Infrastructures

Le PVC à la commission Charbonneau

La situation singulière des conduites flexibles, dans la métropole, a attiré l’attention de la commission Charbonneau, en novembre 2012, lors du témoignage de Michel Cadotte, directeur des ventes de la société IPEX, dont la principale usine de matériel municipal est située dans l’arrondissement de Saint-Laurent, dans le nord de Montréal.

M. Cadotte avait affirmé qu’un entrepreneur en construction présumément lié à la mafia, Nicolo Milioto, lui avait demandé de payer un pot-de-vin de 150 000 $, en 2006, afin de favoriser l’acceptation des produits IPEX dans les contrats d’infrastructures de la Ville de Montréal.

Au printemps 2006, M. Cadotte avait appris que la Ville avait des problèmes de qualité avec son fournisseur de conduites en fonte ductile, Canada Pipe. Peu après, il avait été surpris de voir sur un chantier des tuyaux de fonte provenant d’une entreprise sœur de Canada Pipe, qui ne portaient même pas de sceau d’approbation canadien ou québécois. Il s’en était plaint à l’époque au Directeur des travaux publics, l’ingénieur Robert Marcil (qui a quitté son poste en 2009).

150 000 $ POUR « RÉCOMPENSER » DES FONCTIONNAIRES

Quelques semaines plus tard, M. Cadotte est invité à rencontrer Nicolo Milioto à deux reprises. Et à l’été 2006, une note de service de l’ingénieur Marcil annonce que « compte tenu des problèmes de qualité que nous rencontrons depuis quelques années avec les tuyaux de fonte ductile, nous suspendons pour une période indéterminée l’utilisation de ce type de tuyaux. Pour tous les nouveaux projets, ainsi que les projets déjà en cours de réalisation, le tuyau d’aqueduc prescrit sera le type PVC TerraBrute d’Ipex ».

« J’étais en vacances, je l’ai fêté un petit peu », dira M. Cadette

C’est à son retour de vacances, alors qu’environ 400 000 $ de matériel a déjà été livré, que M. Milioto lui aurait demandé 150 000 $ pour « récompenser » trois fonctionnaires de la Ville qui auraient favorisé l’acception des conduites d’IPEX.

À l’époque, IPEX a refusé de payer, et les commandes anticipées de ses produits pour des projets de la Ville ne se sont jamais concrétisées. En 23 ans d’efforts, M. Cadotte n’était jamais venu aussi près de faire accepter les conduites en PVC dans la métropole.

Aucune accusation n’a été portée relativement au témoignage de M. Cadotte. Lors de leurs passages respectifs devant la commission Charbonneau, Nicolo Milioto a nié avoir demandé un pot-de-vin de 150 000 $ à M. Cadotte et l’ingénieur Marcil a nié avoir tenté de favoriser indûment l’entreprise IPEX, à l’été 2006.

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