Les vins de la semaine

Des cuvées qui sortent de l’ordinaire

Bien des vins sont vendus en grande quantité. D’autres, issus de petites productions, sont plus difficiles à trouver. Or, c’est souvent parmi ceux-là qu’on retrouve des vins qui nous interpellent, nous provoquent, nous font réfléchir. Le goût n’est pas quelque chose d’immuable, et le vin peut aussi être une formidable incursion dans un monde de saveurs nouvelles. De temps en temps, ça fait du bien de se faire bousculer un peu et d’élargir ses horizons.

Un espagnol au goût unique

Issu de vieilles vignes non irriguées de macabeo (viura en Rioja, maccabeu en France) près du village de Valdejalón, en Aragon, le vin Bodega Frontonio Microcosmico Macabeo Valdejalón est aromatique, mais peu fruité : agrume, zeste, pelure de pomme verte, mais surtout une impression minérale, caillouteuse, saline, avec de légères notes fumées. Il offre une superbe texture en bouche, avec de la mâche, de la profondeur et de la fraîcheur. Des notes d’agrumes, de tilleul, de camomille se mêlent à celles minérales et de fumée, et l’alcool est parfaitement intégré. Des airs d’assyrtiko ou de riesling, mais aussi quelque chose de complètement unique. À essayer avec de la pieuvre grillée, des calmars frits, un risotto aux fruits de mer.

Garde : 4 à 6 ans Bodega Frontonio Microcosmico Macabeo Valdejalón 2017, 22,75 $ (14083409), 14 %

Un italien qui épate

Énorme coup de cœur pour ce vin singulier, complexe et déroutant, assemblage d’arneis, cortese, sauvignon blanc et vermentino. Il y en a peu, mais le Bera Vittorio e Figli Arcese n’est pas non plus pour tous. Très aromatique, avec des notes de pomme blette, de coing, de confiture d’abricots, de miel, puis de thé vert, de matcha, d’écorce d’agrumes. Il ne cesse d’évoluer. Pareil en bouche : zeste d’orange, thé roïboos, bergamote, verveine. Sec, savoureux, riche et texturé, il fait preuve de beaucoup de matière, mais aussi d’élan et de fraîcheur, et s’étire sur une longue finale aux jolis amers. Encore meilleur le deuxième jour. Je n’ai aucune idée avec quoi l’accompagner, sinon des amis avec qui vous voudrez en discuter !

Garde : 4 à 6 ans Bera Vittorio e Figli Arcese Vin d’Italie 2017, 29,40 $ (14039301), 13,5 %

Un autrichien délicieux

Celui-ci vient d’arriver, alors il devrait y en avoir beaucoup. Et heureusement parce qu’il disparaît habituellement assez vite des tablettes et… de la bouteille ! Assemblage de zweigelt et de blaufränkisch, le Pittnauer Pitti Burgenland déborde de saveurs juteuses et croquantes de petits fruits, avec quelques notes épicées. Très sec et frais, avec une matière mûre, gouleyante et des tanins modérément fermes, au grain fin. Savoureux et gourmand, mais avec un certain volume et de la structure. Un véritable délice chaque année, grâce au travail irréprochable du vigneron, Gerhard Pittnauer. À déguster, légèrement rafraîchi, avec charcuteries, saucisses grillées, petit salé aux lentilles, poulet rôti.

Garde : 3 à 5 ans Pittnauer Pitti Burgenland 2017, 19,85 $ (12411000), 12,5 %, bio

À la carte

La scène gastronomique montréalaise se réinvente sans cesse. Ouvertures de restaurants, nouveaux menus, évènements… Nous vous présentons chaque semaine ce qu’il ne faut pas manquer pour bien boire et bien manger.

En vedette

Bloom, ou la prochaine génération de sushis

C’est le bébé de Dominic Bujold, celui qui nous a donné les restaurants de cuisine botanique Lov. Sushi Bloom a ouvert ses portes jeudi rue Saint-Paul Ouest, dans le Vieux-Montréal, dans un superbe écrin dominé par les couleurs et matériaux naturels, création de la designer Jacinthe Piotte.

Avec Bloom, l’homme d’affaires revient en quelque sorte à ses premières amours, lui qui avait fondé et propulsé les Sushi Shop. Sauf que cette fois, on a affaire à des sushis botaniques. De vrais sushis, oui, mais à base de plantes, et entièrement véganes. Et donc, exempts de mercure, d’antibiotiques et d’impact sur les océans, en plus de pouvoir convenir aux femmes enceintes et à ceux qui sont allergiques aux produits marins. Un sushi évolué, estime Richard Sia, gérant de l’endroit et autrefois propriétaire du Ginger Sushi.

Pour l’aider dans son entreprise, Bujold s’est allié au chef et fondateur du populaire Sushi Momo, Christian Ventura. Ensemble, ils ont pensé le Bloom, où la cuisine de Ventura peut se déployer dans un cadre plus gastronomique, avec un menu composé de futomakis, hosomakis et nigiris, bien sûr, mais aussi d’entrées diverses et « tapasus » inspirés des izakayas japonais. « Le menu grandira et variera aussi en fonction des saisons », précise le chef.

L’endroit, justement, propose deux sections : une plus petite de type izakaya, d’un côté, dominée par un bar donnant sur la cuisine ouverte, sans réservations, et, de l’autre, une salle à manger, offrant une quarantaine de places. Le même menu y est proposé, ainsi qu’une carte présentant une belle sélection de sakés et de cocktails – tous offerts en version mocktail, d’ailleurs.

Espace inclusif, Bloom Sushi veut offrir une expérience sans pareille à sa clientèle qu’elle espère de tous les horizons. Au-delà de l’offre botanique, toute une réflexion écoresponsable a été menée en amont. L’endroit met de l’avant des matériaux naturels (bois non traité et colle naturelle, murs verts, plantes, cordages), et n’utilisera aucun plastique – surtout pas dans ses plats pour emporter, qui devraient être offerts d’ici quelques mois.

Un projet inspirant que M. Bujold espère, à l’image des Lov, pouvoir multiplier un peu partout dans le monde.

368, rue Saint-Paul Ouest, Montréal

Évènement

Jamais assez de pizza !

Pas de doute, il y en a, du choix, pour les amateurs québécois de pizza : on ne compte plus les établissements qui font de l’emblématique mets italien leur plat vedette. Pour ceux qui n’en ont jamais assez, plusieurs villes, dont Montréal et Québec, accueillent la troisième édition du Pizza Fest depuis quelques jours. Jusqu’au 24 septembre, les férus de pizzas peuvent visiter une quarantaine d’établissements participants, qui ont tous créé une pizza spéciale pour l’occasion, dont Amelia’s, les pizzerias Melrose (Plateau et NDG), Fiorellino, Joia Sociale et plusieurs Piazzetta un peu partout au Québec.

Ouverture

Maman, de New York à Montréal

Si vous êtes un visiteur aguerri de New York et foodie à vos heures, vous avez sans doute déjà posé les pieds chez Maman. D’abord ouvert dans le quartier SoHo en 2014, le concept s’est rapidement multiplié, de Tribeca en passant par Brooklyn et Toronto. Depuis août, le quartier Griffintown accueille le huitième emplacement de ce concept imaginé par les Canadiens d’origine, et aujourd’hui Montréalais d’adoption, Benjamin Sormonte et Elisa Marshall (Sabrina Taddei s’ajoute comme partenaire ici), qui se sont inspirés de leurs souvenirs d’enfance et de la cuisine de leurs mamans pour un menu évoquant à la fois le sud de la France et l’Amérique du Nord. À la fois café (on y sert du Parlor de Brooklyn, inédit au Canada), restaurant et pâtisserie, avec une cuisine ouverte tous les jours jusqu’à 16 h, Maman propose de nourrissantes salades-repas, ratatouille, omelettes, pancakes, tartines d’avocat et autres tartines, quiches et sandwichs, en plus d’une jolie carte de cocktails. L’endroit, avec son esthétique très boho chic, profite d’une rumeur très favorable puisque ses biscuits ont déjà été nommés parmi les « favorite things » d’Oprah en 2017. Attrapez les derniers jours de beaux temps pour profiter de la romantique terrasse.

1524, rue Notre-Dame Ouest, Montréal

Cuisine locale

Nos fermiers à l’honneur

Si l’on mange si bien dans plusieurs restaurants québécois, c’est d’abord et avant tout grâce à la pléiade de petits producteurs d’ici qui les approvisionnent, jour après jour, en légumes et autres fins produits locaux et, souvent, bio. Du 17 au 19 septembre, le Réseau des fermiers de famille, un regroupement propulsé par Équiterre, qui vend ses produits sans intermédiaire aux consommateurs, met ses restaurants et chefs partenaires de l’avant, avec l’évènement Je mange local et bio. Une carte permet de géolocaliser les restaurants qui cuisinent avec les aliments biologiques et locaux des fermes maraîchères, d’élevage et des vignobles d’un peu partout au Québec. Ayez à l’œil ceux qui affichent une icône orange : ils serviront pour l’occasion un plat mettant en vedette les produits locaux. Une belle façon de découvrir de nouveaux endroits qui soutiennent les fermiers d’ici et l’agriculture biologique !

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