Intelligence artificielle

L’entreprise montréalaise Element AI recueille 200 millions

Deux ans après avoir obtenu un financement record de 137 millions dans le secteur de l’intelligence artificielle, l’entreprise montréalaise Element AI a annoncé hier avoir recueilli plus de 200 millions de dollars avec l’appui de nouveaux investisseurs, dont la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) et le gouvernement du Québec.

Avec cette nouvelle collecte de fonds, Element AI vaudrait entre 800 et 930 millions, selon une estimation du site spécialisé TechCrunch. 

Cet investissement, précise-t-on par communiqué, permettra à Element AI d’accélérer le déploiement et la commercialisation de ses solutions pour les entreprises. Comme l’a rapporté La Presse, ce n’est qu’en avril dernier, après deux ans de recherches et d’investissements, que la jeune entreprise fondée par le chercheur Yoshua Bengio et Jean-François Gagné a commencé à offrir des plateformes « clés en main » à ses clients.

« L’opérationnalisation de l’IA [intelligence artificielle] est actuellement le défi le plus difficile de l’industrie, et peu d’entreprises ont réussi à sortir les essais-pilotes des laboratoires et à les intégrer stratégiquement dans leurs opérations pour influencer concrètement les affaires. »

— Jean-François Gagné, PDG d’Element AI, dans un communiqué

« Nous sommes fiers de travailler avec nos nouveaux partenaires qui comprennent bien ce défi, et de tirer parti de l’expertise de chacun pour commercialiser des solutions d’IA », a ajouté M. Gagné.

Depuis le printemps dernier, Element AI offre à ses clients différentes applications qui peuvent être combinées, à la manière de blocs Lego. On vise dans un premier temps les entreprises de taille moyenne, entre 500 et 5000 employés, surtout dans les secteurs de la cybersécurité, de l’assurance et de l’analyse d’entreprises. Conçues à partir de la quarantaine de projets auxquels a participé Element AI, notamment en Corée du Sud, ces applications utilisent l’apprentissage profond pour automatiser des tâches.

Investisseurs et tempête

Outre la CDPQ et Québec, on compte parmi les nouveaux investisseurs McKinsey & Company, décrite comme « une entreprise mondiale de conseil en gestion », qui possède notamment la firme spécialisée en IA QuantumBlack. D’autres investisseurs de la première heure sont de retour, notamment Data Collective, la Banque de développement du Canada (BDC) et Real Ventures. La première ronde de financement, bouclée en juin 2017, avait en outre attiré Intel Capital, Microsoft Ventures, la Banque Nationale, NVIDIA, Hanwha Investment et Tencent. Au total, indique-t-on, Element AI a recueilli à ce jour 275 millions de dollars américains, soit 340 millions CAN.

Cette annonce survient au terme d’un mois tumultueux chez Element AI, alors que plusieurs reportages dans les médias ont soulevé des doutes sur la gestion de l’entreprise, qui compte un demi-millier d’employés, mais n’aurait eu que des revenus de 10 millions en 2018, selon le Globe and Mail. Le site The Logic a en outre rapporté que la conclusion du plus récent financement avait piétiné en raison des négociations entourant la prime de départ de son PDG, Jean-François Gagné. Chez Element AI, on a dénoncé hier cet article qui contiendrait « un nombre inquiétant de fausses informations et de faussetés », assurant que M. Gagné ne quittait pas l’entreprise. Celui-ci a décliné les demandes d’entrevue de La Presse.

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