Nous ne voulons plus d’une ville pudique.

Nous condamnons l’inaction de nombre de nos confrères architectes, urbanistes, promoteurs et fonctionnaires qui enlaidissent nos quartiers et démobilisent ceux qui les ont à cœur. Dressons les barrières qui s’imposent pour réduire au silence les faiseurs de laideur, de conformisme et de morosité. Il faut maintenant multiplier et décloisonner les concours d’architecture pour favoriser une véritable innovation.

Respectons nos églises, nos musées et nos maisons ouvrières, mais ne faisons pas dire au patrimoine ce qu’il n’est pas. Ne trompons pas l’histoire en tentant de compléter des chapitres qui ne méritent pas de l’être.

Ne nous condamnez pas à poser les mêmes briques et les mêmes pierres sur les mêmes fondations.

Le patrimoine gagne à être réinventé, à se faire projeter dans des zones inconfortables et déconcertantes. Son rôle doit évoluer, sans se restreindre, mais en laissant cours aux quêtes de formes et de sens. Le patrimoine de demain ne se crée pas dans le confort des idées reçues.

Portons haut nos standards et nos attentes et ne prêtons pas le flanc aux immobilistes.

Nous ne voulons plus d’une ville mièvre.

– Réagissons technologiquement.

– Argumentons écologiquement.

– Affirmons notre créativité.

– Manifestons notre beauté.

Nous nous engageons à produire des projets qui percuteront les conceptions de la beauté et de l’audace, qu’ils prennent place au coin d’une rue, d’une ruelle ou sur une artère commerciale. Des projets qui s’inspirent des meilleures idées construites à travers le monde, de Copenhague à Portland, en passant par Freiburg ou Tokyo.

Nous pouvons changer cette ville en respectant son legs et son essence, mais laissez-nous dessiner les nouvelles lignes de l’horizon.

– Planifions immédiatement la ville du 400e.

– Anéantissons la peur institutionnalisée.

– Modelons les rues que nos enfants voudront habiter.

Signataires : Antonin Labossière, Rayside Labossière architectes ; Renée MailhotSébastien Parent et Yannick Laurin, La SHED architecture ; Jean de Lessard, Jean de Lessard-designs créatifs ; Robert Lavoie, APPAREIL architecture ; Nicolas Lapierre, L’Abri ;  Francis Pelletier et Francis M Labrecque, L’Abri ; Tom Balaban, TBA ; Guillaume Pelletier, GPA

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