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Parallèlement à l’adoption du budget controversé, aujourd’hui, les élus seront appelés à voter des hausses de tarifs pour plusieurs services facturés à la pièce. Les villes liées ont quant à elles réussi à contenir l’explosion des taxes, malgré une augmentation de leur quote-part de 5,3 %.

Montréal

De nombreux permis et services coûteront plus cher

Obtenir un permis de construction. Fréquenter les centres sportifs. Faire prendre ses empreintes digitales. Plusieurs services facturés à la pièce par la Ville de Montréal coûteront plus cher en 2018. Parallèlement à l’adoption du budget, aujourd’hui, les élus montréalais seront appelés à voter des hausses de plusieurs tarifs. Ceux-ci augmenteront en moyenne de 1,5 %, mais la hausse sera plus marquée pour certains services.

Permis de construction

Le coût pour obtenir un permis de construction augmentera de 10 % en 2018. Les gens qui souhaitent construire ou rénover une maison verront les tarifs passer de 8,90 $ à 9,80 $ par tranche de 1000 $ de travaux. La hausse représente une augmentation de 387 $ sur la construction d’une maison unifamiliale de 500 000 $. « Quelqu’un qui a les moyens de se faire construire une unifamiliale à ce prix a les moyens », dit Benoit Dorais, président du comité exécutif. La Ville justifie cette hausse en indiquant que ces tarifs n’avaient pas été augmentés depuis 2012. Cette hausse représentera des revenus supplémentaires de 3,7 millions. « Ça ne vise pas à équilibrer le budget. L’argent va rester dans les coffres des arrondissements », explique Benoit Dorais. L’opposition à l’hôtel de ville y voit toutefois un dur coup pour l’attrait de Montréal auprès des jeunes familles. « Dix pour cent, c’est appréciable comme augmentation quand on veut faire des travaux. Ça attaque directement les personnes qui veulent rester en ville », déplore Lionel Perez.

Centres sportifs

La facture pour fréquenter les principaux centres sportifs augmentera en moyenne de 5 % à 8 %. L’inscription à la pratique libre du jogging ou du badminton au Complexe Claude-Robillard coûtera ainsi 66 $ par session, soit 4 $ de plus. Montréal dit profiter de la révision de sa grille pour bonifier l’offre de services. L’augmentation des tarifs touchera notamment les promoteurs et organismes sportifs qui devront payer plus pour louer les salles et gymnases. Montréal justifie cette hausse par le fait que ces locations réduisent la disponibilité et qu’une hausse est nécessaire pour compenser la diminution d’achalandage. « Certaines augmentations sont importantes, ça va affecter la capacité de plusieurs familles à faire du sport », déplore Lionel Perez. Benoit Dorais assure qu’il s’agit de mieux refléter le coût pour offrir ces services.

Indexation automatique

En entrevue, Benoit Dorais convient que certaines hausses de tarifs – gelés depuis plusieurs années – peuvent donner un coup. Pour l’éviter, il compte désormais indexer automatiquement à l’inflation les différents tarifs. Il estime une telle pratique saine, puisqu’elle reflète mieux le coût pour offrir ces services.

Empreintes digitales

Faire prendre ses empreintes digitales par le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) pour une vérification d’antécédents judiciaires, une demande d’adoption ou d’immigration coûtera également plus cher. Les gens devront désormais débourser 72 $ plutôt que 60 $. Cette hausse a été jugée nécessaire après une analyse du coût pour offrir ce service. On veut aussi éviter de faire « concurrence à d’autres fournisseurs offrant ce type de service ». Enfin, les promoteurs d’événements et producteurs de films qui doivent recourir au SPVM pour sécuriser leurs activités verront aussi leur facture augmenter de 6,5 % en moyenne afin de refléter leur nouvelle convention collective. « Louer » un policier coûtera ainsi 94,95 $ l’heure, tandis qu’un cadet reviendra à 26,42 $.

Interventions des pompiers

Montréal facturera plus cher pour les interventions de ses pompiers à l’extérieur de l’île. La métropole demandera ainsi 3495 $ l’heure pour son équipe de sauvetage en hauteur, en hausse de 70 %. Un sauvetage sur glace sera facturé 2570 $ l’heure, soit un tiers de plus que l’an dernier. Les tarifs de l’équipe spécialisée en matières dangereuses ont augmenté de 21 %, pour s’établir à 4980 $ l’heure.

Permis pour chiens et chats

Tous les permis annuels pour les animaux seront majorés de 2 $. Il en coûtera ainsi 27 $ pour un chien stérilisé (62 $ s’il ne l’est pas) et 12 $ pour un chat stérilisé (32 $ s’il ne l’est pas). Une réduction de 7 $ sera toutefois accordée aux propriétaires de chiens et chats munis d’une micropuce.

Centre d’histoire de Montréal

Les droits d’entrée au Centre d’histoire de Montréal sont également majorés. Les enfants et étudiants de plus de 18 ans détenteurs d’une carte Accès Montréal verront leur tarif passer de 2 $ à 4 $. Le coût passe de 4 $ à 5 $ pour les adultes. Sans cette carte, le tarif sera de 6 $ pour les enfants et de 7,50 $ pour les adultes.

Montréal

Les villes liées résistent à l’explosion des taxes

Les taxes des résidants des 15 villes liées à Montréal augmenteront plus rapidement que prévu, mais n’exploseront pas à la suite de la décision de l’administration Plante-Dorais d’augmenter leur quote-part de 5,3 %. Plusieurs ont décidé de puiser dans leurs réserves pour atténuer le coup.

Mont-Royal, municipalité reconstituée la plus touchée par l’augmentation de sa quote-part, a dû trouver 4,5 millions en quelques jours pour boucler son budget. La ville de 20 000 habitants avait prévu d’augmenter ses taxes de 1 %, mais elle devra plutôt demander 2,2 % de plus en raison de la facture imprévue.

« On avait prévu d’augmenter les taxes en deçà de l’inflation, mais on a été obligés de retravailler notre budget », s’est désolé le maire de Mont-Royal, Philippe Roy.

Pour éviter des réductions de services, il a été décidé de puiser dans les réserves et surplus accumulés. 

« On a toujours des réserves au cas où il y ait une crise du verglas… ou l’arrivée d’une nouvelle administration municipale », a ironisé le maire Philippe Roy.

Beaconsfield aussi a dû refaire ses calculs à la suite de la présentation du budget de Montréal. La municipalité avait prévu d’augmenter les taxes de 1,3 % en 2018, mais les citoyens recevront plutôt une hausse de 1,7 %, ce qui demeure sous le seuil de l’inflation prévue.

Pour limiter le choc, Beaconsfield a décidé de puiser près de 1 million dans ses réserves. « Ça ne changera pas nos activités pour 2018. Par contre, ça veut dire qu’on a 930 000 $ de moins en réserve pour des projets plus à long terme », a déploré le maire Georges Bourelle.

3,09 % à Westmount

L’augmentation sera plus salée à Westmount. La municipalité affirme qu’elle a dû revoir ses taxes à la hausse à la suite du budget de Montréal. « Notre plan consistait à limiter à moins de 1 % la hausse de la taxe, qui était gelée depuis deux ans. […] Toutefois, compte tenu de la nouvelle taxe d’agglomération annoncée le 10 janvier, l’incidence sur le compte de taxes de la maison unifamiliale se traduira par une hausse de 3,09 % », a annoncé la conseillère Kathleen Kez, lors de la présentation du budget.

L’impact ne se fera pratiquement pas sentir à Kirkland, où l’administration vient d’annoncer une hausse de taxes de 0,5 %, soit 21 $ en moyenne. Le maire Michel Gibson dit avoir malgré tout dû réaménager son budget pour arriver à une faible hausse de taxes.

Côte-Saint-Luc, qui présentera son budget ce soir, a aussi dû revoir ses plans. La municipalité prévoyait d’offrir un gel de taxes à ses citoyens en 2018, mais ce scénario se basait sur une augmentation de 2 % de sa quote-part. Montréal lui a plutôt refilé une augmentation de 3,5 %. 

« On va trouver des moyens pour avoir une augmentation inférieure à l’inflation, mais ce n’est pas facile. »

— Mitchell Brownstein, maire de Côte-Saint-Luc

D’autres villes avaient présenté leur budget en décembre, soit avant celui de Montréal. En décembre, Dollard-des-Ormeaux avait présenté un budget prévoyant une hausse de taxes de 1,5 %. Dorval a adopté une hausse de taxes de 2,5 % le 21 décembre. Il n’a pas été possible hier de savoir si ces villes envisageaient de présenter une modification à leur budget en raison de la hausse des quotes-parts.

Rappelons que les quotes-parts représentent environ la moitié des dépenses des villes liées. Celles-ci abritent 238 000 citoyens, soit le quart de la population de l’île.

À noter, les villes liées ont grandement dénoncé la hausse de 5,3 % de leur quote-part, mais la Ville de Montréal a elle-même augmenté sa propre contribution au fonctionnement de l’agglomération de 6,8 %. Alors que les 15 municipalités reconstituées doivent injecter 20 millions de plus dans l’agglomération, la Ville de Montréal ajoutera 125 millions.

Montréal

Manifestation contre l’adoption du budget

L’homme d’affaires montréalais Peter Sergakis organise ce matin une manifestation devant l’hôtel de ville de Montréal pour dénoncer le budget de l’administration Plante-Dorais. En campagne, Valérie Plante avait promis de limiter les hausses de taxes à l’inflation, mais son tout premier budget prévoit des augmentations de 3,3 % pour les immeubles résidentiels et de 3 % pour les commerces. « On n’est pas d’accord avec l’augmentation des taxes. Elle ne respecte pas sa promesse alors que les commerçants sont déjà surtaxés », déplore Peter Sergakis, propriétaire de nombreux immeubles. M. Sergakis espère rallier plusieurs centaines de personnes devant l’hôtel de ville afin d’inciter l’administration à réécrire son budget. La mairesse a toutefois catégoriquement refusé, estimant ne pas avoir d’autre option en raison des finances précaires de la métropole.

— Pierre-André Normandin, La Presse

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