Hockey

Québec, seulement un plan B pour la LNH ?

Les Flames de Calgary se cherchent un nouvel aréna, et si ça ne fonctionne pas, ils pourraient déménager en direction de… Québec. C’est du moins ce qu’a soutenu Brian Burke, président des Flames, lors d’un discours devant le Canadian Club de Calgary, mercredi. Est-ce que Québec peut vraiment rêver aux Flames et à un éventuel déménagement au Centre Vidéotron ? Nous avons soumis nos questions sur ce scénario à Mario Lefebvre, économiste et coauteur du livre Power Play – The Business Economics of Pro Sports, paru en 2014.

Les commentaires de Brian Burke doivent-ils être pris au sérieux ?

J’ai trouvé ça fascinant. Vous savez, j’ai souvent été perçu comme un « ami » dans le dossier du retour des Nordiques, mais là, malheureusement, je vais me placer de l’autre côté. Oui, bien sûr, je crois encore que le marché de Québec peut supporter une équipe de la LNH ; c’est un marché qui a ses limites, mais ça peut fonctionner. Sauf qu’ici, on ne parle pas d’une équipe en difficulté qui évolue dans un marché qui n’est pas traditionnel, par exemple les Panthers de la Floride. On parle d’une équipe qui est loin d’être en péril…

En effet, parce qu’au classement des assistances de la LNH pour la saison 2016-2017, les Flames ont conclu le calendrier au 10e rang, avec une moyenne de 18 727 fans par match au Saddledome…

Un déménagement des Flames à Québec serait à mes yeux un pas de côté. Je ne vois pas Québec comme un meilleur marché que Calgary pour les Flames. Cette déclaration de Brian Burke, je la vois avant tout comme une menace. Brian Burke, je l’ai déjà rencontré, c’est un homme d’affaires qui est très crédible. C’est donc une menace qui est crédible, parce qu’en parlant de Québec, il a choisi une ville où il y a un amphithéâtre qui est prêt, un amphithéâtre qui est beau et qui répond aux standards actuels dans la Ligue nationale. Aussi, les gens de Calgary doivent bien savoir que les gens de Québec veulent ravoir un club, ils sont peut-être au courant aussi des manifestations qui ont eu lieu à cet effet. Alors c’est une menace qui est crédible.

En entendant Brian Burke évoquer Québec de cette façon, on a un peu l’impression que Québec sert maintenant à ça : aux menaces. Est-ce que Québec est seulement un plan B aux yeux de la Ligue et de ses dirigeants ?

À la place des gens de Québec, je ne mettrais pas le champagne au frais ! Ce n’est pas la première fois que je l’affirme, mais Québec, pour la Ligue, c’est le fun. C’est pratique. Il y a un marché qui est là et qui attend, tout le monde le sait. Pour la Ligue, c’est bien d’avoir ça dans sa poche arrière. Québec, ce n’est pas l’argent de Las Vegas, mais c’est un bon vieux marché qui est sûr. Si j’étais à la place des dirigeants de Québec, par contre, je serais en beau fusil. Parce que tout a été fait de la bonne manière et selon les règles, sans trop faire de bruit. Bien sûr, la Ligue n’a jamais rien promis à Québec, mais avec tout ce qui a été fait, avec la construction d’un amphithéâtre, on a peut-être un peu tenu pour acquis que ça allait arriver. Mais ça n’arrive pas.

Et maintenant, que va-t-il arriver à la candidature de Québec ?

Ce qu’il faut se demander, c’est ceci : est-ce qu’il reste encore des cartes dans le jeu de Québec ? Et si oui, on les montre quand ? S’il faut comprendre ce que dit la Ligue par rapport à l’équilibre Est-Ouest qui doit être maintenu entre les deux associations, ça prendrait un déménagement d’un club de l’association de l’Est pour que ça arrive à Québec. Si jamais les Flames décidaient d’aller plus loin, est-ce que la Ligue permettrait vraiment le déménagement d’une équipe de l’association de l’Ouest à Québec ? Je n’en suis pas certain.

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