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Édition du 20 février 2017,
section ACTUALITÉS, écran 7
On parle rarement de René-Théophile-Hyacinthe Laennec dans nos chaumières, mais sachez-le : l’homme était astucieux. S’il faut en croire l’histoire, c’est le 17 février 1816 que ce médecin français change à jamais les pratiques médicales grâce à une simple feuille de papier. Laennec roule la feuille pour en faire un tuyau, puis en pose une extrémité sur la poitrine d’une malade afin d’écouter son cœur. Il vient, mine de rien, d’inventer l’auscultation médicale. Laennec perfectionne son instrument et est considéré comme le père du stéthoscope.
Deux cents ans après son invention, le stéthoscope est toujours utilisé quotidiennement par les médecins généralistes et les cardiologues. « Le stéthoscope n’est pas mort », proclame Donald Palisaitis, cardiologue et chef du service d’hémodynamie à l’hôpital du Sacré-Cœur de Montréal. Un stéthoscope est formé d’un pavillon qu’on place sur la peau du patient, et qui contient une membrane qui vibre en fonction des bruits émis par le corps. Les vibrations sont transmises par des tubes jusqu’aux oreilles du médecin.
« Le stéthoscope permet d’écouter le cœur, les poumons et même l’abdomen. On peut s’en servir pour diagnostiquer autant une pneumonie qu’un souffle au cœur. Il nous donne tout de suite des indices pour savoir s’il faut faire des tests plus poussés », explique le Dr Palisaitis.
Dire que la technologie n’a jamais menacé le stéthoscope serait mentir. Aujourd’hui, des échographes à ultrasons souvent appelés « vscans », pas plus gros que des téléphones portables, permettent aux médecins de voir littéralement à l’intérieur des patients. Le hic : ils coûtent environ 10 000 $, contre 200 $ pour un stéthoscope. Et selon le Dr Donald Palisaitis, il faut un bon entraînement pour bien interpréter les images fournies par ces appareils.
« Le stéthoscope est peu dispendieux, rapide, pratique et ne fait pas mal aux patients », souligne-t-il.
Pour souligner le 200e anniversaire du stéthoscope, un débat semi-sérieux sur son avenir a été organisé l’an dernier dans le cadre du Congrès canadien sur la santé cardiovasculaire. Une équipe de médecins chargée de défendre le mythique instrument y affrontait des adversaires dont le slogan était « Adieu les vieilleries, bonjour la nouvelle technologie ». Avant le débat, 15 % des cardiologues de l’assistance se disaient d’avis que le stéthoscope était révolu. Après avoir entendu les arguments des deux camps, la proportion a chuté à 7 %. Comme quoi le stéthoscope a encore largement l’oreille des médecins.