Immobilier

500 millions au pied du pont

Un mégaprojet immobilier évalué à 500 millions de dollars sera annoncé aujourd’hui à l’entrée du pont Jacques-Cartier. Le complexe prévoit deux tours résidentielles de 40 et 28 étages, des bureaux, des commerces, un hôtel, une rue piétonne recouverte d’un toit en verre et une salle d’événements de 3000 places.

Le projet pour le moins ambitieux, baptisé Quais De Lorimier, est mis de l’avant par la Société de développement Bertone (SDB), des frères Michael et Claudio Bertone. Ils espèrent lancer la construction de la première phase de 300 millions dès le début de 2017, même si plusieurs ententes financières et détails techniques restent à finaliser.

« On est très confiant que le projet va se réaliser : le côté financement est très avancé, le côté locatif est aussi très avancé, mais on ne peut rien dévoiler encore tant que les ententes ne seront pas signées », a affirmé Michael Bertone, confondateur de SDB, rencontré hier avec son frère dans ses bureaux de Saint-Laurent.

S’il se réalise comme prévu, le projet viendra combler un immense terrain vacant depuis de nombreuses années, entre les rues De Lorimier, Parthenais, Sainte-Catherine et le boulevard René-Lévesque. Les associés de SDB ont acheté les terrains entre 2009 et 2012, après l’échec d’un ancien projet (Porte Sainte-Marie), auquel était associée la Société des alcools du Québec.

DES PROMOTEURS PEU CONNUS

Le projet des Quais De Lorimier constitue, et de loin, le plus gros jamais lancé par les frères Bertone. Le complexe, prévu en deux phases, totalise 1,5 million de pieds carrés, une surface équivalente à la Place Ville Marie.

Les deux associés se sont lancés dans le développement immobilier au début des années 2000 avec leur première société, Sicam. Ils ont construit le Sophia, un immeuble d’une soixantaine de condos dans la Petite-Italie, et quelques complexes commerciaux à usage mixte à Saint-Jean-sur-Richelieu et dans la couronne nord de Montréal.

Selon Michael Bertone, la mixité des usages rend leur plus récent projet « très équilibré » et permettra de « bien mitiger le risque ». Le complexe prévoit une répartition assez variée des fonctions : résidentiel (20 %), espaces et commerciaux et rue couverte (20 %), bureaux et salles de conférences (20 %), espaces publics et de divertissement (30 %) et hôtel de 150 chambres (10 %).

La première phase est prévue du côté nord de l’îlot, le long de la rue Sainte-Catherine. SDB espère la terminer en 2019. Elle comprendrait deux immeubles de bureaux ainsi que les commerces et espaces de divertissement. Une terrasse surélevée au niveau du quatrième étage – la plus grande à Montréal, selon les promoteurs – fait aussi partie de la première phase et reliera les différentes composantes du complexe.

SDB prévoit une animation à l’année sur cette grande terrasse, qui serait ouverte gratuitement au public et convertie en patinoire l’hiver. La salle de 3000 places debout pourrait quant à elle être utilisée pour des concerts, des congrès ou d’autres types d’événements, avancent-ils.

« La chose qui était importante était de créer des synergies entre les usages au quatrième étage, avec le bureau, l’hôtel et la salle d’événement », a expliqué Claudio Bertone.

Les deux frères Bertone allongeront une portion non divulguée du capital dans ce projet. Ils sollicitent ces jours-ci d’autres investisseurs privés, dont ils ont refusé de dévoiler l’identité.

« On est présentement en discussions avec différents fonds d’investissement immobilier, il n’y a rien de finalisé encore, mais ça avance très bien. »

— Michael Bertone

Le concept architectural a été réalisé par la firme new-yorkaise S9 Architecture. Les esquisses divulguées aujourd’hui ne constituent pas une version finale du projet, qui pourrait être modifié à la demande de la Ville. SDB compte mandater un cabinet montréalais pour travailler de concert avec S9.

DÉROGATIONS

Le projet se trouve dans le quartier Sainte-Marie, dans la partie est de l’arrondissement de Ville-Marie. Ce secteur relativement déstructuré a fait l’objet d’un programme particulier d’urbanisme (PPU) en 2012, au terme de vastes consultations publiques. Parmi les principales conclusions de cet exercice, les autorités ont choisi de favoriser un développement mixte dans le quartier.

Les promoteurs des Quais De Lorimier font valoir que leur projet répond en tous points aux orientations de mixité et de densification du PPU. Les seules dérogations qui seront demandées à l’arrondissement concerneront la hauteur des deux tours prévues au sud de l’îlot, dans la phase 2. La plus haute devrait mesurer 150 m, plus du triple de la limite de 45 m permise dans ce secteur. SDB ignore encore si les appartements seront locatifs ou en copropriété.

L’arrondissement de Ville-Marie n’a encore reçu aucune demande de permis de la part de SDB, a confirmé une porte-parole. L’Office de consultation publique de Montréal (OCPM), pour sa part, n’aura vraisemblablement pas à tenir de nouvelles consultations.

SDB indique avoir déjà entamé des discussions avec l’arrondissement. Le groupe a aussi mandaté l’organisme Convercité pour établir un dialogue avec les voisins du projet, dont le magazine L’Itinéraire, situé juste en face.

Les terrains auront besoin d’une forte décontamination, puisqu’une usine de peinture au plomb y a été active pendant plusieurs décennies. Michael Bertone estime que le creusage d’un parc de stationnement souterrain pour 2160 véhicules permettra de faire d’une pierre deux coups.

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Avalanche de projets autour du pont

Le projet des Quais De Lorimier est loin d’être le seul sur la table à dessin autour du pont Jacques-Cartier. À quelques centaines de mètres, les dirigeants de Molson caressent l’idée de déménager la brasserie de la rue Notre-Dame, ce qui pourrait donner cours à un nouveau développement immobilier. Radio-Canada a par ailleurs reçu une douzaine de propositions pour transformer ses terrains et sa tour brune en un immense complexe mixte. La société d’État soumettra les propositions retenues à son conseil d’administration le 17 mai prochain, et une décision sera prise à l’automne 2016, a indiqué hier le porte-parole Marc Pichette. Un gros projet mixte est aussi prévu autour de la gare Viger, quelques rues plus à l’ouest.

— Maxime Bergeron, La Presse

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