CapFriendly.com

Pour assouvir l’appétit des mordus de chiffres

Il y a quelques semaines, Dominik Zrim était au travail et discutait de Tomas Plekanec avec un collègue qui pensait que le centre tchèque détenait une clause de non-échange.

« Allons voir CapFriendly.com. Connais-tu ça ? »

Le Lavallois de 38 ans a fait comme si de rien n’était. Il a joué le jeu et n’a pas dit à son collègue que c’est lui qui gérait le site.

« À part ma femme et les gars avec qui je travaille sur le site, je n’ai qu’un ami qui sait que je fais ça, raconte Zrim. J’aimais beaucoup la façon dont Matthew Wuest gérait autrefois CapGeek. Il ne voulait pas que l’attention aille vers lui, il voulait que ça aille vers le site. Je trouvais cela extraordinaire et j’ai voulu faire la même chose. »

Le commissaire de la LNH Gary Bettman ne cesse de dire depuis des années qu’il ne perçoit aucun appétit chez les amateurs pour les questions salariales reliées du hockey. Mais n’allez pas dire ça à Dominik Zrim. Il fréquentait lui-même CapGeek quatre ou cinq fois par jour jusqu’à ce que Wuest devienne trop malade pour diriger son site. Il a succombé à un cancer en mars 2015.

« Quand ça a fermé, je ne savais plus quoi faire de mon temps ! admet-il. Je me suis dit que ce serait un bon projet personnel à amorcer, mais au départ, je ne pensais que ça prendrait la forme que ça a aujourd’hui. » 

« Je ne pensais même pas en faire quelque chose de public. »

— Dominik Zrim, fondateur de CapFriendly.com

La nature ayant horreur du vide, deux sites concurrents ont pris le relais. Tom Poraszka a lancé General Fanager au moment même où Zrim concevait CapFriendly.

Or, en octobre dernier, Poraszka a été embauché par les Golden Knights de Vegas et a été forcé de fermer son site. Toute la circulation qu’il attirait vers General Fanager a alors été redirigée vers CapFriendly.

Il occupe désormais tout le terrain.

Zrim rêve-t-il lui aussi d’être engagé par l’une des formations de la LNH ?

« Je ne pense pas que ce soit mon vœu et je ne sais pas si c’est réaliste non plus, répond-il. Tom a été embauché dans des circonstances particulières. L’équipe de Vegas partait de zéro tandis que les autres équipes ont des gens intelligents qui ont leurs propres ressources et qui font ce travail beaucoup mieux que moi. »

Même les joueurs aident

Zrim est diplômé en informatique, mais c’est son partenaire établi à Kingston qui s’occupe de l’aspect programmation du site.

« Pour ma part, je m’occupe de la récolte d’information, de maîtriser la convention collective et de développer des contacts à travers la ligue, explique le Lavallois. Ça prend entre 40 et 50 heures de mon temps chaque semaine. »

CapFriendly glane son information de sources variées. À l’ouverture du marché des joueurs autonomes, il s’abreuve aux sommes rapportées par les « insiders ». Mais à longueur d’année, il reste en contact avec des membres du personnel des équipes, avec des agents, des familles de joueurs... et parfois même des joueurs eux-mêmes qui envoient une note pour corriger la valeur d’un boni à la signature, par exemple.

« Les informations reliées aux clauses partielles de non-échange sont parmi les plus difficiles à trouver, mais les plus difficiles sont les détails des choix conditionnels de repêchage dans une transaction de même que les bonis de performance relatifs aux matchs joués », explique Zrim.

Desharnais a failli tout faire sauter

La récente date limite des transactions a été fort chargée en raison des nombreux transferts de joueurs et de leur impact sur la masse salariale de chaque équipe. Dans les deux mois précédant cette période cruciale, le site avait d’ailleurs dû optimiser son serveur à trois reprises afin de répondre à une demande qui ne cessait d’augmenter.

« On a toujours beaucoup d’achalandage quand quelque chose se produit avec les Maple Leafs de Toronto ou les Blackhawks de Chicago, mais la seule transaction qui a failli faire sauter notre serveur, ç’a été celle envoyant David Desharnais à Edmonton. » 

« À un certain moment, 4000 personnes ont consulté la page du Canadien en l’espace de 15 secondes ! »

— Dominik Zrim, fondateur de CapFriendly.com

« Il y a eu tellement d’échanges la veille de la date limite des transactions qu’on est restés debout à travailler sur le site jusqu’à 2 h du matin. On était quatre à travailler en vue de la date limite. On a fait une téléconférence à 6 h du matin pour se séparer les tâches et le reste de la journée a somme toute bien été. On avait tous pris congé du travail ce jour-là et on a terminé vers 21 h, le temps de vérifier des détails comme la liste d’admissibilité des joueurs de la Ligue américaine en vue des séries, etc. »

La popularité sans cesse croissante du site a convaincu Zrim et son acolyte de ne pas vendre CapFriendly... même s’ils ont déjà reçu au moins une offre concrète. Ils entendent plutôt essayer d’ajouter de nouvelles fonctions au site ou d’améliorer celles qui existent déjà, comme leur outil de simulation en vue du repêchage d’expansion.

« Nous avons aussi commencé à travailler sur une version française qui devrait être opérationnelle à compter de cet été, ajoute Zrim. C’est un peu embarrassant qu’on ne l’ait pas encore fait, mais ça va nous aider à augmenter le trafic en provenance du Québec... »

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