LE CHIFFRE DE LA SEMAINE

980 m

C’est la dénivellation du domaine skiable du mont Whiteface, près de Lake Placid, dans l’État de New York. Il s’agit de la plus importante dénivellation de tous les centres de ski de l’Est de l’Amérique du Nord.

La vidéo de la semaine

Un chien impatient

Un petit chien n’a pas envie d’attendre son tour pour faire de la traîne sauvage.

Plein air

Histoires de familles et de ski de fond

C’est l’histoire de deux familles qui se sont tournées vers le ski de fond et qui en ont fait leur vie.

C’est l’histoire de Réjean Gadoury, qui voulait retourner sur sa terre natale et y bâtir une auberge.

C’est l’histoire de Marcel Cloutier, qui a vu la terre familiale coupée en deux par une autoroute.

Réjean Gadoury est né à la Montagne coupée, à Saint-Jean-de-Matha. Sa famille a quitté la terre, il est devenu électricien, mais il a toujours rêvé de revenir et de bâtir une auberge au sommet, raconte sa fille, Martine Gadoury.

Il a effectivement racheté sa terre natale, mais avant de construire la fameuse auberge, il a voulu mettre en place des activités pour exploiter la beauté du lieu. C’était au début des années 70.

« La mode était aux motoneiges, se rappelle Martine Gadoury. Le sentier de motoneige passait sur nos terres, près de la rivière, mais il y avait déjà des relais tout près. »

Personne ne se serait donc arrêté à un relais supplémentaire.

« Quelqu’un lui a donné l’idée du ski de fond. Il y en avait peu à Lanaudière à l’époque. C’est comme ça que ça a commencé. » — Martine Gadoury

Au début, une équipe partait le matin pour ouvrir les pistes en ski. M. Gadoury a rapidement utilisé une motoneige, avant d’investir dans de l’équipement lourd pour travailler les pistes.

Il y a 21 ans, Martine Gadoury et son conjoint, Denis Vincent, ont racheté le centre de ski de fond.

« Quand mon père a construit son auberge, il lui manquait de jus pour tout administrer », se rappelle Martine Gadoury en riant.

M. Gadoury est mort il y a 11 ans, des employés ont racheté l’auberge. Les moines cisterciens d’Oka ont acquis la terre, mais Mme Gadoury et M. Vincent ont continué à exploiter la station de ski de fond.

« L’âme est toujours là à la Montagne coupée, affirme Martine Gadoury. Les gens viennent pour cette ambiance. J’ai des clients que j’ai connus quand j’étais toute petite. C’est devenu une grande famille élargie. »

De son côté, la famille Cloutier a vu sa vie chamboulée lorsque l’autoroute 15 a traversé la terre familiale, au nord de Saint-Jérôme, au milieu des années 60.

« Ma mère, qui avait pas mal d’énergie, a voulu une salle de réception, se rappelle Marcel Cloutier. J’ai bâti la salle Gai-Luron alors que j’avais 22 ans. »

Le ski de fond a commencé doucement. Des connaissances, des gens de la famille ont commencé à parcourir la terre familiale, boisée et gentiment vallonnée.

« J’ai commencé à tracer avec une motoneige, raconte M. Cloutier. J’ai acheté les terres de chaque côté de celle de mon père, puis j’ai racheté la terre de mon père. Maintenant, j’ai la machinerie la plus sophistiquée qu’on puisse avoir. »

SEPT JOURS SUR SEPT

L’entretien des sentiers, c’est l’arme secrète qui a permis à ces deux centres de ski de fond familiaux, la Montagne coupée et Gai-Luron, de survivre au cours des années, face à la SEPAQ et à des parcs régionaux.

Il ne faut toutefois pas compter ses heures.

« Je suis un bûcheron de nature, je suis venu au monde sur la terre, rappelle Marcel Cloutier. Je suis habitué à travailler sept jours sur sept. »

Il complète ses revenus hivernaux avec le rendement d’investissements dans l’immobilier.

« Il ne faut pas s’attendre à faire des millions avec le ski de fond. Nous n’avons pas autant d’employés que dans les parcs, nous faisons du multitâches mais nous aimons ça. »

— Martine Gadoury

L’autre secret de la réussite de la Montagne coupée, c’est son école de ski, qui forme les skieurs de demain. Les anciens élèves deviennent moniteurs et s’occupent à leur tour d’élèves qui peuvent commencer à chausser les skis dès l’âge de 3 ans.

La Montagne coupée et Gai-Luron ont également bénéficié de la popularité de la raquette. Les deux ont rapidement constaté qu’il fallait établir des sentiers séparés.

« Nous sommes contents de nos sentiers de raquette, ils sont étroits, ils montent, ils descendent, note Mme Gadoury. C’est une activité accessible qui nous amène une autre clientèle. »

Marcel Cloutier affirme de son côté que 15 % de la clientèle de Gai-Luron fait de la raquette.

M. Cloutier vient également d’ajouter un sentier de fatbike à son domaine et offre des vélos en location. La réponse est encourageante.

« Je suis surpris, avoue-t-il. J’étais sceptique, c’est mon garçon qui insistait. »

C’est d’ailleurs son fils qui prend peu à peu la relève de Gai-Luron.

Du côté de la Montagne coupée, la fille du couple Vincent-Gadoury, Charlotte, est aux études à l’université, mais elle vient quand même donner un sérieux coup de pouce les fins de semaine. Il s’agit bel et bien d’une histoire de famille.

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