« Shopaholisme» au temps du web
Tout a commencé par une obsession de longue date remisée au fin fond de mon cerveau reptilien pour cause d’illogisme : l’envie d’avoir un sac à main Céline vu dans une sublime boutique, Cahier d’exercices, de la rue Saint-Paul.
À quelque 3000 $ avant taxes, le projet ne me semblait pas juste inabordable, mais insensé.
Quand on a ce genre d’argent-là, disponible, me disais-je, on s’achète, je ne sais pas moi, une œuvre d’art, un diamant indestructible, on fait un dépôt sur l’hypothèque, on commence à chercher un chalet…
L’idée d’investir tant dans un bien si éphémère me semblait juste irrationnelle.
Mais comme c’est le cas pour bien des choses dans la vie, la privation ne règle rien et surtout n’efface pas l’envie. Les années ont passé et je continue, je l’avoue, à rêver du sac en question.
C’est ainsi que j’ai commencé, tranquillement, à développer une véritable addiction pour les sites de shopping de luxe d’occasion ou au rabais.
Demandez à ma famille, mes amies, mes voisins de bureau, mon problème est grave.
D’eBay à Vestiaire Collective, en passant par The Real Real et Shop-Hers, j’épluche, je compare, je rêve. Il y a des vêtements, des chaussures, des sacs…
J’ai même appelé des avocats pour leur demander ce qui pouvait m’arriver si, par malheur, sans le savoir, j’achetais de ces objets de contrefaçon qui pullulent sur le Net. On m’a dit de ne pas m’en faire, que comme acheteuse, il n’y avait aucun risque d’être poursuivie, ce sont surtout les vendeurs de copies qu’on traque. Par contre, veut-on vraiment faire affaire sur le web avec des receleurs de faux ?
À force de chercher, j’ai tenté ma chance : une ceinture Céline trouvée sur eBay que j’adore, une robe sur The Real Real que j’ai fini par retourner en me disant que je referais volontiers affaire avec ce site tellement ce fut simple et efficace, des chaussures dorées dont la livraison a été retardée par le Nouvel An chinois… Je n’ai toujours pas acheté LE sac. J’attends encore l’aubaine du siècle. Mais en chemin, j’ai aperçu une foule de trouvailles qui m’ont réconciliée avec mon consumérisme et mon « shopaholisme ». Quand on recycle, c’est pas mal moins grave, non ?