Réflexion

Les enfants branchés

On observe de plus en plus un engouement pour la réalité virtuelle et les technologies internet. Même à l’école primaire, les enfants sont encouragés à utiliser leurs appareils technos pour faire des recherches et ainsi mieux comprendre les concepts. Bref, il est de plus en plus valorisé de devenir une personne branchée.

En fait, dire d’une personne qu’elle est quelqu’un de « branché » renvoie à un profil de personnalité très informé, curieux et capable d’effectuer une multitude de tâches en même temps. Un superman (ou une superwoman) techno à qui rien n’échappe, hyperinformé et hypersensible à l’ensemble des éléments qui composent une réalité. Mais est-ce vraiment le cas ?

Il est vrai qu’être bien informé de l’actualité, des dernières tendances et nouveautés est quelque chose de plutôt positif, car cela amène à mieux comprendre le monde dans lequel nous évoluons et ainsi à mieux s’y adapter. 

Toutefois, lorsque cette recherche d’information devient compulsive, elle devient alors plus inquiétante.

Plusieurs enfants et adultes ne peuvent pas se passer de leurs appareils pendant une journée, voire une heure. Privés de leurs appareils, ils montrent des symptômes de sevrage tels que l’impatience, l’anxiété et parfois même des réactions physiques (ex. : maux de tête, de ventre).

Quand le virtuel devient obsessionnel

On remarque que les personnes qui développent une dépendance aux appareils technologiques (cyberdépendance) se comportent différemment des autres. Comme toute personne dépendante, elles ont besoin de plus en plus de ce type d’activité pour ressentir un apaisement (état de tolérance) et lorsqu’elles en sont privées, elles ressentent un profond malaise (état de sevrage). Mais ce qui est encore plus important, c’est de comprendre pourquoi certaines personnes développent cette dépendance et d’autres pas.

Généralement, les personnes compulsives sont impliquées dans une foule d’activités pour ne pas être en contact avec leur environnement immédiat (physique et social). Par exemple, je vais sortir mon iPhone lorsque je me sens embarrassé par la présence d’une autre personne. Encore plus important, certaines personnes vont compulser dans l’action virtuelle pour ne pas être en contact avec elles-mêmes, pour ne pas ressentir leurs émotions.

Être dans la réalité virtuelle me permet alors d’échapper à la vraie réalité.

Ainsi, en gardant mon esprit toujours activé par Google, Facebook et YouTube, remplis à ras bord d’informations souvent superficielles et futiles, cela m’évite d’être en contact avec mon propre vide, mes manques et mes difficultés. Bref, consommer autant d’informations devient une sorte d’autotraitement qui apaise momentanément les inquiétudes. C’est pourquoi tant de gens sur la planète s’anesthésient devant leurs écrans bleus.

Apprendre à contempler le vide

Pour améliorer la situation et ne pas transmettre à nos enfants ce goût de la compulsion virtuelle, nous devons réaliser qu’il y a énormément de bienfaits à ne rien faire, à garder notre esprit libre, non surchargé par une multitude d’informations. Il y a du bien à s’ennuyer, contempler le vide, être conscient de sa respiration, observer la nature autour de soi, ses formes, ses couleurs, ses textures. Tout ce que cette nature (tant physique qu’humaine) fait ressurgir en nous comme émotions. Bref, tout est là, tout ce dont nous avons réellement besoin.

Nous avons tous des inquiétudes et le fait de décrocher de la réalité virtuelle nous oblige à entrer en contact avec ces inquiétudes. Ainsi, nous pourrons arriver à comprendre que nos peurs sont en fait des cadeaux mal emballés. Elles nous montrent la direction que nous devons prendre pour enfin vivre un changement vers une vie plus harmonieuse. Les nier par l’activité virtuelle ne fait que remettre à plus tard ce projet de vie, celui d’être heureux.

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