Industrie agricole

L'appareil qui retient les flammes

Chaque année, il y aurait plus de 200 incendies dans des fermes au Québec. La troublante statistique du ministère de la Sécurité publique a motivé l’ingénieur Pierre-André Meunier à trouver une solution pour prévenir de tels événements et, par conséquent, les ravages qu’ils causent sur les lieux agricoles.

« C’est beaucoup, 200, lance le président et fondateur de PrevTech Innovations, établie à Saint-Hyacinthe. À Montréal, on a une optique d’incendie occasionnel. Ça a pourtant un effet communautaire assez important. Ça cause un arrêt de production qui entraîne une perte de revenus et d’emplois. »

Parce que la moitié des incendies serait causée par des problèmes électriques, et fort d’une expertise dans le domaine et « de bonnes relations avec les assureurs », le patron de PrevTech, nommée cette année au gala Constellation (catégorie Nouvelle entreprise) qui aura lieu samedi, a conçu un appareil qui permet de détecter les défaillances électriques pouvant dans certains cas conduire à des incendies.

Un produit similaire (SmartScan) a été lancé en 2011 par Nuvolt, une entreprise de Lévis aujourd’hui fermée, mais il était destiné au milieu industriel.

« Pourquoi dans d’autres industries, on apporte des solutions novatrices ?, demande Pierre-André Meunier. Dans l’industrie pétrochimique, par exemple, les incendies sont inadmissibles. Or, l’industrie agricole est laissée pour compte. Les assureurs mettent l’accent sur la protection en raison de la taille colossale des fermes aujourd’hui. Il en coûtait 400 000 $, il y a 10 ans, pour rebâtir une ferme brûlée. Maintenant, c’est de 1 à 3 millions. »

Un diagnostic en temps réel

En 2017, PrevTech a ainsi dépensé des centaines de milliers de dollars pour fabriquer un outil de diagnostic en temps réel, soit un appareil qui est aujourd’hui installé dans des panneaux électriques de 140 fermes du Québec. « On propose une forme de paix d’esprit aux producteurs », résume Pierre-André Meunier.

Une paix d’esprit au prix de 1675 $ l’unité et 995 $ par an pour le service de surveillance. « C’est assez rapide pour convaincre les gens, raconte Pierre-André Meunier, qui a longtemps travaillé en capital de risque. La réceptivité est excellente. Tout le monde dans ce milieu connaît quelqu’un qui a eu un feu. C’est installé par le propre électricien du fermier. Quand il y a une anomalie, l’information est envoyée immédiatement à l’électricien qu’on implique dans l’équation. »

On imagine l’installation d’un tel appareil engendrer rapidement des économies sur les polices d’assurance. À ce titre, PrevTech soutient avoir l’attention et la reconnaissance de plusieurs assureurs en ce qui a trait aux bénéfices préventifs (Promutuel, Optimum Assurance Agricole, Ledor).

« Tous les assureurs impliqués dans le domaine agricole ont reconnu notre solution, affirme M. Meunier. Dernièrement, on a conclu avec succès un projet pilote au Québec en collaboration avec Intact Assurances. Cela dit, on vend d’abord la prévention avant le rabais, afin de conditionner un comportement favorable à la prévention.

« On n’est pas là pour être alarmistes, ajoute-t-il. On est dans la détection de situations qui peuvent devenir critiques et causer de grands torts. Il faut, par exemple, de cinq à six ans pour refaire un troupeau de vaches, après la mort de bêtes. Peut-être que notre appareil n’indiquera que des problèmes bénins, mais il conditionnera à la maintenance préventive. »

Deux ans après sa création, PrevTech lorgne déjà les fermes de l’Ontario et du Manitoba. « Notre unité est certifiée CSA, indique Pierre-André Meunier. On peut ainsi le distribuer partout en Amérique du Nord. »

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