Opinion

La face cachée de l’adolescence

Former la nouvelle génération, c’est comme envoyer des astronautes dans l’espace. Les premiers temps, le contact est excellent, limpide et régulier. Mais quand l’adolescence frappe, le vaisseau passe du côté obscur de la lune. La communication est difficile, parfois même coupée.

Ont-ils des ennuis ? Se rendront-ils à destination ? Dur de savoir… Il ne reste plus qu’à espérer qu’ils respecteront les valeurs martelées depuis l’enfance et qu’ils reprendront contact, une fois atterris sur la planète adulte.

L’image n’est pas de moi, mais de Claire Dunphy, triple maman de la série Modern Family. Elle illustre bien l’inquiétude générale face aux jeunes.

Au Québec, on connaît mal nos 14-17 ans, ceux qui seront demain aux commandes de la société. Normal, disent certains. Ces faux enfants cherchent à devenir de vrais adultes, et ils doivent le faire en pavant leur propre chemin. Le détachement est nécessaire.

On les observe donc de loin, sans trop savoir comment engager le dialogue.

On a peur pour eux. Mais on a aussi peur d’eux… C’est qu’ils sont déstabilisants, ces ados ! Ils contestent, ils revendiquent, ils ébranlent des certitudes bien ancrées. Ils nous renvoient surtout une image pas toujours flatteuse de nous-mêmes. C’est mignon, un petit de 5 ans qui pitonne sur une tablette électronique. Un ado qui maîtrise des technologies dont le simple nom nous échappe, c’est plus déstabilisant.

Connaissez-vous vraiment les plateformes qu’ils utilisent, les nuances de leur langage, les vedettes qu’ils suivent sur les réseaux sociaux ? Probablement pas. Il est facile de se sentir dépassé avec les ados. Ils évoluent dans un univers étranger au nôtre.

Houston, on a un problème…

Oui, la communication est parfois brouillée. Mais il y a de bonnes nouvelles : les efforts ne sont pas vains.

Savez-vous qui sont les modèles des 14-17 ans du Québec ? Oubliez le dernier Youtubeur en vogue… 60 % nomment plutôt un de leurs proches.

À qui les jeunes confieraient-ils la mission d’améliorer leur école ? Pas à un trio de célébrités ni même au ministre de l’Éducation… 73 % choisissent leurs enseignants.

Plus réjouissant encore, la majorité des jeunes se confieraient aux adultes de leur entourage en cas d’intimidation, pour clarifier un dossier d’actualité ou pour les guider dans leur choix de carrière. En cas de problème, les jeunes vous contacteront… si vous gardez le canal ouvert !

À vous, qui côtoyez chaque jour des ados, que ce soit dans les écoles ou à la maison, vous faites du bon boulot. Ils savent que vous êtes là, juste au bout du micro. Et ils vous écoutent plus qu’ils ne veulent vous le montrer…

Écoutons-les aussi, sans imposer nos réponses d’adultes. Demandons-leur plutôt ce qui marcherait pour eux. À génération distincte, solution distincte.

Et en prenant soin de nos adolescents comme on prend soin de nos tout-petits, on les propulsera au sommet, même si le voyage est parfois cahoteux.

10-4.

*Curium, le magazine science-techno-société des 14-17 ans, vient de réaliser une vaste enquête auprès de 1633 Québécois du secondaire.

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