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Débouché majeur en France pour Busbud

La jeune entreprise montréalaise Busbud réalise une percée en France en concluant une entente avec le site internet Voyages-sncf.com, qui intégrera sa plateforme de vente de billets d’autocar. Cette entente s’inscrit dans une nouvelle stratégie dévoilée le mois dernier par Busbud, soit l’intégration de sa plateforme directement dans de grands sites internet de voyages, plutôt qu’uniquement via son propre site. Busbud permet d’acheter des billets d’autocar dans 63 pays. Voyages-sncf.com est un très important distributeur en ligne européen, avec un chiffre d’affaires de 4,3 milliards d’euros (5,5 milliards de dollars), selon le communiqué diffusé par les deux entreprises. Même s’il porte le nom de la société ferroviaire française, Voyages-sncf.com est aussi présent à l’extérieur de l’Hexagone, plus précisément dans 29 autres pays. — Jean-François Codère, La Presse

C Series de Bombardier

Québec ne perd pas au change, assure Daoust

Même si Québec a accepté à la demande de Bombardier de modifier l’entente scellant son investissement de 1 milliard US dans la gamme d’avions C Series, le ministre Jacques Daoust assure qu’elle demeure avantageuse pour le gouvernement.

Québec détiendra 49,5 % des actions de la nouvelle Société en commandite Avions C Series et Bombardier, 50,5 %. Le gouvernement effectuera un premier versement de 500 millions US à Bombardier jeudi prochain. Le second chèque sera fait le 1er septembre. Dans l’attente d’une décision d’Ottawa sur un investissement potentiel, les négociations entre Québec et Bombardier se sont étirées, retardant de trois mois les paiements (le premier devait avoir lieu le 1er avril).

Mais il n’y a pas que les dates qui ont changé. En octobre dernier, lors de l’annonce de l’accord initial, il était prévu que Québec allait recevoir des bons de souscription pouvant être exercés pour acquérir jusqu’à 200 millions d’actions de Bombardier, soit 8,2 % de l’ensemble du capital-actions. Dans l’entente définitive, le nombre d’actions a fondu de moitié (100 millions d’actions, soit 4,3 % du total).

« Pour Bombardier, se diluer avec 200 millions d’actions, c’était un irritant majeur. Mais pour faire changer ça, ils ont payé cher. »

— Jacques Daoust, ministre des Transports du Québec, au cours d’un entretien téléphonique avec La Presse

Qu’a donc obtenu le gouvernement en échange de cette concession dont la valeur est évaluée à 25 millions US ? Dans cinq ans, Bombardier pourra racheter en tout ou en partie la participation de Québec, mais sur la base de la juste valeur marchande, calculée sur la base des flux de trésorerie projetés de 2021 à 2028, alors que la C Series sera pleinement rentable, selon les prévisions de l’avionneur. Dans l’accord initial, Bombardier se contentait de rembourser le gouvernement avec des intérêts de 3 ou 4 % par année.

Le ministre des Transports a soutenu hier qu’avec des bons de souscription pour 100 millions d’actions, Québec faisait toujours une bonne affaire puisque la Caisse de dépôt et placement du Québec a obtenu des bons pour 106 millions d’actions en échange d’un investissement plus élevé – 1,5 milliard US. « On s’est ramenés dans les eaux de la Caisse », a-t-il résumé.

DÉRIVÉS

De plus, Québec a fait ajouter à son entente avec Bombardier les futurs dérivés de la C Series, notamment un éventuel CS500 de 180 places. Pour l’instant, les deux modèles commercialisés sont le CS100 de 125 places et le CS300 de 150 places. Or, il n’y a encore rien de concret quant au CS500.

« Ça prend des sous pour développer ça, a noté M. Daoust. C’est pour ça qu’avec un troisième partenaire, que ce soit le gouvernement fédéral ou un autre, peut-être qu’on pourrait progresser plus rapidement si Bombardier décidait d’aller là. Mais il faut faire attention : on est sortis de l’eau, là la compagnie est replacée. C’est pas le temps de se recaler non plus. »

Comme Bombardier, Québec estime désormais qu’une participation financière d’Ottawa à la C Series est « très souhaitable » mais « pas essentielle », compte tenu du fait que l’entreprise a accru ses liquidités et son carnet de commandes au cours des derniers mois. Hier à Toronto, le ministre fédéral des Finances, Bill Morneau, a répété que le gouvernement poursuivait ses discussions avec Bombardier, mais qu’il n’y avait aucune date butoir pour en arriver à une entente.

Jacques Daoust a juré que Québec n’allait pas remettre d’argent dans la C Series même si le programme devait connaître de nouvelles difficultés. Dans le scénario extrême d’une faillite, « le droit de construire cet avion-là et l’usine, ça a une valeur », a-t-il avancé.

Du bout des lèvres, le ministre a reconnu que l’investissement de 1 milliard US du gouvernement était risqué. « Disons que c’est une position qui est prise en capital de risque et que pour des raisons économiques, le gouvernement juge à propos de faire ça », a-t-il dit, en soulignant que Bombardier génère 2 % du PIB du Québec.

L’entente entre le gouvernement et Bombardier prévoit aussi : 

Que Québec peut revendre sa participation à un tiers à condition de l’offrir à Bombardier en premier lieu.

Que Québec a le droit d’obtenir les mêmes conditions financières que le gouvernement fédéral dans l’éventualité où celui-ci déciderait d’investir.

Que Bombardier doit maintenir au Québec les activités principales de la C Series pendant au moins 20 ans, et ce, même si le gouvernement n’en est plus actionnaire.

Moody’s décote Bombardier

L’agence new-yorkaise Moody’s a réservé une mauvaise surprise à Bombardier hier en décotant ses billets de premier rang non garantis, dont la note passe de B2 à B3. La raison donnée par l’analyste Jamie Koutsoukis de Moody’s ? « L’investissement de 1,5 milliard US de la Caisse de dépôt dans Bombardier Transport a préséance sur les créanciers de Bombardier », a-t-elle écrit. Dans un communiqué, l’entreprise s’est dite « fortement en désaccord » avec l’agence. « Moody’s ne reconnaît pas et ne tient pas pleinement compte des progrès importants que l’entreprise a réalisés au cours de la dernière année pour améliorer son profil de risque », a déploré Bombardier. Moody’s a néanmoins fait passer de négatives à stables les perspectives de la multinationale québécoise.

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