RÉPLIQUE

Médiocres, les directions ?

En réponse à la chronique « Nous sommes médiocres », de Patrick Lagacé, publiée jeudi dernier.

Oui, les directions membres de la Fédération québécoise des directions d’établissement d’enseignement (FQDE) ont boycotté l’enquête PISA.

Nous la boycottons d’ailleurs depuis 2014, notamment pour contester le manque d’écoute des instances gouvernementales à notre égard. Et nous ne boycottons pas seulement le PISA. Depuis le début de l’année 2014, nous boycottons l’ensemble des enquêtes et des sondages que nous recevons dans nos écoles.

À cet égard, mentionnons que les responsables des enquêtes internationales et pancanadiennes du ministère de l’Éducation sont au courant de la situation depuis deux ans. Deux ans, donc, qu’on préfère nous laisser biaiser des résultats d’enquêtes plutôt que de faire avancer le dossier de l’inversion salariale.

Cela fait plus de 10 ans maintenant qu’on demande que soit revue la structure qui fait en sorte que certaines directions et directions adjointes sont moins rémunérées que des membres de leur personnel. L’équité salariale octroyée aux enseignants, profession à dominance féminine, est l’une des principales causes de la situation.

Au-delà de la correction de l’inversion salariale, ce que nous voulons, ce sont des conditions gagnantes pour exercer notre métier. C’est bien simple : nous voulons être en mesure de bien faire notre travail.

Notre discours n’est pas nouveau : les décisions qui concernent la réussite des élèves doivent se prendre dans l’école, en concertation avec l’équipe-école, les parents et les partenaires. Les experts sont dans l’école. Il faut nous faire confiance et nous permettre d’allouer les ressources là où elles sont nécessaires.

Les compressions des dernières années ont engendré de nombreuses problématiques pour toutes les directions. Alors que plusieurs d’entre elles gèrent jusqu’à six écoles en même temps, d’autres cumulent les dossiers de la commission scolaire. C’est tout sauf efficient. Nous voulons consacrer notre temps à notre personnel, à nos élèves et aux solutions à mettre de l’avant pour leur permettre de réussir.

Pour la FQDE, la priorité est claire. Avant de vouloir se comparer aux autres, avant de se réjouir devant les résultats d’un test qui ne reflète pas la réalité des élèves qui ont des besoins particuliers, il faut agir chez nous, dans nos écoles.

Si le PISA est une réelle priorité, pourquoi avons-nous effectué des coupes sauvages dans le réseau de l’éducation ? Le PISA n’est pas le remède aux problèmes actuels en éducation.

Nos moyens d’action sont administratifs. Ils n’affectent en rien la réussite des élèves. Ils nous donnent cependant une occasion de faire connaître l’urgence de la situation : la profession de direction s’éteint à petit feu au Québec. Les banques de relève sont vides dans presque toutes les commissions scolaires. C’est seulement en proposant des conditions d’emploi gagnantes que nous pourrons nous assurer d’avoir une relève de qualité.

RÉPONSE DE PATRICK LAGACÉ

Vos explications illustrent de façon magistrale pourquoi le gouvernement n’est pas le seul à blâmer dans la tolérance à la médiocrité qu’on rencontre dans le système scolaire québécois.

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