Chronique

Quel employeur offre le plus de congés ?

Avez-vous congé le 31 décembre ? Le lundi de Pâques ? Alors que pour certains, ces congés vont de soi, pour une bonne proportion de la population, c’est plutôt le travail qui est au rendez-vous ces jours-là.

L’Institut de la statistique du Québec (ISQ) a récemment publié une analyse fort intéressante sur le sujet, qui compare les congés et vacances des employés du privé et du public, syndiqués ou non. De quoi alimenter les discussions viriles durant les réunions familiales des Fêtes !

À partir de son Enquête sur la rémunération au Québec, l’ISQ chiffre précisément les différences entre les organisations publiques et privées de 200 employés ou plus, incluant les municipalités d’au moins 25 000 habitants.

Globalement, les Québécois qui sont à temps plein dans ces organisations disposent de 19,7 jours de vacances par année, en moyenne, soit l’équivalent de presque quatre semaines. Ce chiffre comprend tous les niveaux d’ancienneté, ce qui explique pourquoi ces quatre semaines sont passablement plus élevées que le congé minimal de deux semaines prévu par la Loi sur les normes du travail pour les employés de moins de cinq ans d’expérience.

Six semaines de vacances…

Comme on pouvait s’y attendre, ce sont les employés municipaux qui trônent au sommet en matière de vacances. En moyenne, ils disposent de 23,1 jours de vacances, soit une semaine de plus (6,2 jours pour être précis) que les employés des entreprises privées de 200 à 499 employés, qui ferment la marche, à 16,9 jours (un peu plus de trois semaines).

Essentiellement, l’écart entre ces deux groupes se maintient avec le temps. À partir de 20 ans d’ancienneté, les employés municipaux peuvent prendre presque six semaines de vacances (29,4 jours), en moyenne, comparativement à 25,6 jours pour le 2groupe, du secteur privé.

Du côté du gouvernement du Québec, les employés ont en moyenne 22,3 jours de vacances, contre 19,3 jours au fédéral et 22,4 jours dans les universités.

Congés mobiles

Cela dit, l’avantage municipal ne s’arrête pas aux vacances. Les cols bleus, cols blancs et autres employés municipaux disposent d’une banque de jours fériés et de congés mobiles passablement plus généreuse qu’ailleurs.

En moyenne, ce genre de congés atteint 15,1 jours pour les employés des villes, soit près de 3 jours de plus que la moyenne des travailleurs québécois de l’étude (12,3 jours) et 7 jours de plus que le nombre prescrit par la loi au Québec (8 jours).

Le parent pauvre est encore une fois le secteur privé non syndiqué, avec 11,4 jours de tels congés. Au gouvernement du Québec, cette banque s’élève à 12,8 jours et au fédéral, à 12,9 jours. Notez que les enseignants ne font pas partie de l’étude de l’ISQ.

L’ISQ n’a pas fait le cumul des vacances et des divers jours fériés et congés mobiles. En faisant l’exercice, toutefois, on peut constater que les employés municipaux disposent de 38,2 « jours chômés payés », selon la terminologie de l’ISQ, soit 2 semaines de plus que les 28,3 jours des entreprises privées non syndiquées de 200 à 499 employés. Si l’on ajoutait les PME de moins de 200 employés à cette liste, l’écart serait encore plus grand, vraisemblablement.

Par ailleurs, l’ISQ constate dans sa recherche que le nombre de jours de vacances et de congés ne varie pas vraiment en fonction du niveau de formation. Dit autrement, les employés qui ont un diplôme universitaire n’ont guère plus de vacances (19,8 jours) que ceux qui sont issus du collégial (19,9 jours) ou du secondaire (19,3 jours). Le constat est le même tant au privé qu’au public.

Écart de 41,5 %

Dans une récente analyse, rappelons-le, l’ISQ a constaté que les salaires d’emplois comparables au gouvernement du Québec sont 21,3 % moins élevés que ceux des municipalités. Il s’agit des salaires par heure travaillée.

Quand on inclut les vacances, les congés et le régime de retraite, cet écart grimpe à 41,5 %. Cet accroissement s’explique en partie par le fait que les jours de congés et de vacances sont plus nombreux au municipal qu’au provincial.

Cet écart n’a jamais été aussi important depuis que des données sont comparables. L’écart est passé de 24,7 % en 2009, à 33,6 % en 2012, puis à 39,5 % l’an dernier. À partir de quel écart jugerons-nous la situation intolérable ?

Enfin, pour ceux qui ne le sauraient pas déjà, le 31 décembre ne fait pas partie des huit jours fériés prévus par la Loi sur les normes du travail. C’est plutôt le 1er janvier qui est congé payé. Par contre, la loi donne le choix aux employeurs entre le Vendredi saint et le lundi de Pâques. Joyeuses Fêtes !

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