Égalité hommes-femmes

Pareils, pas pareils ?

Y a-t-il des différences d’intelligence entre les hommes et les femmes ? Voici cinq thèses élaborées pour répondre à cette délicate question.

Égalité hommes-femmes

Le sexe fort

Après avoir été écartée dans les années 60, l’idée voulant que les hommes soient intellectuellement supérieurs a été ressuscitée dans les années 90. Le controversé professeur de psychologie Richard Lynn a alors déclaré que les hommes obtiennent, en moyenne, cinq points de plus aux tests de quotient intellectuel, un avantage qu’il attribue à la taille de leur cerveau – plus grand, proportionnellement à leur corps, que celui des femmes.

Plusieurs chercheurs ont toutefois attaqué la méthodologie de Lynn, aussi considéré comme raciste et eugéniste. L’écart qu’il a identifié est inexistant ou négligeable, disent-ils. Ou n’a, du moins, rien à voir avec la taille du cerveau, celui des femmes étant tout aussi performant grâce à un cortex plus épais.

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Plus d’hommes aux extrêmes

Toujours selon Richard Lynn, et selon d’autres chercheurs, l’intelligence des hommes serait par ailleurs beaucoup plus variable que celle des femmes. Même si l’écart moyen entre les deux sexes est minime, les hommes se retrouveraient ainsi plus nombreux parmi les cancres et parmi les surdoués. Lynn affirme que les hommes sont huit fois plus susceptibles que les femmes de détenir un quotient intellectuel de 145, frisant le génie – ce qui expliquerait la très faible proportion de femmes dans certaines disciplines.

C’est cette thèse qui a provoqué la démission de l’ancien président de Harvard, Lawrence Summer.

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Chacun sa spécialité

Bien que les hommes et les femmes aient la même intelligence générale, ils seraient chacun favorisés dans des domaines distincts. Lors des tests, les hommes démontrent, en moyenne, de meilleures aptitudes spatiales et les femmes, de meilleures aptitudes verbales. Pour plusieurs chercheurs, cela s’explique par l’évolution, les hommes et les femmes ayant développé des aptitudes différentes en fonction de leurs rôles initiaux.

Certains écarts sont toutefois en train de disparaître. Ces dernières années, les femmes ont même dépassé très légèrement les hommes lors d’un test d’induction très utilisé, consistant à identifier le symbole manquant d’une suite logique. Ce progrès a été découvert par James Flynn, célèbre pour avoir démontré que le QI croît sans cesse depuis un siècle, parce que le monde se complexifie.

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Aucune différence

Pour d’autres chercheurs, s’acharner à chercher des différences de capacités intellectuelles est sexiste et nocif, puisque les stéréotypes créent de l’anxiété et rendent moins performant. Cela finirait par désavantager les femmes lors des tests et par créer un écart artificiel et trompeur. Pour James Flynn, c’est la différence d’état d’esprit entre les femmes – anxieuses – et les hommes – confiants – qui favoriserait ces derniers lors des tests.

« Quand on y regarde de près, la théorie sur les différences innées entre les sexes n’est pas supportée par la recherche », estime la professeure de psychologie Louise Cossette, coauteure du livre Cerveau, hormones et sexes et membre de l’Institut de recherches et d’études féministes à l’UQAM.

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Une question d’hormones

Richard Lynn déclare aussi que les hommes sont plus susceptibles de réussir grâce à leur taux élevé de testostérone, qui les rendrait plus compétitifs et acharnés. « Ils peuvent surtout compter sur d’autres pour prendre soin de leurs enfants, alors que les femmes assument deux rôles », estime la chercheuse et psychologue Josephine Storek.

Quoi qu’il en soit, les deux tiers des Européens des deux sexes ont déclaré en 2015 que les femmes n’avaient pas ce qu’il fallait pour devenir des « scientifiques de haut niveau ». Très peu d’entre eux (7 %) ont dit que les femmes n’avaient pas de capacités scientifiques. Mais 25 % des sondés croyaient qu’il manquait aux femmes la confiance en soi, le réseau professionnel (21 %), l’esprit de compétition (19 %) ou l’ambition (15 %).

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