Développement des enfants

Bébé ne dort pas ? Pas de panique !

Faire ses nuits plus tôt ou plus tard n’a pas d’impact sur le développement cognitif et moteur du bébé, selon une nouvelle étude montréalaise. C’est que les bébés qui se réveillent souvent ne sont pas rares : à 1 an, à peine la moitié des enfants dorment plus de huit heures sans se réveiller.

Le contexte

Plusieurs patientes de Marie-Hélène Pennestri s’inquiètent quand leur bébé ne franchit pas certains seuils de développement au moment où elles s’y attendent. Par exemple, faire ses nuits, marcher ou parler. « Les parents se sentent parfois coupables si leur bébé ne fait pas ses nuits à 6 mois, ils se disent qu’ils ont fait quelque chose qui pousse leur bébé à se réveiller », explique la psychologue de l’Institut Douglas de l’Université McGill, auteure principale de l’étude publiée dans la revue Pediatrics. « Quand des journalistes ont titré à propos d’une autre de mes études que la moitié des bébés ne faisaient pas leurs nuits à 6 mois, certains se comparaient d’emblée aux parents de la moitié des bébés qui ne se réveillaient pas la nuit, explique celle qui pratique aussi à l’hôpital Rivière-des-Prairies. J’ai décidé de voir s’il y avait des effets négatifs, à part pour le sommeil des parents, sur le développement des enfants. »

La genèse

Mme Pennestri a utilisé les données d’une cohorte de 370 nouvelles mères assemblée par d’autres chercheurs de Douglas, en collaboration avec des chercheurs de l’Université McMaster à Hamilton. La cohorte « Adversité maternelle, vulnérabilité et neurodéveloppement » (MAVAN selon l’acronyme anglais) avait des données sur la proportion des bébés qui dormaient six heures d’affilée ou huit heures d’affilée à 6 et 12 mois, et sur leur développement à 3 ans.

Ce que révèle l’étude

« Faire ses nuits ou pas à 6 mois et même à 12 mois ne retarde pas le développement à 3 ans, explique la psychologue montréalaise. Je pense que c’est très important pour les parents, pour qu’ils ne s’inquiètent pas d’une situation qui a, par ailleurs, des impacts sur la fatigue et l’humeur. Le niveau de fatigue subjective dépend aussi des attentes. Si on ne pense pas à trois heures du matin, avec bébé qui pleure dans nos bras, qu’on a échoué, c’est moins pire. » Y a-t-il des différences entre les filles et les garçons ? « Généralement, il y a beaucoup de variance, mais le sommeil se consolide un peu plus rapidement chez les filles que chez les garçons. Les bébés allaités, aussi, font leurs nuits moins vite. » 

Et maintenant ?

L’étude du lien entre le sommeil des bébés et leur développement en est encore à ses balbutiements. « Un autre groupe a montré que quand les bébés sont en train de franchir une étape du développement moteur, comme marcher, ça les fait reculer au niveau du sommeil, comme s’ils mobilisaient leur énergie pour apprendre autre chose, dit Mme Pennestri. Il y a aussi un lien avec la société. Je parlais avec un journaliste américain et au niveau du congé de maternité et du soutien du père, c’est très différent. Ça influence le moment où les bébés font leurs nuits. » La psychologue montréalaise est en train de monter une cohorte de 100 bébés qui sera suivie pendant plusieurs années. Les deux parents et le bébé porteront un bracelet pour évaluer les cycles de veille et de sommeil.

Évolution du sommeil des bébés

62 % dorment plus de six heures d’affilée à 6 mois.

43 % dorment plus de huit heures d’affilée à 6 mois.

72 % dorment plus de six heures d’affilée à 12 mois.

57 % dorment plus de huit heures d’affilée à 12 mois.

Source : Pediatrics

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