Chronique

Nouveau surplus record au Québec

Autre bonne nouvelle sur le front de l’économie : le gouvernement du Québec a terminé son année avec un surplus budgétaire record, un deuxième en deux ans.

Au cours de l’exercice terminé le 31 mars 2017, les revenus ont excédé les dépenses de 2,5 milliards de dollars. Jamais le Québec n’a enregistré un tel surplus dans son histoire, dépassant celui de l’an dernier (2,2 milliards). N’est-ce pas réjouissant ?

L’année financière est terminée depuis trois mois, mais le gouvernement attendait, comme toujours, les déclarations de revenus et autres éléments de fin d’année pour publier son compte rendu annuel.

Avant même la publication de ces données, la semaine dernière, l’agence Standard & Poor’s annonçait le redressement de la cote de crédit du Québec de A+ à AA-. Cette cote place le Québec au 3e rang canadien, devant l’Ontario et l’Alberta.

Le surplus de 2,5 milliards sera affecté à la réserve de stabilisation, qui s’élève maintenant à 4,7 milliards. Cette réserve permettra au gouvernement d’éponger de futurs déficits advenant une récession sans entreprendre de nouvelles rondes de compressions ou hausser les impôts. La réserve est encadrée par une loi, de sorte qu’elle ne peut être utilisée pour distribuer des cadeaux à la veille des élections.

Ce n’est pas tout. Le surplus de 2,5 milliards est calculé après les versements faits au Fonds des générations, cette cagnotte destinée à réduire éventuellement la dette du Québec. Sans ces versements, uniques au Canada, le surplus se serait plutôt élevé à 4,5 milliards.

Ces bons résultats incitent évidemment le ministre des Finances, Carlos Leitão, à bomber le torse. « Ce surplus confirme la solidité du cadre financier du gouvernement », a déclaré M. Leitão, hier, au cours d’une téléconférence. Le ministre part justement en tournée européenne aujourd’hui, où il sera question des finances du Québec et des politiques multilatérales pour contrer l’évasion fiscale.

Cette année, le gouvernement n’a pas eu à presser le citron pour engranger un surplus, contrairement à l’an dernier. Au cours de l’exercice, la croissance des dépenses de programmes a été de 3,0 %, comparativement à environ 0,4 % l’an dernier. Bref, fini l’austérité !

Certains secteurs essentiels ont toutefois continué de ressentir les effets des mesures restrictives libérales, puisque les fonds ont été débloqués très tardivement dans l’année. De fait, après des mois d’attente, le secteur de l’éducation a vu ses dépenses exploser de 25,9 % en mars 2017, du jamais vu. Même chose en santé, avec un boom de 20 %.

Ces fortes hausses s’expliquent par ce que les directions des cégeps et des commissions scolaires appellent les règles tatillonnes et kafkaïennes du gouvernement. Les commissions scolaires doivent rapidement dépenser les fonds avant leur fin d’exercice, le 30 juin, car elles ne peuvent utiliser qu’une très petite partie de leur surplus pour les années suivantes.

Du côté des revenus du gouvernement, la croissance de 4,1 % a été un peu supérieure à celle de l’an dernier, notamment grâce à la forte hausse des transferts fédéraux (+ 7,1 %). La progression soutenue de l’économie et de l’emploi a aussi été l’un des éléments qui ont fait augmenter les revenus, notamment les recettes tirées de l’impôt des particuliers (+ 4,9 %), et celles des sociétés (+ 13,7 %).

La baisse du taux de chômage québécois à quelque 6 % fait dire à Carlos Leitão que l’atteinte rapide du déficit zéro n’a pas ralenti l’économie du Québec, contrairement à ce que craignaient certains économistes.

« Nos actions n’ont pas eu d’effets néfastes sur l’économie. Au contraire, l’économie du Québec progresse plus rapidement que sa croissance potentielle. »

— Carlos Leitão

Durant la téléconférence, plusieurs journalistes ont demandé pourquoi le surplus s’est finalement élevé à 2,5 milliards, alors que le gouvernement prévoyait qu’il serait de seulement 250 millions il y a trois mois à peine, lors de la présentation du budget.

Le ministère des Finances avait prévu la question, publiant un tableau pour expliquer les écarts. Quatre principaux éléments en sont responsables.

D’abord, le gouvernement avait budgété un fonds de suppléance pour les catastrophes (verglas, inondations, etc.), qu’il n’a pas eu à dépenser totalement avant le 31 mars. Quelque 794 millions s’expliquent essentiellement par cet aspect.

Ensuite, les recettes tirées des impôts des sociétés ont été plus élevées que prévu en mars, de quelque 292 millions. Même chose pour les revenus des sociétés d’État (Hydro-Québec, Loto-Québec, etc.), dont l’écart s’élève à 229 millions.

Enfin, parmi les autres facteurs, il y a l’écart des sommes non dépensées par les nombreux fonds spéciaux en cours d’exercice, notamment (879 millions), comme le Fonds vert et le Fonds des services de garde.

Quoi qu’il en soit, les finances publiques du Québec sont en bonne santé, ce qui aura pour effet de diminuer notre dette collective, progressivement. Reste à voir quand et comment le gouvernement fédéral de Justin Trudeau parviendra à faire la même chose…

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