GRANDE ENTREVUE MICHEL ROBERT, PDG DE GROUPE ROBERT

Un poids lourd du transport québécois

Alors que l’hiver tire à sa fin et que s’amorce bientôt la période la plus active de l’année dans le secteur du transport routier, Michel Robert, président de Groupe Robert, espère que l’économie canadienne va elle aussi sortir de sa torpeur et que les entreprises vont hausser la cadence et le volume de livraison de leurs produits.

Malgré le froid qui persiste – et même si on peine à vraiment y croire –, c’est la semaine prochaine que s’amorce la période de dégel sur les routes du Québec.

Du 15 mars au 15 mai, la charge maximale des camions de transport va être réduite de 17 % pour diminuer l’impact de leur passage sur nos routes fragilisées par leur pénible sortie de l’hiver.

« Ça coïncide avec la période la plus active de l’année pour l’industrie du camionnage. Du 15 avril au 1er juillet, c’est vraiment le temps de l’année où on est le plus occupés.

« C’est un temps de reprise pour l’industrie de la construction et pour celle des centres de rénovation », observe Michel Robert, PDG de Groupe Robert, la nouvelle appellation de Robert Transport, l’entreprise fondée par son grand-père Rosario en 1946.

C’est pour mieux refléter la diversité des activités du groupe qui gère notamment un parc de 25 centres de distribution qui totalisent 3,2 millions de pieds carrés, au Québec et en Ontario, que Michel Robert en a modifié le nom.

« Les activités de transport par camion génèrent encore 80 % de notre chiffre d’affaires de 400 millions. D’ici 5 ans, on souhaite que la distribution et la logistique représentent 30 % de notre volume, et ce, même si on compte aussi poursuivre la croissance dans le camionnage », précise le PDG.

Groupe Robert exploite un parc de 1250 tracteurs et 3500 roulottes disséminés dans la quarantaine de terminaux qui lui appartiennent au Québec et en Ontario.

L’entreprise emploie 3300 personnes, dont près de 300 mécaniciens qui assurent 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24 l’entretien et la réparation de son parc de tracteurs pour poids lourds.

« On ne fait pas beaucoup de trajets de très longue distance. On répond principalement aux besoins de nos clients dans un rayon de 500 milles autour de Montréal et de 500 milles autour de Toronto et Detroit. »

— Michel Robert

DE LA DISTRIBUTION À L’EMBALLAGE

C’est dans les années 90 que Robert Transport s’est mise à développer davantage ses activités de distribution en construisant un entrepôt à son terminal de Boucherville qui allait desservir Danone, l’entreprise voisine de la sienne.

« On a d’abord construit un entrepôt de 110 000 pieds carrés et on l’a agrandi par la suite. Aujourd’hui, on a quatre centres réfrigérés qui font plus de 450 000 pieds carrés et qui servent exclusivement aux entreprises de l’alimentation », explique Michel Robert.

Le centre de Boucherville emploie à lui seul 750 personnes. On ne fait pas qu’entreposer de la marchandise. Le groupe s’occupe de la gestion de stocks, de la distribution et réalise des opérations manufacturières d’emballage. Il fabrique même des présentoirs pour les produits L’Oréal.

« On le fait aussi dans le secteur de l’aéronautique. On a un centre de distribution à Mirabel qui gère les pièces des usines de Pratt & Whitney et de Bombardier. Chaque jour, une dizaine de navettes partent de notre centre pour alimenter leurs usines.

« On livre les moteurs de Pratt & Whitney chez un sous-traitant américain avant de les reprendre pour aller directement à l’usine de Gulfstream en Géorgie », illustre le PDG.

Dans la distribution, Groupe Robert est aussi responsable de la gestion de l’entrepôt de 450 000 pieds carrés de l’usine de papier tissu de Kruger à Laval.

En Ontario, le groupe gère notamment les activités d’entrepôt et de distribution des sociétés Canadian Tire, Heinz et Dole.

Les clients du secteur de l’alimentation représentent près de 40 % du volume de Groupe Robert, et ceux du secteur manufacturier comptent aussi pour près de 40 %. L’entreprise a aussi une division qui s’occupe de transport hors normes qui dessert toute l’industrie éolienne au Québec.

« Là, on souhaite que l’économie canadienne sorte de sa léthargie. On ne sent pas encore un réveil de nos livraisons vers le marché américain. Nos entreprises ne semblent pas profiter de la reprise américaine et de la faiblesse de notre dollar », constate Michel Robert.

DANS LES AFFAIRES POUR Y RESTER

Michel Robert, qui s’est joint à l’entreprise familiale il y a plus de 20 ans, était vice-président exécutif lorsqu’il a pris la relève à titre de PDG de son père Claude, il y a six mois.

Son père, maintenant président du conseil, est toujours très impliqué dans l’entreprise qu’il a dirigée pendant 40 ans. Ses sœurs Julie et Isabelle sont respectivement vice-présidente, ressources humaines, et vice-présidente, relations avec les clients.

Une question inévitable se pose. Comment Groupe Robert a-t-il su résister au rouleau compresseur TransForce qui a littéralement écumé la presque totalité des entreprises de transport au Québec ?

« Mon père a refusé de nombreuses offres. Il a toujours résisté. On est le numéro 2 du camionnage au Québec et on tient à notre place. On n’a pas la même culture que TransForce.

« Ils réalisent des acquisitions pour les opérer en silo. Nous, quand on fait une acquisition, on l’intègre à nos activités. »

— Michel Robert

Groupe Robert compte depuis 1993 le Fonds de solidarité FTQ comme actionnaire. Groupe Robert et Transat sont les deux plus anciens partenaires du Fonds.

« Le Fonds est entré dans notre capital après la récession de 1991. Il a pris une participation de 25 %. Mon père et la famille Bernard [Pneus Bernard] avaient chacun 37,5 %.

« En 2009, on a racheté la participation de la famille Bernard, et le Fonds a haussé sa participation à 37,5 %. C’est vraiment un partenaire important pour nous », souligne Michel Robert.

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