Dopage

Therese Johaug bannie des Jeux de 2018

Un simple baume à lèvres va priver la Norvège d’une de ses pièces maîtresses aux Jeux olympiques d’hiver de 2018, la fondeuse Therese Johaug, plusieurs fois médaillée olympique et septuple championne du monde, ayant vu sa sanction alourdie pour violation des règles antidopage. Retour en six points sur cette saga.

Dopage  Therese Johaug bannie des Jeux

« Complètement anéantie »

Le Tribunal arbitral du sport (TAS) a infligé hier une suspension de 18 mois à Johaug, qui a subi un contrôle positif à un stéroïde l’an dernier. C’est cinq mois de plus que la sanction prononcée en février par l’instance arbitrale du sport norvégien, mais dont la Fédération internationale de ski (FIS) avait fait appel, la jugeant trop clémente. Johaug avait quant à elle demandé au TAS d’annuler sa suspension initiale de 13 mois – qui aurait pris fin à temps pour qu’elle participe aux Jeux de PyeongChang, en Corée du Sud. « Je suis complètement anéantie. Je rêvais de participer aux Jeux olympiques », a réagi l’athlète de 29 ans, en larmes lors d’une conférence de presse dans les Alpes italiennes, où elle s’entraînait. « Je ne peux pas comprendre la sanction dont j’écope. Je la trouve injuste. » 

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Le baume à lèvres de trop

La Norvégienne a été déclarée positive au clostébol, un stéroïde anabolisant interdit par l’Agence mondiale antidopage (AMA), lors d’un contrôle inopiné le 16 septembre. Elle dit avoir absorbé cette substance par le truchement d'une crème pour les lèvres, le Trofodermin, fournie par le médecin de l’équipe nationale pour traiter des brûlures subies lors d’un entraînement en altitude en Italie à la fin d’août. Le tribunal olympique norvégien avait imposé une suspension de seulement 13 mois après avoir accepté la version des faits de Johaug. « Je crois avoir tout fait correctement, a dit Johaug au centre d’entraînement en Italie. J’ai rencontré un expert qui m’a donné ce baume et je lui ai demandé s’il était sur une liste de produits interdits. On m’a répondu non. »

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Bonne foi reconnue, négligence reprochée

Depuis le début de l’affaire, les juges ont accordé foi à ses explications et exclu une tentative de tricherie, les quantités retrouvées n’étant d’ailleurs pas considérées comme de nature à doper les performances. Mais c’est sa négligence qui lui est reprochée. Hier, le TAS a expliqué que Johaug avait manqué à ses obligations en ne vérifiant pas l’emballage du baume, estampillé d’un symbole avertissant clairement du risque de dopage. « De telles omissions ont débouché sur une violation des règles antidopage qui ne cadre pas avec son passé par ailleurs propre en matière de dopage », a souligné le tribunal dans un communiqué de presse.

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La FIS satisfaite

La FIS croyait qu’une suspension de 13 mois était « dans le bas de l’échelle des peines raisonnables ». Elle a aussi cité l’incapacité de Johaug à « lire l’avertissement de dopage imprimé en rouge sur l’emballage » et l’utilisation d’un médicament qu’elle ne connaissait pas et qui a été acheté ailleurs que dans son pays natal. Dans un communiqué publié hier, la FIS s’est dite « satisfaite qu’une organisation indépendante ait pu réviser les faits du dossier et rendre une décision impartiale, ce qui était la raison de la demande d’appel de la FIS auprès du TAS ».

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L’image du ski norvégien écorchée

La nouvelle a jeté un froid en Norvège, où le ski est le sport national. « J’ai mal et je suis désespérée que Therese doive payer un prix aussi élevé dans une affaire où on la croit en tout point », a commenté sa grande amie et rivale, Marit Bjorgen, citée par la radiotélévision NRK. Les médias norvégiens étaient unanimes pour trouver la sanction de Johaug trop sévère. « La lutte antidopage dans le sport a perdu le sens de la raison », commentait le journal de référence Aftenposten. Mais le tabloïd Verdens Gang jugeait aussi que « le verdict contre Johaug porte un gros coup à la naïveté norvégienne ». Car l’affaire, malgré son caractère accidentel, écorne l’image du ski norvégien, qui s’est longtemps targué d’être propre. D’autant qu’en juillet, Martin Sundby, autre star nationale, avait été suspendu pour deux mois et privé de sa victoire dans le Tour de Ski 2015 pour usage non autorisé de Ventoline. Là encore, la Fédération en avait assumé la responsabilité, ayant omis de demander une autorisation pour l’usage de cet anti-asthmatique.

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Point final

Médaillée d’or au relais 4 x 5 km aux Jeux de Vancouver en 2010, médaillée individuelle d’argent et de bronze aux Jeux de Sotchi en 2014 et sept fois championne du monde, Johaug, bien que durablement éloignée des compétitions, a exclu de raccrocher pour l’instant. « Mais je ne sais pas quelle sera ma motivation à l’avenir », a-t-elle prévenu. La décision du TAS met a priori un point final au dossier. Seul un appel, jugé improbable, devant la Cour suprême suisse pour vice de procédure pourrait infléchir le cours des choses. La suspension courra jusqu’au 18 avril 2018, au-delà, donc, des Jeux de PyeongChang, en Corée du Sud, du 9 au 25 février.

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