Mon clin d’œil

Le sous-ministre qui a mis en garde Mélanie Joly avait aussi dit à Bergevin de ne pas laisser partir Markov et Radulov.

Opinion 

L’entreprise socialement responsable : une vague de fond ?

Depuis quelque temps déjà, on entend Québec inc. prendre la parole pour repenser le capitalisme actuel.

Entre autres leaders, on peut entendre Sophie Brochu, PDG de Gaz Métro, qui parle d’acceptabilité sociale des entreprises. Elle décrie haut et fort le modèle d’affaires actuel où la maximisation des rendements pour les actionnaires est l’objectif premier. Elle affirmait récemment dans l’infolettre de L’actualité : « Trouver l’équilibre entre les besoins de l’entreprise, de la société et de l’environnement est très difficile, mais nécessaire ».

Alexandre Taillefer est un autre acteur du changement qui s’implique dans plusieurs entreprises et qui a créé un nouveau produit, le « taxi Téo ». Ses principaux objectifs sont de donner un salaire minimum garanti aux chauffeurs de taxi et de promouvoir l’utilisation de la voiture électrique qui tarde à prendre sa place. 

Enfin, Peter Simons, PDG de Simons, qui, à Tout le monde en parle, a réclamé que nos gouvernements proposent un « plan » qui permettra aux entreprises d’ici de ne pas se faire écraser par celles qui ne cherchent que les abris fiscaux et qui, de ce fait, ne contribuent pas ou peu aux programmes sociaux.

« Faire ensemble »

Devrait-on dire ENFIN ! Ces leaders et d’autres producteurs de prospérité économique enrichissent leur modèle d’affaires et prennent en compte les enjeux sociaux et environnementaux. Pourrait-on dire que Québec inc. intègre de plus en plus les enjeux du secteur de l’économie sociale (OBNL et coopératives) qui, lui, s’investit depuis longtemps à tenter de réduire les déséquilibres sociaux et environnementaux ? Il n’y a pas tant lieu de tout réinventer, il importe aussi de collaborer avec ce secteur qui prône depuis des années des valeurs de justice sociale et d’économie durable.

Quand Sophie Brochu invite à sa table d’honneur au Cercle canadien Daphnée Mailloux-Rousseau (de l’Ancre des jeunes), ou quand Alexandre Taillefer a pris part au redressement de l’Opéra de Montréal, il y a quelques années, je constate une volonté de « faire ensemble » qui me donne espoir. De plus, les femmes et hommes d’affaires qui donnent temps et argent, par exemple, à Centraide, à Dans la rue ou à La Tablée des Chefs sont aussi des manifestations de la collaboration qui nourrit la vague de fond.

Le rôle des gouvernements

Mais, il y a un MAIS, car le changement institutionnel souhaité passe, sans aucun doute, par nos gouvernements. Quand on semble considérer que l’éducation coûte cher, que les Uber, Netflix et autres peuvent bénéficier d’avantages fiscaux pour le bien économique ou que les programmes sociaux sont trop généreux, je suis moins optimiste. Quand je rencontre sur le terrain des entrepreneurs sociaux et communautaires qui travaillent sans compter leurs heures, mais qui ne peuvent se payer un salaire leur permettant de vivre décemment, quand je rencontre des comptables ou des médecins immigrants qui ne peuvent exercer leur profession, car la réglementation ne le permet pas, je ne vois plus la vague de fond.

Le monde des affaires change et c’est tant mieux. Mais le mouvement citoyen et le tiers secteur s’essoufflent et l’État bouge trop lentement. Les discours sont encourageants, mais les actions gouvernementales tardent.

C’est en campagne électorale que l’on se préoccupe le plus des enjeux sociaux et environnementaux. La Presse+ rapportait plus tôt cette semaine que « Coderre se présente en champion de l’économie sociale ». Des millions en promesses et un processus d’appels d’offres incluant des clauses sociales. Très bonnes idées, en effet ! Les gouvernements sont ceux qui peuvent servir de catalyseurs, ce sont eux qui rédigent, présentent et votent les lois et les règlements. Pour éviter le mur, il importe de travailler ensemble et d’inventer des modèles d’affaires intégrateurs, des chaînes de valeurs sociales et environnementales qui feront que la maximisation du rendement des actionnaires ne sera pas l’unique indicateur économique. D’autres pays l’ont compris et l’appliquent, pourquoi pas nous ? !

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