Portfolio Manufacturier innovant

Prendre le virage technologique ou disparaître

En vous promenant dans l’entreprise d’usinage de pièces de haute précision APN, à Québec, vous pourriez faire une rencontre surprenante : un robot qui nettoie les pièces, les sèche et les place dans des boîtes.

Dans la prochaine année, une dizaine de robots doivent arriver en renfort dans cette PME. Avec l’intégration de l’intelligence artificielle, ils pourront prendre des décisions après avoir collecté des données. Ces avancées technologiques sont rendues possibles grâce à un virage majeur démarré dans l’entreprise il y a environ cinq ans, afin de créer un système intégrateur pour connecter les humains et les machines.

« Ce logiciel développé à l’interne permet d’utiliser les données, de les valider, de prendre des décisions en étant plus efficace et d’éliminer des tâches, ce qui nous permet de réduire nos coûts et de vendre nos produits partout dans le monde », explique Yves Proteau, coprésident d’APN, active dans les secteurs de la haute technologie, de l’aéronautique et de la défense.

Pour M. Proteau, qui a été consultant dans le domaine de l’implantation de systèmes de gestion intégrés avant de rejoindre l’entreprise familiale, ce virage est naturel. Et il comporte aussi d’autres grands avantages.

Par exemple, alors que tout le Québec se plaint de pénurie de main-d’œuvre, Yves Proteau affirme que son entreprise n’en souffre pas. Le système intégré facilite les tâches des employés et permet de leur donner de meilleures conditions de travail.

« C’est certain que c’est difficile de trouver des employés qui veulent travailler la nuit et les fins de semaine, alors notre objectif avec l’automatisation est que les robots puissent faire rouler l’entreprise 24 heures sur 24 et sept jours sur sept. La semaine, les employés feront les ajustements nécessaires. » – Yves Proteau, coprésident d'APN

APN, qui a eu des prêts du ministère de l’Économie, de la Science et de l’Innovation (MESI) puis d’Investissement Québec pour réaliser ses projets, sert maintenant de vitrine technologique afin d’inspirer d’autres entreprises à investir dans le 4.0.

« Les bénéfices n’arrivent pas instantanément, mais ils sont durables et si on n’embarque pas dans le virage technologique, on meurt », croit Yves Proteau.

Stimuler des investissements

Pour inciter les entreprises manufacturières à prendre le virage industriel 4.0 comme APN, Investissement Québec poursuit une deuxième année de tournée au Québec. Plus de 2000 entrepreneurs ont déjà été rencontrés dans les 17 régions.

On leur a présenté 10 solutions prioritaires en train d’être mises en œuvre pour appuyer le secteur manufacturier. On trouve entre autres, du financement. Rapidement, les entreprises ont répondu à l’appel.

600 millions

Somme attribuée en un an et demi pour réaliser dans les entreprises, partout au Québec, des projets innovants d’une valeur totale de 3 milliards de dollars.

Au départ, Investissement Québec avait mis 700 millions sur la table afin de financer des projets d’innovation. Or, après un an de tournée, plus de la moitié de l’enveloppe avait déjà été attribuée. On a donc finalement décidé d’ajouter 125 millions.

« Nous nous sommes même dotés cette année d’un autobus de tournée qui sert de bureau mobile dans lequel les entrepreneurs peuvent travailler sur leur projet immédiatement après la rencontre, dit Pierre Gabriel Côté, président-directeur général d’Investissement Québec. Nous rendre dans les régions rencontrer directement les entrepreneurs est une stratégie qui fonctionne, alors nous continuerons en 2018. »

Ressources en déploiement

En plus du financement, un programme d’accompagnement du manufacturier innovant est en développement au MESI. Le gouvernement du Québec vient aussi de lancer le guichet unique Entreprises Québec pour regrouper tous les services offerts, afin de faciliter la vie des entrepreneurs. Plusieurs solutions en développement touchent aussi à la main-d’œuvre.

« Sur le terrain, particulièrement en région, les entreprises nous disent que la carence de main-d’œuvre est vraiment l’enjeu prioritaire, constate Pierre Gabriel Côté. Plusieurs entreprises ont des projets de croissance, mais ne peuvent pas les réaliser parce que la main-d’œuvre n’est pas au rendez-vous. »

Du travail se réalise notamment pour mieux cibler l’immigration en fonction des besoins des entreprises manufacturières. Plusieurs cégeps participent également à un projet pilote pour créer de la formation appliquée en entreprise.

145 milliards

Les revenus de l’activité manufacturière au Québec s’élevaient à plus de 145 milliards de dollars en 2015, d’après l’Institut de la statistique du Québec. Le secteur embauchait plus de 425 000 personnes, dont près de 300 000 en production.

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