Alimentation

Moins de Metro, plus de Super C

Les supermarchés Metro sont de moins en moins nombreux au Québec. Depuis une décennie, leur nombre a reculé de 10 %. Mais pendant ce temps, l’épicier québécois a multiplié les inaugurations de magasins Super C. L’enseigne à bas prix est en effet passée de 61 à 97 succursales, une hausse de 59 %.

Le nombre de supermarchés Metro diminue lentement, mais sûrement. Encore l’an dernier, deux succursales ont disparu du paysage québécois. Depuis 10 ans, leur nombre est passé de 221 à 199 dans la province.

Hier, à l’occasion de l’assemblée annuelle des actionnaires, il n’a pas été possible de savoir si la tendance se maintiendra ou pas. L’entreprise ne divulgue pas ses projets d’expansion par province ni par enseigne.

« De nouvelles ouvertures, il y en a un couple dans les cartons, comme on dit. On va ouvrir un supermarché urbain Super C au marché Saint-Jacques quelque part en 2019 », a précisé Eric Richer La Flèche, président et chef de la direction de Metro.

« Il y a quelques projets, mais il n’y en a pas une tonne. »

— Eric Richer La Flèche

Le dirigeant a convenu que Metro « couvre le marché pas mal » et que le « réseau [est] mature au Québec ». Ainsi, le détaillant met surtout son énergie dans des relocalisations et des agrandissements de magasins. M. La Flèche a toutefois précisé qu’une épicerie ethnique Adonis avait ouvert ses portes à Gatineau en 2018.

Le réseau Metro depuis 10 ans au Québec 

Metro : de 221 à 199 succursales (- 10 %)

Super C : de 61 à 97 succursales (+ 59 %)

Total : de 282 à 296 succursales (+ 5 %)

Source : rapports annuels de Metro

Plus grande sensibilité aux prix

Les nouveaux Super C ont évidemment modifié significativement le poids du créneau des bas prix dans le réseau de Metro.

Proportion de Super C dans le réseau de Metro au Québec

En 2008 : 22 %

En 2018 : 33 %

Source : rapports annuels de Metro

Cette stratégie de l’épicier québécois n’étonne pas Sylvain Charlebois, expert en distribution et politiques agroalimentaires à l’Université Dalhousie. « Le marché ontarien en a toujours été un de chasseurs d’aubaines. Le Québec rattrape l’Ontario là-dessus », croit-il.

Dans la province voisine, l’enseigne à bas prix Food Basics compte 131 succursales, alors qu’il y a 134 Metro. Autrement dit, c’est presque moitié-moitié.

« La récession de 2008, qui a duré longtemps, nous a affectés. Et puis il y a les circulaires électroniques et les sites de comparaisons de prix qui amènent une plus grande sensibilité aux prix, une plus grande connaissance des prix chez les consommateurs », fait valoir JoAnne Labrecque, spécialiste de la vente au détail à HEC Montréal.

L’universitaire ajoute que la recherche d’aubaines n’est plus un tabou, comme nous le dit d’ailleurs Martin Matte dans les publicités de Maxi, la grande rivale de Super C.

« Le prix, c’est cool. Avant, c’était un indicateur de qualité. Ce n’est plus nécessairement le cas. »

— JoAnne Labrecque

Ventes en ligne en progression

Les rares ouvertures de nouveaux supermarchés au Québec s’expliquent en partie par la croissance du commerce en ligne, poursuit Mme Labrecque. À ce sujet, le grand patron de Metro s’estime « très actif » en matière de commerce électronique et affirme – sans donner de chiffres – que « les ventes sont en constante progression ».

« Ce n’est pas profitable en ce moment », a-t-il convenu, tout en espérant que ça le devienne rapidement.

Pour l’instant, le détaillant assemble les commandes en ligne dans sept magasins et mise surtout sur la livraison, plutôt que sur le ramassage en magasin. « Si ça prend trop d’ampleur et qu’il faut un entrepôt dédié, on le considérera », a précisé M. La Flèche.

Metro n’envisage pas de permettre aux clients de Super C de faire leur épicerie dans leur salon, même si ceux de Maxi ont cette possibilité depuis quelques mois.

« Super C est une bannière d’escompte pour des gens pour qui le prix est très important. Pour nous, l’économique du modèle en ligne ne fonctionne pas. »

— Eric Richer La Flèche

Résultats conformes aux attentes

Les investisseurs ont un peu mal réagi hier à l’annonce des résultats du premier trimestre. L’action a terminé la journée en baisse de 0,65 %. Le bénéfice net ajusté par action s’est établi à 67 cents alors que les analystes s’attendaient (en moyenne) à ce qu’il atteigne 68 cents. Les ventes ont cependant dépassé les attentes.

Chiffre d’affaires : 3,98 milliards (+ 27,8 % ou + 3,5 % en excluant le Groupe Jean Coutu)

Ventes comparables en alimentation : + 3,2 %

• Ventes comparables en pharmacie : + 1,5 %

Bénéfice net ajusté : 172,2 millions (+ 35,9 %)

Bénéfice net dilué par action ajusté : 0,67 $ (+ de 21,8 %)

Peter Sklar, analyste spécialisé en vente au détail chez BMO Marchés des capitaux, a souligné les « fortes ventes comparables » attribuables autant à l’augmentation de l’achalandage que du volume et des prix, ainsi que l’augmentation du dividende de 11 %, à 20 cents.

« Malgré les difficultés persistantes du secteur liées aux pressions croissantes sur les coûts, à l’environnement de plus en plus concurrentiel et à l’essor constant du commerce électronique, l’exécution cohérente de Metro continue d’être de bon augure », a écrit sa collègue Joanne Chen.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.