CHRONIQUE

Voilà, La voix se réchauffe

Le premier épisode de La voix 7, diffusé à TVA la semaine dernière, n’aura été qu’une répétition, un échauffement. Le vrai concours de chant a débuté hier soir avec l’arrivée de candidats très solides et plusieurs surprises – dont une drag queen ! – saupoudrées durant 2 h 20 min.

L’émission d’hier renfermait moins de longueurs et plus de prestations de calibre supérieur. Le rythme a également été accéléré : après 10 candidats vus dimanche passé, les quatre coachs ont entendu hier 13 aspirantes stars, dont neuf qui ont été retenues.

Le premier à pousser la note, le sympathique Jordan Lévesque, 25 ans, de Baie-Comeau, a été mon préféré de la soirée. Il a refait Tennessee Whiskey en y injectant de la soul, et le résultat a été très convaincant. C’est Marc Dupré qui épaulera ce sosie (et doublure dans Les pays d’en haut) du comédien Antoine Bertrand. Beaucoup de potentiel, ici.

Les auditeurs de Paul Arcand ont rapidement identifié le pianiste Christian-Marc Gendron, 42 ans, de Saint-Jérôme, qui prête sa voix aux parodies du vendredi dans l’émission Puisqu’il faut se lever du 98,5 FM. Sa reprise de Je voudrais voir New York nous a collectivement rappelé à quel point cette pièce de Daniel Lavoie est magnifique.

Seule Lara Fabian n’a pas reconnu Christian-Marc Gendron, ce qui ne l’a pas empêché de se joindre à l’équipe de la chanteuse d’origine belge.

Parlant de Lara Fabian, elle a été super pertinente hier, notamment quand elle a enseigné à Laura Elena Gonzalez comment desserrer sa mâchoire pour sortir des notes plus puissantes. Voilà à quoi sert un entraîneur à La voix. Des instants comme celui-là, on en prendrait davantage. C’est pas mal plus intéressant que des fausses chicanes ou de la surenchère de séduction maladroite.

Beau moment de complicité père-fille entre Josiane et Jacques Comeau de Dieppe, au Nouveau-Brunswick. L’adolescente de 17 ans n’a pas été repêchée, mais son papa de 42 ans, amateur de country, poursuivra sa route avec Éric Lapointe.

Il faut maintenant qu’on parle de l’excellente soprano Karine Boucher, 30 ans, de Saint-Raymond, près de Québec. Pourquoi personne n’a enfoncé le bouton rouge pendant son joli O mio babbino caro de Puccini ? C’est incompréhensible, quasi injustifiable.

Même Charles Lafortune a manifesté sa déception. Sur Twitter, il a écrit : « Parfois, l’animateur n’est pas d’accord. » Déception. Ç’aurait été intéressant d’entendre Karine Boucher interpréter autre chose que de l’opéra.

Il s’agissait sûrement d’un bête oubli, mais les coachs auraient au moins pu lui demander son nom avant de la renvoyer en coulisse.

Karine Boucher méritait plus sa place que des chanteuses moins talentueuses comme l’ex-académicienne Sarah May Vézeau ou Orlanda Gagnon, qui ont franchi la première étape.

Une autre concurrente qui s’est démarquée hier, c’est la rockeuse Louise Lapointe, 55 ans, de Rawdon. Son Save Me de Danielle Nicole, une artiste de blues que je ne connaissais pas, a forcé les quatre coachs à se retourner. Sans surprise, Louise a rejoint son Éric Lapointe, qui porte fièrement le manteau en peau de serpent.

La drag queen Gabry-Elle, 26 ans, de Québec, a fait lever la foule en studio avec sa relecture énergique de Proud Mary. Les fauteuils n’ont toutefois pas pivoté pour cette première à La voix. Bon flash de l’équipe de l’avoir reçue.

Rejetée à La voix 3 en 2015, Mélissa Ouimet, 33 ans, une autre rockeuse, a pris sa revanche en voyant tourner les quatre sièges pour sa performance sur Like the Way I Do de Melissa Etheridge. Marc Dupré se souvenait d’elle, et Mélissa a gonflé les rangs de sa formation.

La formule renouvelée de La voix braque encore plus les projecteurs sur les coachs. Après Alex Nevsky et Les coloriés, c’est Lara Fabian qui a eu droit à son mini-spectacle personnel hier, où elle a repris son succès Saisir le jour.

Plusieurs éditions de The Voice, partout dans le monde, utilisent aussi cet ajout où le coach empoigne le micro. Je n’étais vraiment pas convaincu au départ. Pourquoi consacrer du temps à des stars déjà bien établies, alors que des dizaines et des dizaines d’inconnus poireautent derrière le rideau en attendant leur moment de briller ?

Lara Fabian a été tellement bonne et attachante, hier, qu’elle a rendu cette séquence agréable. Faut croire qu’un chroniqueur, tel un candidat dans l’antichambre de La voix, doit lui aussi se réchauffer.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.