Hockey Le Canadien

Un an plus tard...

À la même date l’an dernier, Marc Bergevin tentait le grand coup pour secouer son équipe en congédiant l’entraîneur-chef Michel Therrien pour le remplacer par Claude Julien. Quel bilan peut-on faire de cette embauche ?

Hockey  Le Canadien

Les bougies de Claude Julien

Il y a un an, les discussions de hockey s’invitaient dans les soupers de Saint-Valentin un peu partout au Québec. Claude Julien venait d’être nommé entraîneur du Canadien de Montréal.

Maintenant, 365 jours et 79 matchs plus tard, quel bilan peut-on faire de cette embauche ?

« Vous me rappelez que ça fait un an, a dit Julien. Je n’ai pas vraiment pensé au bilan, je pense à ce qu’on doit faire pour continuer à bien jouer, mais changer nos performances en victoires. »

On ne peut pas reprocher à Claude Julien de ne pas essayer. Encore hier, à 10 points des séries, l’entraîneur a admis qu’il « n’a pas fermé les livres, même si les chances sont minimes ». Son plan de match n’a jamais changé : responsabilité dans sa zone, récupération de rondelles, sorties efficaces, attaques en unité de cinq, circulation devant le filet.

« Il était assez similaire à Boston, explique Joe Morrow, qui l’a connu dans les deux environnements. Il a des tendances similaires dans son style et communique avec les joueurs de la même façon. Cette équipe est bâtie différemment de ce qu’il avait avec les Bruins, mais dans l’ardeur au travail, dans ses attentes pour les joueurs, il y a des similitudes. »

Depuis l’arrivée de Julien, le Canadien est 21e dans la LNH pour les victoires, 22e pour les points, 11e pour les buts accordés. Le Canadien est en milieu de peloton pour les unités spéciales, avantage et désavantage numériques. Rien de prodigieux, rien de scandaleux.

Le problème

Le gros problème réside ici : le Canadien est 29e pour les buts marqués.

Certains ont beaucoup ralenti. C’est le cas de Max Pacioretty, qui est pourtant le meilleur marqueur de l’ère Claude Julien avec 23 buts et 50 points en 78 matchs. C’est quand même 20 points de moins que pour le même nombre de matchs avant l’arrivée de Julien.

Galchenyuk suit son capitaine avec 47 points en 79 matchs. Mais lui aussi a ralenti : il en avait 59 pour les 79 matchs précédents, dont le double de buts (33 au lieu de 17). Toute l’année, ces joueurs ont été au cœur des préoccupations de Claude Julien, avec raison.

« Je veux m’améliorer constamment. Je ne me suis jamais dit satisfait de mon coaching, et c’est dans les moments difficiles que tu as la chance de t’améliorer encore plus. »

— Claude Julien, à propos de sa dernière année

«Tu dois prendre des décisions difficiles, tu dois garder ton sang-froid, tu dois être positif, tu dois être encore plus travaillant pour améliorer ton équipe, a-t-il dit. Quand ton équipe gagne, c’est facile. »

Claude Julien n’est pas habitué à rater les séries. Il se réjouit au moins de voir la progression de ses jeunes joueurs, l’un de ses principaux objectifs cette saison.

« Il y a des inconvénients [growing pains, en anglais] avec ça, mais je vois des jeunes qui s’en vont dans la bonne direction. Des gens vont dire qu’on est exclus des séries, je comprends, mais on voit les Scherbak, les Hudon, les Mete, des jeunes qui continuent de s’améliorer. Ça regarde bien pour le futur. »

Julien regarde vers l’avenir, garde les pieds dans le présent. Ça ne pourra pas durer éternellement, surtout avec la date limite des transactions qui approche à grands pas. Maintenant, on peut se demander pourquoi, en conclusion, le bilan de l’an 1 de Claude Julien est si mitigé.

Il y a la faute aux joueurs en partie, la faute à l’entraîneur aussi, c’est inévitable. Mais on doit garder en tête que Marc Bergevin, de toute évidence, a connu son pire été depuis qu’il est en poste. C’est une chose de ne pas toujours avoir le bon plan de match, c’est encore pire de ne pas avoir les bons joueurs pour l’appliquer.

Le Canadien

Galchenyuk, peu à peu

Transportons-nous en prolongation du match de samedi entre les Predators de Nashville et le Canadien de Montréal. Alex Galchenyuk est sur la glace, avec Victor Mete et Nikita Scherbak.

C’est là qu’il contrôle la rondelle pendant l’essentiel de sa présence de 1 min 34 s. Au passage, il obtient de belles occasions de marquer, déjoue les adversaires, montre à tout le monde son talent brut dans un contexte résolument offensif.

Le match de ce soir est la parfaite occasion de rappeler qu’il reste le meilleur marqueur issu du repêchage de 2012. Il domine pour les points avec 236 et les matchs disputés avec 391, et il est 2e pour les buts avec 101, derrière Filip Forsberg. Un repêchage qui avait pourtant couronné son coéquipier du Sting de Sarnia Nail Yakupov, qui a vogué d’échec en échec jusqu’à aboutir avec l’Avalanche du Colorado, le prochain adversaire du Canadien.

Ça n’a pas toujours été la joie pour Galchenyuk cette saison. Il s’est retrouvé durant de longues semaines relégué au quatrième trio. Claude Julien s’était juré de ne lui laisser aucun répit tant qu’il ne deviendrait pas le joueur qu’il avait en tête. Même ses coéquipiers lui lançaient à l’occasion des petites flèches au sujet de son manque d’effort.

Puis, à la mi-décembre, le déclic. Galchenyuk a commencé à faire partie de la solution. Claude Julien a repris confiance en lui, le voici maintenant avec Jonathan Drouin et Nikita Scherbak dans un trio à suivre.

« Entre la journée où je suis arrivé et aujourd’hui, il s’est beaucoup amélioré. »

— Claude Julien

« Il patine mieux, il a confiance avec la rondelle. Il est encore jeune et il travaille sur des éléments à améliorer. Mais il a une bonne attitude, il veut s’améliorer. Je n’ai rien à dire contre Alex. C’est un gars qui veut son propre bien, mais encore plus le bien de l’équipe. »

- 27…

Le plus enrageant avec Galchenyuk reste certainement son jeu défensif. Combien de fois l’a-t-on vu négliger son repli, perdre son joueur de vue ? On ne compte plus.

C’était d’ailleurs l’objectif de l’entraînement matinal d’hier, qui n’avait rien de léger. Claude Julien a levé le ton lors d’un exercice intense de récupération de rondelle en zone défensive.

Un défenseur commençait la séquence derrière le filet du gardien, dos au jeu, et il devait sortir la rondelle de la zone en situation de pression. Un exercice, on le devine, qui cible surtout le trio de Drouin, Galchenyuk et Scherbak.

Doit-on rappeler que Galchenyuk, à - 27, et Drouin, à - 26, sont dans le top 5 des pires différentiels de la LNH ? Drouin est tout à fait conscient des lacunes de son trio.

« Il y a souvent des petites erreurs que tu ne vois pas nécessairement des estrades, mais tu les vois sur vidéo, a expliqué Drouin. Ça peut faire la différence dans un match. La zone défensive doit être plus serrée, on doit être plus concentrés pendant 60 minutes. L’effort est là, mais des fois, on fait des erreurs mentales. »

Ce trio, comme tous les autres d’ailleurs, tente d’appliquer le plan de match bien résumé en ces mots par Paul Byron : en jouant bien défensivement, ça va créer de l’attaque.

« Notre trio va être meilleur quand on va être capables de créer des revirements et contre-attaquer avec notre vitesse et notre talent, a ajouté Drouin. Si tu fais un revirement, ça crée des trois contre deux, des trois contre un, et ça nous donne des chances. »

« Ce n’est pas sur le banc que tu vas apprendre à jouer en défense. Tu dois voir tes erreurs du bon côté, pas toujours négativement, et tu vas atteindre un autre niveau. »

— Jonathan Drouin

Claude Julien a tenu à rappeler que ce trio est encore jeune. Galchenyuk vient de souffler ses 24 bougies, Drouin et Scherbak ont 22 ans. L’entraîneur est en mode apprentissage avec eux, avec un bémol. « On veut leur donner la chance de s’améliorer sans nous mettre dans une position qui pourrait nous coûter des matchs. »

Si Galchenyuk était de toutes les rumeurs de transaction l’été dernier, c’est beaucoup plus calme en ce moment. Mais en jouant comme il le fait dernièrement, Galchenyuk aide le Canadien dans les deux scénarios : sa valeur sur le marché augmente et l'avenir avec lui semble soudainement plus radieux.

Galchenyuk n’a pu être interviewé pour cet article. Il s’est éclipsé dans l’autocar de l’équipe, après l’entraînement, sans répondre aux questions.

Le Canadien

Grosse journée pour Danault

Phillip Danault a tenu hier une deuxième séance d’entraînement avec ses coéquipiers depuis qu’il a été frappé à la tête par un tir de Zdeno Chara. Il alternait avec Paul Byron au centre d’un trio avec Max Pacioretty et Artturi Lehkonen. C’est aujourd’hui, avant le match face à l’Avalanche du Colorado, qu’il subira un des tests les plus importants pour savoir s’il est prêt à revenir au jeu bientôt. « Je me sens bien, a dit Danault. On va parler à l’équipe médicale pour évaluer les options, mais je suis prêt à revenir jouer très vite et je me sens bien sur la glace. Je vais pratiquer les mises en échec [ce] matin pour voir comment je me sens. »

— Jean-François Tremblay, La Presse

Prolongation de contrat pour Charlie Lindgren

Un pari intéressant

Scott Darling. Antti Raanta. Cam Talbot. Ces trois gardiens ont en commun de s’être développés dans l’ombre des vedettes masquées de la LNH, pour ensuite offrir un retour intéressant à leur équipe.

On ignore si Charlie Lindgren se joindra à ce groupe. Mais le Canadien a fait un premier pas dans cette direction, hier.

Lindgren et le CH se sont entendus sur les termes d’un contrat de trois ans, d’une valeur annuelle moyenne de 750 000 $. Les détails de l’entente, d’abord dévoilés par le collègue Renaud Lavoie, ont été confirmés à La Presse par une source près du dossier.

Marc Bergevin a donc dérogé de son modus operandi des dernières années avec les jeunes gardiens de l’organisation qui frappent à la porte du grand club. Mike Condon et Dustin Tokarski avaient tous deux accédé à la LNH à temps plein en signant un contrat de deux ans, dont la première année était à deux volets et la deuxième, à un volet.

(Note : un contrat à un volet signifie que le joueur touchera le même salaire dans la LNH et dans la Ligue américaine, tandis que dans celui à deux volets, un salaire moindre est prévu pour la Ligue américaine.)

Bye-bye Niemi ?

Avec l’entente signée hier, Lindgren s’assure donc un salaire de la LNH dès la saison prochaine. Il sacrifie cependant la possibilité d’une hausse salariale lors de la troisième saison (2020-2021).

Lindgren sacrifie aussi la possibilité de devenir joueur autonome sans compensation (groupe 6) dès 2019, statut auquel il aurait pu accéder s’il atteint d’ici là la marque des 28 matchs dans la LNH (il est rendu à 11).

L’entente laisse aussi croire qu’Antti Niemi ne passera qu’une saison dans le rôle d’adjoint à Carey Price. Par contre, avec sa tenue impeccable, le Finlandais continue à se donner des arguments pour obtenir un contrat ailleurs dans la LNH la saison prochaine.

Apprendre aux côtés de Price

On vous parlait de Darling, Raanta et Talbot. Le premier s’est développé en tant qu’adjoint de Corey Crawford à Chicago. Le deuxième, d’abord avec Crawford, puis avec Henrik Lundqvist à New York. Et Talbot, également derrière Lundqvist.

Talbot a passé deux saisons complètes derrière le roi Henrik, compilant des statistiques démentielles (33-15-5, moyenne de 2,00). Les Rangers l’ont ensuite échangé aux Oilers et ont obtenu des choix de deuxième et troisième tours.

Raanta a également fait belle figure pendant deux saisons à New York : 27-14-4, moyenne de 2,26. Les Rangers l’ont donc sacrifié, en compagnie de Derek Stepan, pour obtenir un espoir intrigant en défense (Anthony DeAngelo) et, surtout, le choix de premier tour des Coyotes au dernier repêchage. Les Coyotes parlaient au 7e rang.

Darling, lui, a passé trois saisons derrière Crawford, pour un dossier de 39-17-9 et une moyenne de 2,37. Il n’a rapporté qu’un choix de troisième tour aux Blackhawks dans la transaction avec les Hurricanes, mais il importe de préciser que l’échange a eu lieu en avril 2017, à deux mois du repêchage d’expansion. Les Blackhawks auraient donc pu le perdre sans rien obtenir en retour, ce qui a limité leur rapport de force.

À ce sujet, notons que l’arrivée possible d’une équipe à Seattle en 2020 pourrait changer la donne pour Lindgren et le CH. Mais comme le veut l’expression consacrée, on traversera la rivière quand on sera rendu au troisième lien.

Bref, telles sont les possibilités que le Tricolore se donne avec Lindgren, pour peu que ce dernier chasse les doutes à son sujet. Brillant pendant son rappel dans la LNH en novembre dernier (efficacité de ,924 en huit matchs), il est incapable de répéter ces succès dans la Ligue américaine cette saison (fiche de 7-13-7, moyenne de 3,15, efficacité de ,893).

Une chose est sûre : il ne manquera pas d’occasions de jouer. Stéphane Waite a souvent laissé entendre qu’un maximum d’une soixantaine de matchs est l’idéal pour Price. C’est sans compter le lourd historique de blessures du numéro 31.

Talbot, Raanta et Darling avaient toutefois en commun de jouer derrière de très bonnes équipes, ce qui a contribué à faire grimper leur valeur. Apprendre d’un gardien d’expérience est une chose, mais rien ne bat une bonne défense étanche devant soi. Ce que le Canadien n’a pas cette saison.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.