Le Stade olympique

Toute une saga !

Le jeudi 6 avril 1972, le jour même où les Expos de Montréal échangent Rusty Staub, joueur adulé des Montréalais, aux Mets de New York, le maire Jean Drapeau dévoile, devant 2500 invités, la maquette du Stade olympique de Montréal.

Le premier magistrat est accompagné de l’architecte Roger Taillibert et de l’ingénieur des Travaux publics Claude Phaneuf. Le stade, dont le coût de construction est de 55 millions de dollars, contiendra 70 000 sièges, rapporte le journaliste Guy Pinard. Le maire Drapeau avance de son côté qu’il comptera sur des « revenus extraordinaires » pour assumer la facture des Jeux olympiques « sans augmentation de taxes » ni « octrois gouvernementaux ».

Un an plus tard, le 28 avril 1973, l’administration municipale inaugure les travaux d’excavation du site olympique.

On connaît la suite. Les coûts de construction dépasseront le milliard de dollars. La Régie des installations olympiques effectue son dernier paiement à la mi-novembre 2006.

Une suite de mauvaises nouvelles

Quant aux Jeux, Montréal les présentera in extremis, les trois ans de travaux de construction ayant été marqués par une suite ininterrompue de problèmes.

Chargé du dossier olympique à la rédaction, le journaliste Guy Pinard multiplie les articles remettant en question tant les décisions administratives et les dépassements de coûts que les aléas de la construction. À cela s’ajoutent les mauvaises nouvelles arrivant du chantier.

Ainsi, le 3 mai 1974, les responsables doivent reconnaître que la construction du vélodrome, qui devait servir à la tenue des Championnats du monde de cyclisme (du 14 au 25 août 1974), ne sera pas terminée. Une piste temporaire est aménagée à la hâte à l’Université de Montréal.

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Nombre de travailleurs qui ont perdu la vie durant les travaux (certaines sources parlent de huit personnes). Le pire événement survient le 8 mars 1976, alors que deux voussoirs d’une demi-console ancrée à la tour tombent d’une hauteur de 185 pieds. On compte quatre morts.

Il faut aussi faire face à deux grèves des travailleurs de la construction, dont une de cinq mois (de mai à octobre 1975), qui compromettent la tenue des Jeux. Dans les jours suivant la fin de la grève, le gouvernement de Robert Bourassa crée la Régie des installations olympiques et prend le contrôle du chantier. Le décision est entérinée dans un projet de loi sans la collaboration du maire Drapeau. Dès lors, les travaux s’accélèrent et le chantier est terminé à temps pour les Jeux, le mât et la toile en moins.

Après les JO

Après les Jeux olympiques, l’histoire rocambolesque du Stade olympique continuera à alimenter les manchettes. Voici quatre dates marquantes.

27 juin  1991

Une tempête de vent souffle sur la région montréalaise. Sous les bourrasques, la première toile du stade, faite de kevlar, se déchire et forme une entaille de 100 pieds sur 50 pieds, rapporte La Presse. Elle sera plus tard remplacée.

13 septembre 1991

C’est un vendredi 13. Vers 7 h 45, une poutre de 55 tonnes se détache du stade. Les dégâts sont importants, mais on ne compte heureusement pas de victime. On découvre de la rouille dans les tiges d’acier retenant la poutre. Québec ordonne la fermeture du stade pour plusieurs jours et procède à des inspections. « C’est une structure vivante, il faut vérifier », clame l’architecte Roger Taillibert à La Presse.

18 janvier 1999

À trois jours de l’ouverture du Salon de l’auto, l’un des panneaux de la nouvelle toiture cède sous le poids de la neige, et de l’eau s’écoule au centre de l’aire de jeu où les stands sont en préparation. Quelque 200 personnes assistent, impuissantes, à ce spectacle incongru. Deux travailleurs sont légèrement blessés. L’événement ainsi que l’Exponautique qui devait suivre sont annulés. La saga continue puisqu’en novembre 2017, on a appris que le gouvernement avait finalement opté pour une toiture souple en partie démontable, pour remplacer la toile actuelle.

4 mars 2012

Une dalle de béton de plusieurs tonnes s’effondre sur la partie souterraine de l’entrée du stationnement accessible par la rue Viau. Encore une fois, on a eu chaud, car aucune voiture ne passait à ce moment-là. Des travaux de plusieurs semaines sont nécessaires au nettoyage et à la réfection des lieux.

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