Portfolio Énergies renouvelables

Une occasion unique pour la Gaspésie

La future cimenterie McInnis de Port-Daniel, en Gaspésie, vise à réduire de 20 % ses émissions de gaz à effet de serre en utilisant la biomasse forestière dans ses activités de transformation du calcaire en ciment.

La cimenterie implantée sur la rive nord de la baie des Chaleurs veut ainsi adopter les meilleures pratiques de l’industrie, souligne Maryse Tremblay, directrice des communications et de la responsabilité sociale d’entreprise chez Ciment McInnis. « Nous ne serons pas tributaires des prix de l’énergie », ajoute-t-elle.

REMPLACER LE COKE DE PÉTROLE

La cimenterie devrait employer une centaine de personnes quand elle entrera en production à la fin de l’année 2016, à l’issue d’un investissement de 1,1 milliard de dollars. Elle utilisera 100 % de coke de pétrole comme combustible durant les 18 à 24 premiers mois. La cimenterie visera alors à remplacer progressivement la moitié de la matière fossile par des résidus forestiers. « Nous ne pourrons pas nous défaire totalement du combustible fossile », précise Mme Tremblay.

Une étude de faisabilité est en cours pour valider le potentiel énergétique de la biomasse, précise Maryse Tremblay. Mais une chose est sûre : la scierie de Saint-Elzéar pourrait être la grande bénéficiaire de cette orientation. Chaque année, l’usine livre déjà de la biomasse forestière à l’hôpital de Maria et aux Serres Jardins-Nature, à New Richmond. « Nous récoltons les résidus forestiers au cours de nos opérations régulières », explique Sébastien Roy, directeur général de la Scierie et de la Coopérative forestière de Saint-Elzéar.

PLANCHE DE SALUT

L’approvisionnement en biomasse de la cimenterie McInnis, « c’est un projet monstre ! », illustre M. Roy. C’est aussi une planche de salut pour cette scierie qui a fêté ses 70 ans l’an passé. « Cela devra fonctionner, ou bien on devra trouver autre chose », explique M. Roy, en relevant les difficultés des scieries en Gaspésie, passées de 12 à 4 depuis le début des années 2000.

Or, l’approvisionnement de la cimenterie pourrait entraîner la création de 50 à 75 emplois, en plus des 175 emplois existants. Ce serait aussi l’occasion de redorer la qualité forestière du sud de la Gaspésie. En 1924, la région a été ravagée par un gigantesque incendie de forêt.

« Aujourd’hui, on devrait récolter les arbres qui ont repoussé, mais ils sont impropres au sciage. Et comme il n’y a plus de papetières en Gaspésie, on n’a plus de preneurs pour ce bois. »

— Sébastien Roy, directeur général de la Scierie et de la Coopérative forestière de Saint-Elzéar

La cimenterie serait un débouché idéal pour ces arbres, qui pourraient alors être remplacés par des essences plus adaptées au sciage. « Dans 40 ans, on pourrait commencer à les récolter », projette Sébastien Roy.

D’ici à l’automne 2016, la Scierie de Saint-Elzéar établira le coût pour chaque grande zone forestière, en fonction de son éloignement. Pour la scierie comme pour la cimenterie, les différents scénarios devront pouvoir assurer un approvisionnement pour les 25 prochaines années, au minimum.

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