« La situation en Afghanistan est alarmante » et le risque de famine est « imminent » avec l’approche de l’hiver et la désorganisation des services suivant le retour des talibans au pouvoir, a prévenu dans un entretien avec l’AFP la directrice du Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP), Natalia Kanem.
« Au moins le tiers de la population est menacée d’une famine imminente dans le pays », a averti Mme Kanem, particulièrement préoccupée par les violences « dont sont désormais victimes les femmes et les filles », notamment les femmes déplacées.
Selon elle, l’hiver rigoureux qui entrave le bon fonctionnement des transports et la pandémie détérioreront une situation déjà difficile.
« Il y a beaucoup d’inquiétudes sur la manière dont nous allons pouvoir soigner et nourrir » les gens, a averti cette médecin panaméenne au siège du FNUAP à New York.
Dans ce contexte, les premières victimes seront les femmes.
Des signes inquiétants
« Nous ne saurions trop insister sur le fait que, même pendant cette période de transition, les femmes et les filles ont des droits qui doivent être respectés », a-t-elle indiqué en rappelant que l’Afghanistan est déjà « l’un des pays où le taux de mortalité à l’accouchement et durant la grossesse est le plus élevé » au monde.
« Les femmes d’Afghanistan ont clairement fait savoir depuis des années qu’elles veulent leur éducation, leurs soins de santé, et qu’elles sont également prêtes, désireuses et capables de concevoir des programmes afin de pouvoir diriger leurs communautés », a fait remarquer Natalia Kanem.
Malgré les promesses des talibans de se montrer plus ouverts et moins violents que lors de leur premier régime (1996-2001), les signes ne sont pas très encourageants pour les femmes.
D’un côté, ils s’affichent moins rigoristes, semblent moins importuner les femmes dans la rue et les autorisent à étudier. Mais de l’autre, ils suppriment le ministère des Femmes, remplacent ces dernières par des hommes dans certaines administrations, rétablissent la non-mixité à l’université.
Natalia Kanem rappelle que dans un Afghanistan ravagé par des décennies de conflit, les femmes, notamment dans les zones les plus durement touchées par la violence, sont les seuls soutiens de famille.
— Agence France-Presse