Lancement de la tournée « Faut qu’on se parle »

Nadeau-Dubois n’exclut pas la création d’un parti politique

Ils quitteront Montréal pour une tournée de discussion partout dans la province, mais laissent la porte ouverte à la création d’un parti politique dans la foulée. Cinq personnalités de gauche – dont Gabriel Nadeau-Dubois et Jean-Martin Aussant – ont mis de l’avant hier la nécessité de consulter les Québécois devant l’absence de proposition satisfaisante dans le paysage politique actuel… quelques heures avant d’avoir la confirmation qu’une des têtes d’affiche venait de rallier le Parti québécois.

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AUSSANT REDEVIENT PÉQUISTE

Quelques heures à peine après le lancement de « Faut qu’on se parle », les réseaux sociaux s’enflammaient : cinq ans après avoir quitté le Parti québécois, Jean-Martin Aussant a repris sa carte de membre de la formation politique. L’ancien chef d’Option nationale pourra voter pour le choix du prochain chef péquiste, au début du mois d’octobre. Selon les informations obtenues par La Presse, M. Aussant a pris sa carte tout récemment et s’est bien gardé de rendre son geste public. Cette adhésion est devenue publique avec la transmission par la permanence du PQ des listes de membres aux candidats dans la course à la direction du parti. À des proches, M. Aussant a confié avoir pris sa carte afin de pouvoir voter pour le prochain chef péquiste, mais il n’entend absolument pas divulguer l’identité de son poulain.

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L’EMPLOYEUR D’AUSSANT À L’AISE

Porte-parole du Chantier de l’économie sociale, Martin Frappier souligne que « la filiation politique des employés ne concerne pas le chantier ». « Nous, on demande que ce soit dans des activités personnelles, que les gens ne s’identifient pas comme travaillant au Chantier quand ils font de la politique. M. Aussant, comme tous les membres de l’équipe, est libre de participer à des activités politiques en son nom personnel. » Lors de l’embauche de M. Aussant, à l’été 2015, le Chantier avait souligné qu’il était une organisation « non partisane ». « Quand M. Aussant parle au nom du Chantier, il parle au nom d’une coalition très large, qui représente toutes sortes d’intérêts », observe M. Frappier. Pour lui, le fait que le directeur soit membre du PQ ne colorera pas les relations entre l’organisme et le gouvernement.

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Dix questions

Un début de solution, à leur avis : une discussion concernant 10 interrogations autour de 30 constats. « Indépendance : comment se remettre en marche ? », demande ainsi la petite troupe, qui inclut aussi la militante autochtone Maïtée Labrecque-Saganash, l’agronome Claire Bolduc et l’urgentologue Alain Vadeboncoeur (absent hier). « Démocratie : comment reprendre le pouvoir ? » « Climat : comment enclencher la transition ? » Des points de départ qui les situent clairement à gauche du spectre politique, ainsi que dans le camp souverainiste. Il aurait été « hypocrite » de faire semblant que les personnalités au cœur de la démarche étaient vierges de toute opinion, a-t-on fait valoir. Les fédéralistes sont aussi invités à prendre part à la démarche, a affirmé M. Nadeau-Dubois.

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UN « SIGNAL » POUR LE PQ, DIT OUELLET

La réflexion lancée hier par deux indépendantistes bien connus envoie un « signal » au Parti québécois, a indiqué la candidate à la direction Martine Ouellet. Elle y voit la preuve que la formation « n’assume pas assez » sa raison d’être de faire du Québec un pays. Jean-François Lisée, pour sa part, a affirmé qu’il doutait que la consultation débouche sur la formation d’un parti. « Il y a eu beaucoup de trucs comme ça qui ont été faits dans le passé, a-t-il dit. Et au moment de faire le pas vers la création d’un parti politique, les gens se sont rendu compte que c’est une autre paire de manches. »

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ATTENTION À LA LOI, PRÉVIENT DE SANTIS

La ministre responsable des Institutions démocratiques, Rita de Santis, craint que les initiateurs de la tournée « Faut qu’on se parle » ne contournent la loi électorale. Mme de Santis a accueilli favorablement la conversation politique que souhaitent lancer Gabriel Nadeau-Dubois, Jean-Martin Aussant et trois autres personnes. Mais elle a aussi fait une mise en garde. « J’espère qu’ils vont respecter l’esprit de la loi électorale, a-t-elle prévenu. Est-ce qu’ils vont fairece que la Coalition avenir Québec a fait, se faire une petite banque d’argent, en le faisant sans respecter la loi électorale, et ensuite créer un parti avec cet argent ? J’espère qu’ils sont sensibles à cela. »

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« IL MANQUE QUELQUE CHOSE »

Dix rencontres sont prévues, à Sept-Îles, Trois-Rivières, Sherbrooke et ailleurs, afin de discuter avec des citoyens. « Il y a des partis politiques, il y a des syndicats, il y a toutes sortes d’organisations qui font des propositions progressistes », a reconnu M. Nadeau-Dubois au cours d’une conférence de presse, hier matin. Mais « de toute évidence, ces solutions à l’heure actuelle ne reçoivent pas l’approbation d’une masse critique de Québécois et de Québécoises. Il faut être assez lucide sur cette situation. » Selon lui, la gauche québécoise critique beaucoup, mais prend rarement la peine de mettre de l’avant un projet de société. « Il manque quelque chose », a-t-il dit.

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« ON N’EXCLUT RIEN »

Quant au résultat de cette démarche, les cinq acolytes se font plus nébuleux et ne veulent exclure aucune option. Une chose est certaine : le groupe publiera ses conclusions dès cet hiver. Et ensuite ? Un parti  ? « On n’exclut rien, on garde toutes les portes ouvertes », a dit M. Nadeau-Dubois. « C’est une des questions qu’on va poser aux gens : est-ce que vous pensez qu’il manque un véhicule politique ? », a-t-il ajouté, avant de continuer son énumération. Claire Bolduc a toutefois ajouté que le groupe était « conscient » des enjeux de division du vote dans le domaine de l’indépendantisme de gauche.

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