PRÉSIDENTIELLE AMÉRICAINE OPINION

Les scénarios possibles

Enfin nous y sommes. Plus d’un an après le début des hostilités, qui de Trump ou Clinton gagnera la Maison-Blanche ?

Il y a deux semaines les dés semblaient jetés : Clinton gagnait confortablement et pouvait même espérer faire basculer à son avantage des États traditionnellement républicains tels l’Arizona ou la Géorgie. Rien n’est moins sûr en prévision de la veille électorale de ce soir : celle-ci sera courte, longue ou… très longue. Pour gagner les fameux 270 grands électeurs requis, trois scénarios sont à envisager.

1. Clinton gagne facilement

Le scénario du « soulagement » (du moins pour une majorité de Québécois et de Canadiens) serait qu’entre 20h et 20h30, les chaînes comme CNN projettent une victoire démocrate. Cela fait plus de 30 ans qu’un tel scénario ne s’est pas produit (Reagan contre Carter puis contre Mondale). Il supposerait que Mme Clinton gagne à peu près tous les États du Nord-Est (déjà le Maine et le New Hampshire), conserve dans son giron les États de Pennsylvanie et de Virginie, remporte la victoire dans l’État baromètre qu’est devenue la Caroline du Nord, et – surpassant toutes les attentes – surclasse son adversaire dans au moins l’un des deux États clés que sont la Floride ou l’Ohio.

De telles annonces procureraient à Hillary Clinton une majorité de 270 grands électeurs (ou plus si elle gagnait la Floride et l’Ohio). Le sud, le centre et l’ouest des États-Unis ne seraient qu’une formalité. Si la candidate démocrate conservait des États démocrates habituellement sûrs (comme le Michigan, ce qui n’est pas certain), on assisterait alors à une très grande victoire, accordant à Mme Clinton 317 grands électeurs (contre 221  pour Trump).

Ce scénario est moins probable dans la foulée de la baisse de popularité, depuis deux semaines, de la candidate démocrate et des conséquences de cette enquête à rebondissement sur ses courriels. Mais il n’est pas exclu.

2. Clinton gagne difficilement

Le scénario de l’« endurance » ou de la victoire à l’arraché, que les chaînes n’annoncent généralement pas avant 22h, voire 23h30, est le cas de la plupart des courses présidentielles des dernières années (1988, 1992, 2004, 2008, 2012). Ce scénario est un peu plus probable. D’ailleurs, il l’était déjà début septembre quand Trump s’est approché dangereusement de Clinton.

Il suppose que les adversaires se séparent les États pivots dans l’Est. Ainsi, si Trump gagnait l’Ohio et la Caroline du Nord, si Clinton l’emportait au New Hampshire et en Floride, on assisterait à l’égalité entre eux des grands électeurs acquis dans ces quatre États (33 chacun).

Il faudrait alors qu’Hillary conserve absolument la Pennsylvanie et la Virginie, car si Trump gagnait ne serait-ce que trois des quatre grands électeurs du Maine et un « État surprise » acquis normalement aux démocrates, tel le Michigan, Clinton ne serait pas en mesure d’atteindre – dans l’Est, du moins, en plus de ses États sûrs de l’Ouest – la majorité requise des 270 grands électeurs (toutefois, il lui suffirait d’obtenir deux des quatre grands électeurs du Maine pour gagner, car ceux-ci sont répartis différemment des autres États). Il lui faudrait alors attendre les résultats cruciaux du Colorado.

En effet, si la candidate démocrate gagne l’État pivot des Rocheuses, elle acquiert alors dans ce deuxième scénario la majorité convoitée de 278 (contre 249 pour Trump jusqu’alors) sans devoir compter sur les résultats des 11 grands électeurs provenant des deux autres États pivots de l’Ouest, soit le Nouveau-Mexique et le Nevada. Si on devait se rendre jusque-là…

3. Trump pourrait gagner

Le scénario redouté serait que CNN (qui a développé des algorithmes sophistiqués pour ce faire) ne nous annonce pas de résultats avant… 3h30 du matin, comme ce fut le cas entre Carter et Ford en 1976 ! Dans ce scénario, Trump surprend tout le monde en faisant mieux que prévu dans l’Est, l’emportant au Maine (du moins deux des quatre grands électeurs), au New Hampshire, en Caroline du Nord, en Ohio et en Floride. Clinton conserverait la Pennsylvanie, la Virginie et le Michigan.

À la fin de la soirée, les adversaires sont ainsi presque à égalité (253 pour Clinton, 254 pour Trump) et partout les téléspectateurs rongent leur frein. Même des victoires démocrates au Colorado et au Nouveau-Mexique ne sont pas suffisantes (267 pour Clinton). Il faudra alors attendre tard dans la nuit les résultats de l’Arizona (11 grands électeurs) et du Nevada (6) pour connaître le vainqueur. Imaginez, en outre, que Trump gagne l’Arizona – ce qui est tout à fait probable – pour que ce soit l’État du jeu qui devienne en 2016 l’État déterminant.

Toutefois, le pire scénario – que nous n’évoquons pas ici – est assurément celui de 2000 : pas de vainqueur, car un État (comme la Floride) n’est pas attribué en raison de problèmes et de contestations sérieuses forçant un dépouillement judiciaire.

Pariez que dans ce cas, à défaut de gagner, Trump fera durer le supplice de cette interminable campagne.

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