SUR LES VERTS GEOFF MOLSON, PRÉSIDENT DU CLUB DE HOCKEY CANADIEN
Molson et le Canadien en mode investissement
La Presse
Depuis le mois de juin et pour les deux prochaines années, Geoff Molson occupe le rôle de président du conseil d’administration de Molson Coors, ajoutant ainsi aux responsabilités déjà exigeantes qu’il doit remplir à titre de PDG du Canadien de Montréal, du Centre Bell et des productions evenko et Spectra. Autant Groupe CH que Molson Coors sont engagés dans d’importants programmes d’investissements à Montréal.
Comme bien des Québécois, Geoff Molson, président du CH, a repris le travail lundi dernier après avoir passé les deux semaines de vacances de la construction en famille, au bord de la mer.
« Je ne peux pas prendre de vacances avant juillet. Même si la saison de hockey est terminée, il faut se préparer pour le repêchage de juin. On était aussi sur place à Las Vegas lorsque Carey Price a été honoré.
« Notre année fiscale débute aussi le 1 juillet, et c’est la haute saison pour Spectra avec le déroulement du Festival de jazz qui suit tout juste les FrancoFolies. Je prends donc mes vacances annuelles durant les deux semaines de la construction, comme beaucoup de monde », raconte Geoff Molson.
À titre de président du conseil de Molson Coors, Geoff Molson aura une fin d’année bien remplie alors qu’il confirme que l’entreprise brassicole est à compléter une étude qui déterminera si elle construira une nouvelle usine ou rénovera ses installations de la rue Notre-Dame.
Une chose est certaine : le statu quo n’est plus possible et, selon Geoff Molson, la brasserie bicentenaire devrait normalement déménager dans des installations le plus modernes possible. On parle d’investissements qui pourraient dépasser les 300 millions.
« Il faut moderniser notre production et surtout augmenter notre capacité d’embouteillage. Notre brasserie de Montréal ne peut pas produire de la bière en cannettes, et c’est une tendance lourde du marché que l’on observe aux États-Unis. »
— Geoff Molson
« On pourrait construire une nouvelle usine sur nos terrains à proximité de notre centre de distribution de la rue Dickson et vendre nos installations de la rue Notre-Dame à une tierce partie, à la condition que l’on ouvre le site sur le fleuve.
« Ce serait une façon extraordinaire de faire exploser le Vieux-Port de Montréal et de donner, à partir du pont Jacques-Cartier, une belle vitrine sur le fleuve à la population de Montréal », évoque Geoff Molson.
Chose certaine, il n’est pas question que Molson Coors quitte le site qui a vu naître les activités du groupe il y a 230 ans sans y laisser une marque commémorative indélébile.
« On pourrait y construire une microbrasserie, ce qui laisserait l’empreinte de Molson sur le site et perpétuerait l’activité qu’on y pratique depuis plus de deux siècles », propose le président du conseil de Molson Coors.
On saura au début de 2016 si le conseil d’administration disposera de la proposition et de la vision que vient de partager avec nous son président.
Après une saison de hockey qui s’est très bien déroulée, le Canadien a réalisé quelques transactions afin d’améliorer son équipe. À cet égard, Geoff Molson accorde toute la latitude voulue à son directeur général, Marc Bergevin.
« Marc tient à me garder impliqué dans ses réflexions, mais les décisions, c’est lui qui les prend. C’est aussi lui qui gère le budget d’opération hockey et la masse salariale du club », précise le président et propriétaire du Canadien.
Si ce sont les activités hockey qui génèrent le plus de profits pour le groupe, les activités de spectacles et de divertissement d’evenko et d’Équipe Spectra produisent des revenus équivalents à ceux du Canadien de Montréal.
« Evenko réalise chaque année de 120 à 130 événements au Centre Bell, alors que le Canadien dispute une cinquantaine de matchs préparatoires et réguliers à la maison. Contrairement aux groupes rock qui viennent donner un concert à Montréal, l’équipe nous appartient, et on garde 100 % des profits », précise Geoff Molson.
Discrètement, le Canadien a entrepris la rénovation du Centre Bell. On est présentement à remplacer la totalité des 21 000 sièges de l’amphithéâtre qui aura 20 ans le printemps prochain.
« On va refaire les loges et les espaces de restauration, le temple de la renommée du Canadien, la Cour Windsor. On va revoir la logistique pour faciliter le déplacement des fans entre les périodes.
« On a l’un des plus beaux amphithéâtres d’Amérique du Nord et on voulait se mettre à jour comme l’ont fait New York, Tampa Bay, Toronto et Boston. »
— Geoff Molson
Le PDG de l’institution montréalaise refuse de dévoiler les coûts de cette entreprise de restauration, mais il ne bronche pas trop lorsqu’on évoque le chiffre hypothétique de 100 millions.
Ces investissements ne sont certes pas étrangers à la hausse importante du coût des abonnements de saison des sections les plus populaires, dont on vient tout juste d’annoncer des augmentations de l’ordre de 10 à 25 %.
Geoff Molson assure par ailleurs que ces investissements n’ont pas été réalisés en réaction à l’ouverture prochaine de l’amphithéâtre Vidéotron à Québec.
« Ça n’a rien à voir. Québecor n’est pas un concurrent du Canadien, c’est même devenu un partenaire et notre philosophie, c’est de collaborer avec nos partenaires. C’est notre approche historique », insiste Geoff Molson.
En devenant le diffuseur officiel des matchs du Canadien du samedi et de toutes les séries éliminatoires, par sa filiale TVA Sports, Québecor est effectivement un partenaire du CH et le sera davantage lorsque l’entreprise sera membre de l’association des propriétaires de club.
Mais déjà, pratiquement, les deux groupes collaborent : le Canadien jouera l’un de ses matchs préparatoires à Québec contre les Penguins de Pittsburgh dans le Centre Vidéotron.
À titre de principal partenaire du groupe de production Live Nation, evenko réalise aussi du référencement de spectacle pour le public de la Vieille Capitale, souligne le PDG du Canadien.
Une fois encore, Geoff Molson insiste pour dire qu’il est favorable au retour des Nordiques à Québec, bien qu’il admette que Québecor devra payer cher (500 millions US) pour obtenir une nouvelle concession de la Ligue nationale.
« Nous, la famille Molson, on a payé le Canadien (575 millions) en dollars canadiens et on achetait une organisation très profitable. Québecor devra partir de rien et n’a pas d’horizon de profitabilité », constate Geoff Molson.