À l’étude

Le lien entre sommeil et obésité élucidé

Les gens qui manquent de sommeil ont un risque accru de prendre du poids. Les recherches sur les animaux ont déjà démontré que moins de sommeil mène à une perte de masse musculaire. Une étude internationale sur des humains vient d’expliquer le lien entre les deux phénomènes.

Le contexte

« Les problèmes de santé associés au travail de nuit sont bien connus », explique Jonathan Cedernaes, de l’Université d’Uppsala en Suède, qui est l’auteur principal de l’étude publiée la semaine dernière dans la revue Science Advances. « On sait que les gens qui ont un décalage horaire social de plus de trois ou quatre heures, c’est-à-dire que leurs nuits sont décalées par rapport aux heures de sommeil de la plupart des gens, ont un risque plus élevé d’obésité. D’une manière générale, plusieurs chercheurs se demandent si l’épidémie d’obésité n’est pas associée à la fréquence plus élevée de travail de nuit dans nos sociétés modernes. »

La genèse

« Nous avons beaucoup travaillé sur les impacts biochimiques et génétiques du travail de nuit, explique le neuropsychologue suédois. Nous avons voulu voir concrètement ce qui se passe au niveau biochimique et de l’expression des gènes dans les muscles et les tissus adipeux des gens qui dorment peu. » L’étude a porté sur 15 hommes adultes qui ont passé deux nuits au centre de recherche de M. Cedernaes. Ils dormaient huit heures et demie la première nuit et ensuite passaient une nuit presque blanche, étant réveillés à quatre reprises pour des activités.

Ce que révèle l’étude

« Nous avons découvert que les changements dans les deux types de tissus sont associés à l’inflammation créée par le taux de réparation moins élevée des tissus du corps durant un sommeil fragmenté, dit M. Cedernaes. Il y avait un impact supplémentaire d’une mauvaise régulation du rythme circadien des cellules, leur évolution au fil de la journée, dans les muscles. » Quelles sont les conséquences cliniques de cette découverte ? « On a maintenant la preuve que le manque de sommeil a un lien causal avec l’obésité et la perte de masse musculaire, deux phénomènes qui s’amplifient entre eux. On peut donc recommander des mesures protectrices, au niveau de l’alimentation et de l’exercice physique, chez les gens qui n’ont pas le choix de travailler de nuit. D’autres équipes ont déjà commencé à travailler sur les molécules que nous avons identifiées dans ce mécanisme afin de trouver des médicaments pour contrer l’effet négatif du manque de sommeil. »

Et maintenant ?

La prochaine étape est de mieux comprendre comment ce mécanisme s’applique aux femmes. « Les hormones sexuelles ont un impact sur le sommeil, alors il est plausible que ce mécanisme sera différent chez les femmes, dit M. Cedernaes. Il faut aussi étudier les enfants, qui dorment davantage parce qu’ils sont en croissance. C’est aussi durant la croissance que sont établies les bases du métabolisme qui augmentent ou diminuent le risque d’obésité. Il y a aussi beaucoup de croissance de la masse musculaire. »

35 % des hommes dorment moins que la durée recommandée au Canada

29 % des femmes dorment moins que la durée recommandée au Canada

35 % des Canadiens n’ayant pas terminé leur secondaire dorment moins que la durée recommandée

30 % des Canadiens ayant un diplôme universitaire dorment moins que la durée recommandée

Source : Statistique Canada

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