Gus Van Go, entre Montréal et New York
Quand on lui a demandé de réaliser le nouveau disque de Robert Charlebois, Gustavo Coriandoli, dit Gus Van Go, n’a pas hésité une seconde. « C’était vraiment un big deal pour moi ! », dit le musicien né en Argentine en 1969 de parents italiens, dont la famille est venue s’installer à Montréal pendant les années 70.
« J’ai grandi en écoutant les albums de Charlebois, ça fait vraiment partie de ma culture. »
Après avoir vécu uniquement à New York pendant une dizaine d’années, le réalisateur partage son temps depuis une autre bonne décennie entre Montréal et Brooklyn – il a un studio dans chaque ville, en plus de travailler régulièrement à Toronto, Vancouver et Los Angeles. « J’ai un pied dans chaque territoire et j’adore ça ! »
Mais chaque fois qu’il revient ici, il a un peu l’impression de revenir à la maison.
« Me Mom and Morgentaler était un groupe anglo, mais on a toujours fait partie de la scène culturelle québécoise. Jean Leloup a eu une grande influence sur nous, et beaucoup de nos fans étaient francophones. »
— Gus Van Go
C’est ce qui explique son enthousiasme à l’idée de travailler avec Robert Charlebois, alors que ses associés new-yorkais ne savaient rien de l’aura du chanteur. Le résultat, intitulé Et voilà, a tellement plu à Charlebois que le chanteur est déjà prêt à retourner enregistrer de nouvelles chansons à l’été, affirme Gus Van Go.
« Il a aimé le groupe de musiciens que j’ai réuni pour lui à New York. Ça l’a tellement inspiré qu’il est ready to go again ! Il capote, il veut qu’on aille à Los Angeles ensemble. »
Très associé, à ses débuts, au populaire groupe The Stills, Gus Van Go a réalisé une foule d’albums depuis 15 ans, dont récemment ceux de Whitehorse, d’Arkells et de Terra Lightfoot. Et même s’il travaille avec des groupes québécois francophones depuis une douzaine d’années, son nom a été associé à davantage de projets depuis un an et demi.
Gus Van Go a ainsi réalisé les disques de Dumas, Rémy Chassé, Les Trois Accords (pour la quatrième fois), ainsi que ceux de Guillaume Beauregard et de Marie-Ève Roy, qu’il avait connus à l’époque des Vulgaires Machins. « Compter les corps (2006) est mon premier grand succès francophone post-Me Mom, et c’est devenu un classique. »
Cette abondance n’est qu’une coïncidence, précise-t-il cependant. « Ce sont des cycles qui sont tous arrivés en même temps. » Cycle qui se termine justement avec Les Cowboys Fringants, dont il vient de terminer d’enregistrer le huitième album au studio Piccolo à Montréal. C’est aussi lui qui avait réalisé leur album précédent, Octobre.
« Il a été album de l’année à l’ADISQ, il a été disque d’or, ç’a été un grand succès. On ne se connaissait pas du tout avant Octobre ; en plus, c’était la première fois qu’ils travaillaient avec un réalisateur. La chimie a été tellement bonne qu’ils m’ont rappelé pour celui-ci. Je suis très content, ils sont vraiment cool et je pense que cet album va être encore meilleur qu’Octobre. They’re on fire ! »
Le fait qu’il soit à cheval entre deux cultures est certainement intéressant pour les artistes québécois. « Si je travaille autant avec des Québécois, c’est parce que je parle français, admet-il. Ils aiment que j’aie un son world class, mais aussi que je comprenne les paroles, l’histoire du Québec, la musique trad… »
« Si je parlais juste anglais, je ne pense pas que J.-F. des Cowboys m’aurait engagé. Même Les Trois Accords, ils aiment me voir rire quand ils chantent. On est à la même place. »
— Gus Van Go
À ses côtés, son collègue new-yorkais Werner F, qui ne comprend pas un mot de français, est là pour s’assurer que les choses sont à point musicalement. « Il entend les choses. Il dit : c’est cool, c’est pas cool, c’est faux, c’est un peu sharp, c’est flat. Il est très fort aussi dans les harmonies », dit Gus Van Go, qui ajoute avoir « énormément de respect pour les réalisateurs québécois qui font une super belle job ».
Après le travail avec Les Cowboys, Gus Van Go est reparti à New York. Le jour où il posera ses valises quelque part n’est pas venu.
« Des fois, je me dis que je pourrais vivre à une seule place et que les gens pourraient venir à moi », dit celui qui fait de nouveau partie d’un groupe de musique, Megative, avec le chanteur des Stills, Tim Fletcher. « Mais j’ai tellement d’amis et de famille partout que, pour l’instant, j’adore ça comme ça. »