DISCOURS INAUGURAL DE FRANÇOIS LEGAULT

DISCOURS INAUGURAL DE FRANÇOIS LEGAULT Conjuguer nationalisme économique et lutte contre les changements climatiques

Le premier ministre François Legault s’apprête à prononcer son discours inaugural alors que les projets industriels se bousculent aux portes du Québec. À eux seuls, les projets Énergie Saguenay et IFFCO à Bécancour ajouteraient près d’un million de tonnes de GES au bilan du Québec, nous éloignant encore plus de nos cibles de réduction d’émissions.

Est-ce à dire que le Québec doit se priver de développement industriel, choisir entre l’économie et l’environnement ? Non. Mais un choix doit être fait sur le type de développement que nous souhaitons privilégier : poursuivre dans la vieille économie ou nous lancer dans la nouvelle. La lutte contre les changements climatiques est une occasion unique de nous lancer dans un développement sobre en carbone made in Québec.

Le Québec regorge d’énergie propre. Monsieur Legault souhaite développer les marchés d’exportation d’électricité chez nos voisins immédiats : l’Ontario et les États-Unis. Bien que cette idée ne soit pas mauvaise en soi, elle crée peu de valeur ajoutée au Québec et risque fort de ne pas être rentable, puisque nos coûts de production sont supérieurs au coût de vente sur le marché américain.

Pourquoi ne pas plutôt utiliser l’énorme avantage comparatif que nous confère cette énergie abondante pour attirer ici des industries qui souhaitent réduire leur empreinte carbone ?

Plutôt que de vendre des mégawatts bruts au rabais comme on vendait jadis le fer à un cent la tonne, pourquoi ne pas les mettre en valeur et créer ici les emplois à forte valeur ajoutée à 25 $ l’heure dans des industries sobres en carbone ? Parions qu’avec une stratégie de développement industriel bien ciblée, le Québec irait chercher sa part d’investissements dans cette nouvelle économie.

LES TRANSPORTS COLLECTIFS

Le Québec doit également valoriser son énergie et son savoir-faire dans le secteur des transports. Nous produisons de l’électricité, des autobus, des trains et des métros. Pourquoi nous entêter à nous déplacer en voitures importées carburant à l’essence importée et creuser ainsi un déficit commercial de 20 à 25 milliards ? Quelle est la logique économique qui nous mène à regarder passivement une telle somme partir en fumée dans l’atmosphère ?

Nous savons pourtant qu’un dollar investi dans les transports collectifs rapporte 2,5 fois plus d’emplois et de retombées économiques au Québec que le même dollar investi dans le transport routier. Nous savons aussi que si le Québec passait rapidement aux transports collectifs et aux véhicules électriques, il effacerait son déficit commercial.

Pourquoi ne pas en faire un chantier national ? Nous avons jadis électrifié le chauffage de nos maisons en quelques années à peine alors que la mise en service de la Baie-James nous avait procuré de larges surplus d’électricité.

N’est-il pas temps d’électrifier nos transports avec nos surplus d’aujourd’hui et de terminer le travail amorcé il y a une génération ?

Nous sommes à la croisée des chemins. La transition énergétique est une occasion d’enrichissement pour le Québec. Pour cela, nous devons choisir les bons projets industriels et refuser ceux qui vont à contresens de la transition, privilégier les transports collectifs et l’électrification et cesser le développement anarchique et arbitraire du réseau autoroutier.

Le gouvernement Legault peut jeter les bases d’une vision qui conjugue nationalisme économique, création de richesse et lutte contre les changements climatiques et, du même coup, positionner le Québec à l’avant-garde de la transition énergétique mondiale. 

Pour ce faire, nous aurons besoin d’ambition, de cohérence et de leadership. C’est la vision que nous souhaitons voir naître lors du discours inaugural.

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