MÉLENCHON EN BREF

Âge : 64 ans

Naissance : Tanger (Maroc)

Emploi : député au Parlement européen

Faits d’armes : 

Ancien ministre de l’Enseignement professionnel

A quitté le Parti socialiste pour fonder le Parti de gauche (PG)

Candidat à l’élection présidentielle française de 2012

Rencontre avec Jean-Luc Melanchon

APRÈS-MIDI DEBOUT

Né sur la place de la République à Paris dans la foulée d’une manifestation contre la réforme de la loi du travail en France, le mouvement Nuit debout, qui monopolise le centre de Paris depuis le 31 mars, fait des petits ailleurs en France. Aujourd’hui, le mouvement de protestation hétéroclite va tenter de traverser l’Atlantique. Un appel à manifester a été lancé sur Facebook et plusieurs centaines de personnes sont attendues entre 17 h et 20 h ce soir devant le consulat général de France à Montréal. Jean-Luc Mélenchon compte y assister. « Nuit debout, c’est un symptôme. Le volcan français est en train de se réveiller », dit Jean-Luc Mélenchon au sujet du mouvement citoyen.

Un Bernie Sanders, version française ?

Il rêve d’une VIe République. D’une « révolution citoyenne ». D’une France plus verte et d’une Europe moins soudée. Il serait « fou de joie » de voir le Québec déclarer son indépendance. Et il veut devenir président de la France l’an prochain. Rencontre avec Jean-Luc Mélenchon, politicien foncièrement à gauche, de passage au Québec cette semaine pour parler de son opposition au libre-échange et gagner le cœur des électeurs de la diaspora.

Avant de prendre l’avion pour son premier séjour à Montréal, Jean-Luc Mélenchon a eu tout juste le temps de prendre connaissance d’un sondage qui lui a mis le sourire aux lèvres.

Selon le quotidien Le Figaro, si l’élection présidentielle française se tenait maintenant, ce tenant de la gauche dure serait à égalité avec l’actuel président de la République, le socialiste François Hollande.

Toujours selon le sondage, de 12 à 16 % des électeurs français seraient prêts à accorder leur vote au candidat eurosceptique, qui prône la fin des traités de libre-échange et l’imposition de règles environnementales beaucoup plus strictes.

« Il est clair que ma position politique correspond à un moment politique en France, explique Jean-Luc Mélenchon. Ce moment est celui où la monarchie présidentielle est en pleine capilotade. François Hollande, un président de gauche, prend des décisions que la droite n’aurait jamais osé prendre. Il y a une ébullition sociale qui porte sur le cœur du système, qui est le Code du travail », dit l’ancien ministre du gouvernement Jospin, qui a claqué la porte du Parti socialiste en 2008 pour créer le Parti de gauche.

VAGUE PLANÉTAIRE

Cette ébullition française, dit-il, s’exprime notamment place de la République, au cœur de Paris. Depuis le 31 mars, des milliers de personnes, d’abord rassemblées pour dénoncer la réforme du Code du travail, prennent d’assaut la place nuit après nuit. Ils tiennent des assemblées où tous sont invités à prendre la parole. Leur mouvement s’est donné le nom de Nuit debout.

« Nuit debout, c’est une vague citoyenne. Tant qu’il y aura des injustices et une frustration sociale et citoyenne de l’ampleur qu’il y a en France en ce moment, il y aura des vagues. »

— Jean-Luc Mélenchon, qui ne craint pas de surfer sur cette onde de mécontentement

Selon le député du Parlement européen, la France n’est pas la seule à être remuée par la colère engendrée par les inégalités et à rêver des solutions à gauche. Il voit dans la campagne de Bernie Sanders aux États-Unis le miroir de sa propre bataille. « Nous appartenons à la même vague qui a commencé dans les pays qui ont été les plus touchés par les mesures du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale, soit l’Amérique latine. De là, la vague est passée en Amérique du Nord », avance-t-il.

TSUNAMI DE DROITE

Ces remous politiques suffiront-ils à lui permettre d’accéder à la présidence française au printemps prochain ? Rien n’est moins sûr. Le sondage du Figaro démontre que la droite bat à plate couture les candidats potentiels de la gauche. La chef du Front national d’extrême droite, Marine Le Pen, récolte à elle seule de 25 à 32 % des intentions de vote.

Pour Jean-Luc Mélenchon, la course à la présidence n’est pas une première. En 2012, le politicien a obtenu 11 % des voix dans la course qui allait couronner François Hollande.

Pour 2017, il promet de mettre les bouchées doubles. Il a lancé sa candidature dès le mois de février dernier et est de passage à Montréal pour rallier les Français de la diaspora à sa cause.

ACCUEIL CHALEUREUX

Il profitera aussi de ce premier séjour au Québec pour rencontrer des politiciens. Contrairement à Marine Le Pen, que tous les partis politiques ont refusé de recevoir quand elle était à Montréal cet hiver, Jean-Luc Mélenchon a un carnet de rendez-vous bien garni.

Aujourd’hui, il enfilera les tête-à-tête avec les grandes centrales syndicales ainsi qu’avec des députés du Parti québécois, du Nouveau Parti démocratique et de Québec solidaire.

Opposé au traité de libre-échange que le Canada négocie avec l’Union européenne, il espère trouver des appuis parmi ses interlocuteurs. « Je plaide pour des raisons écologiques, sociales et pratiques contre ce traité de libre-échange. Vous [les Canadiens] allez perdre. Ce traité n’est pas fait pour vous ou pour nous, les Français. C’est fait pour les grandes multinationales », estime M. Mélenchon, qui, malgré son actuel poste de député au Parlement européen, ne cache pas son hostilité à l’endroit de l’intégration économique européenne.

À quoi ressembleraient les relations entre le Québec et la France s’il devenait un jour président ? « Ce serait un moment extraordinaire », lance M. Mélenchon, avant d’ajouter qu’il serait « fou de joie » si le Québec déclarait un jour son indépendance. « Par contre, je suis au Canada et je respecte l’État dans lequel je suis », s’empresse-t-il d’ajouter.

Rencontre avec Jean-Luc Mélenchon

UN HORAIRE CHARGÉ

Les politiciens québécois ne réservent pas le même traitement aux politiciens de l’extrême gauche et de l’extrême droite française. Si la chef du Front national, Marine Le Pen, s’est cogné le nez sur plusieurs portes fermées lors de son récent séjour au Québec, Jean-Luc Mélenchon rencontrera pour sa part tout un arc-en-ciel de politiciens québécois et de militants de la gauche au cours de son court séjour. Résumé de son horaire.

AUJOURD’HUI

10 h

Rencontre avec la FTQ, la CSN et d’autres entités syndicales

11 h

Rencontre avec Françoise David, Amir Khadir et Manon Massé de Québec solidaire

15 h

Rencontre avec Alexandre Boulerice, député du Nouveau Parti démocratique (NPD)

20 h

Dîner avec Jean-François Lisée et Carole Poirier, députés du Parti québécois

DEMAIN 

15 h

Conférence sur son plus récent livre, L’ère du peuple, avec Gabriel Nadeau-Dubois, ancien porte-parole du mouvement étudiant de 2012

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