Le règne végétal
Les produits d’origine végétale continuent de gagner du terrain dans notre assiette… pour notre plus grand plaisir.
Végé partout
Le végétarisme et le végétalisme sont omniprésents. On peut se demander si les raisons motivant cela sont les bonnes, mais la tendance ne bifurque pas : recevoir les milléniaux au gigot est une opération risquée. Quiconque ouvre un restaurant, se lance en transformation alimentaire ou publie un livre de recettes, un magazine ou un blogue doit tenir compte du nombre grandissant de consommateurs qui rejettent à plus ou moins grande échelle les produits animaux. Même la chaîne L’Gros Luxe avait son adresse 100 % végé jusqu’à tout récemment et si elle a dû fermer, c’est à cause des voisins qui se plaignaient du bruit. Et pendant ce temps, Aux Vivres s’installe à Westmount. Et ce marché est loin d’être saturé. Il y a encore beaucoup de place pour de bons restaurants végés qui embrassent réellement cette cuisine de façon savoureuse, sans essayer de copier le traditionnel avec des substituts. Mon végé préféré ? L’indien Pushap, rue Paré. Et vous ai-je parlé de la recette de gâteau au chocolat végétalienne de Nigella Lawson dans son livre Simply Nigella ? Parfaite.
Le sans-quelque chose
Il y en a qui honnissent le gluten, pour d’autres, les produits laitiers doivent être chassés, alors que le sucre a ses ennemis jurés. De plus en plus de consommateurs ne veulent pas de ceci ou de cela et les restaurants se montrent de plus en plus conciliants. Bravo à ceux qui prennent ces exigences au sérieux sans faire de compromis sur le goût. Chapeau, par exemple, à la cuisine de Perles et Paddock et à Patrice Pâtissier, dont le financier à la farine de sarrasin est impeccable. « C’est sûr qu’en 2018, on va avoir plus d’options sans gluten, véganes, sans lactose, tout le monde le demande, confie-t-on chez ce grand pâtissier. La clé, c’est de garder les mêmes normes de qualité. » Et tout en cherchant de nouveaux ingrédients, de nouvelles recettes. En 2018, on veut plus d’amarante, de polenta, de tapioca, de patate douce…
Les légumes se surpassent
L’ère de l’omniprésent foie gras est bien terminée et, en 2018, le légume continuera de s’imposer. Et autant d’un point de vue écolo que santé, c’est une bonne idée. Les chefs s’intéressent donc aux légumes, les auteurs de livres de recettes aussi. Et l’aliment végétal sort des sentiers battus : il pousse sur les toits façon Lufa, il pousse en hiver dans les tunnels abrités de maraîchers devenus rock stars comme Jean-Martin Fortier de la Ferme des Quatre-Temps. À Montréal, le temple de la cuisine mettant les légumes sur un piédestal dans le plus grand des plaisirs est le Vin Papillon, mais on pense aussi à Foxy ou au Manitoba. Et c’est sans parler des cuisines traditionnelles qui ont toujours adoré les légumes et que l’on redécouvre. Rendez-vous chez Sumac pour la tchoutchouka ou au Fieldstone pour la soupe à la courge et à la citronnelle cambodgienne.