Cyclisme

Antoine Duchesne dans l’Enfer du Nord…

Après une année 2016 de rêve, marquée par son premier Tour de France, Antoine Duchesne a souffert ce printemps, ralenti par des chutes et la maladie. Le cycliste de Saguenay espère faire tourner la chance aujourd’hui pour sa quatrième participation à la classique mythique Paris-Roubaix.

Cyclisme  Antoine Duchesne

« Routes de tracteur »

Antoine Duchesne a pris de l’avance. Mercredi, il est allé reconnaître les derniers tronçons pavés de Paris-Roubaix avec son coéquipier Adrien Petit, 10e en 2016 et originaire de la région. « Ce sont des routes désertes de campagne, avec bien de la boue et du sable », a-t-il décrit le lendemain au téléphone de Valenciennes. « Ce sont des routes de tracteur. Il faisait beau et les pavés étaient secs. Après, ils font toujours aussi mal et ça brasse toujours autant ! » Les deux hommes ont rejoint leurs coéquipiers de Direct Energie, vendredi, pour un dernier entraînement sur les secteurs de la mi-parcours, où la poussière sera à l’honneur pour la 115e présentation de la classique prévue par temps sec et chaud. Duchesne disputera l’épreuve sur un vélo à freins à disque.

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« En train de me creuser un trou… »

Après avoir fini 85e du Tour des Flandres, dimanche dernier, Duchesne espère avoir franchi un cap. Ralenti par une chute à l’avant du peloton à une cinquantaine de kilomètres de l’arrivée, il a néanmoins retrouvé une condition physique encourageante après un printemps marqué par la poisse. Une bactérie intestinale l’a considérablement perturbé sur Paris-Nice, course par étapes où il avait remporté le maillot à pois de meilleur grimpeur l’an dernier, en route vers son premier Tour de France. « J’étais en train de me creuser un trou, illustre-t-il. J’étais complètement vidé en rentrant chez nous. J’ai fait 39 de fièvre pendant deux jours, j’ai vomi, j’ai perdu à peu près trois kilos. Ça m’a mis pas mal à terre. »

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« Un autre état d’esprit… »

Duchesne est lui-même tombé à l’Omloop Het Nieuwsblad et à Paris-Nice et a réussi à éviter le pire après une vague dans le peloton au Grand Prix E3. Au bout du compte, les résultats n’ont pas été au rendez-vous, ce qui a plombé son moral. « Inconsciemment, peut-être que je me mets beaucoup de pression. J’essaie donc d’attaquer les trois prochaines courses dans un autre état d’esprit. Je veux m’amuser comme je l’ai toujours fait, au lieu de me mettre trop de pression. » Après Paris-Roubaix, le cycliste de 25 ans enchaînera avec la Flèche brabançonne (12 avril) et l’Amstel Gold Race (16 avril), où il cherchera à épauler ses équipiers Bryan Coquard et Lilian Calmejane. Ce dernier lui a succédé au classement de la montagne de Paris-Nice et vient de remporter coup sur coup la Semaine internationale Coppi et Bartali ainsi que le Circuit de la Sarthe.

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Le Tour ?

Deuxième Québécois de l’histoire à s’être rendu au bout du Tour de France (107e), Duchesne veut bien sûr répéter l’expérience cet été. « On est toujours 10 ou 11 coureurs pour les neuf [places disponibles], calcule-t-il. La sélection se fait toujours un peu au dernier moment. On verra en temps et lieu. J’ai plusieurs autres choses sur lesquelles me concentrer en ce moment ! » Après une coupure fin avril, celui qui a concouru aux Jeux de Rio remontera en selle aux Quatre Jours de Dunkerque (9-14 mai) et participera ensuite au Tour de Belgique. Il ne sait pas encore s’il s’alignera sur le Tour de Suisse ou le Critérium du Dauphiné afin d’achever sa préparation pour un éventuel deuxième Tour.

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Rideau pour Boonen

Le champion mondial Peter Sagan, le vainqueur 2015 John Degenkolb, le médaillé d’or olympique Greg Van Avermaet, la révélation belge Oliver Naesen, coéquipier du Québécois Hugo Houle chez AG2R La Mondiale : le 115e Paris-Roubaix, course imprévisible par excellence, ne manque pas de prétendants. Mais Tom Boonen attirera toute l’attention. Surpris par le vétéran Mathew Hayman en 2016, le Belge de 36 ans dispute la dernière course de sa glorieuse carrière, avec l’ambition affichée (et réaliste) de s’imposer une cinquième fois, ce qui lui permettrait de surpasser son compatriote Roger De Vlaeminck. « Je le regarde aller depuis que j’ai commencé le vélo, souligne Antoine Duchesne. J’ai énormément de respect pour un coureur de ce style. Grosse course ou petite course, peu importe, il est toujours présent et se bat pour essayer de gagner. »

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Un sauternes pour le dessert ?

Installé depuis l’automne à Bordeaux, où sa copine effectue un échange étudiant universitaire, Duchesne a poursuivi son apprentissage des techniques viticoles, sa deuxième passion. « J’ai travaillé chez Rousset Peyraguey, dans les vins de Sauternes, explique-t-il. C’est donc une technique complètement différente de celle que j’avais connue l’année dernière » au domaine Gourt de Mautens, dans la grande région d’Avignon.

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Stabilité

À la fin de mars, Duchesne et ses coéquipiers ont eu le bonheur d’apprendre que Direct Energie s’engageait à rester commanditaire principal de l’équipe vendéenne jusqu’en 2019. « Cette confirmation est une super nouvelle, souligne-t-il. C’est le fun de savoir tôt en saison qu’on a une équipe pour les deux prochaines années. » En 2015, après le retrait de l’ancien parraineur Europcar, il avait dû attendre au mois d’octobre pour signer un nouveau contrat, renouvelé l’an dernier. L’ancien double champion canadien en est à sa quatrième saison sous les couleurs de la formation du directeur Jean-René Bernaudeau.

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