Canadien

Pourquoi Galchenyuk joue-t-il si peu ?

Jeudi, dans la victoire contre les Hurricanes de la Caroline, Alex Galchenyuk a joué 14 min 3 s. Jamais, cette saison, il n’avait moins joué que ce soir-là.

Deux jours plus tôt, contre les Sénateurs d’Ottawa, Galchenyuk avait au contraire connu sa soirée la plus occupée de la saison, passant 19 min 40 s sur la surface de jeu.

Derrière ces deux extrêmes se cache toutefois un curieux phénomène, décrié par de nombreux partisans et observateurs sur les réseaux sociaux : Galchenyuk n’est pas aussi utilisé que les joueurs avec qui il partage le sommet du classement de la LNH.

Outre Galchenyuk, seul J.T. Miller, des Rangers de New York, joue moins de 16 minutes par match parmi les 20 meilleurs compteurs de la LNH.

Pendant ce temps, Tomas Plekanec, centre du deuxième trio du Canadien cette saison, joue en moyenne 17 min 9 s par match, même s’il marque aussi souvent que Bill Belichick esquisse un sourire. Les unités spéciales peuvent fausser les données (Galchenyuk joue plus souvent en avantage numérique, mais pas du tout en désavantage numérique), mais même à forces égales, Plekanec a un léger avantage (13 min 44 s contre 13 min 27 s).

L’équilibre du vestiaire

Aux yeux de deux hommes de hockey de l’Association de l’Est interrogés par La Presse, le constat est le même : Michel Therrien ne s’arrête pas simplement aux chiffres et s’assure que tout son monde – surtout ses leaders – soit heureux.

« Ça peut prendre du temps avant qu’un vétéran coach accepte un jeune et lui donne le temps de glace nécessaire, explique notre premier homme de hockey. Moi aussi, je suis parfois surpris de voir qu’il n’a pas le même temps de glace que d’autres vedettes. Le coach ne veut pas déplaire aux vétérans. C’est la même chose avec Andrei Markov, il ne veut pas trop lui enlever de responsabilités. Le coach sait que lorsqu’il perd son vestiaire, ses vétérans, il se met en danger. »

« La plupart des coachs sont plus à l’aise avec leurs vétérans, soutient un autre homme de hockey. Le match est serré, tu mènes par un but, tu fais attention. On a confiance en nos vétérans pour une raison “x”. Pacioretty est le capitaine, en plus il écoule les punitions. Et tu ne veux pas non plus que Max Pacioretty se décourage. C’est psychologique. »

La situation n’est pas sans rappeler celle d’Evgeny Kuznetsov la saison dernière à Washington. Le talentueux Russe a mené les Capitals avec 77 points en 2015-2016, devant Alexander Ovechkin (71) et Nicklas Backstrom (70). Pourtant, dans la colonne du temps d’utilisation, le jeune homme de 24 ans venait derrière Ovechkin, Backstrom et T.J. Oshie. En avantage numérique, Kuznetsov voyait ces trois vétérans, de même que Marcus Johansson, jouer davantage que lui.

Les mises en jeu sont un autre facteur que Therrien semble considérer. Galchenyuk n’en gagne que 39,3 % cette saison, ce qui le place à l’avant-dernier rang de la LNH parmi les centres qui en totalisent au moins 200. Jeudi, il n’en a gagné que 25 % (3 sur 12).

« Evgeni Malkin n’a jamais été bon aux mises en jeu et il joue quand même beaucoup, rappelle notre premier observateur. Mais évidemment, Galchenyuk n’est pas un joueur de cette trempe. Il n’est pas un fabricant de jeu hors du commun. Il profite beaucoup de la créativité [d’Alexander] Radulov. Galchenyuk est le gros centre qu’on cherche depuis longtemps à Montréal, mais il a encore du progrès à faire sur la créativité. »

La formule gagnante

Le Canadien présente une fiche de 15-4-2, la meilleure de la LNH, même si les deux dernières semaines ont été plus laborieuses. De plus, Galchenyuk a trouvé le moyen de produire au rythme d’un point par match, même s’il joue moins que ses pairs.

« Le Canadien a beaucoup de succès à rouler quatre trios, rappelle notre deuxième observateur. Quand tu déploies tes quatre trios, c’est normal que le temps d’utilisation soit plus équilibré.

« Si tu roules quatre trios, que tu donnes à Galchenyuk son temps en avantage numérique et que tu gagnes, je n’ai pas de problème avec ça. Il va devenir encore meilleur. Et un jour, peut-être qu’il jouera en désavantage, qu’il sera double-shifté et là, il aura ses 17-18 minutes. Mais il connaît une bonne saison et il produit avec ses 16 minutes. Tu ne touches pas à une formule gagnante ! »

En revanche, notre premier homme de hockey, lui, ne se montrerait pas aussi prudent avec le numéro 27.

« Il est enthousiaste. Il veut faire la différence. Il n’est pas complet, il est peut-être moins responsable que Plekanec en défense, mais en amène beaucoup plus offensivement. Il faut le lâcher lousse ! »

À cinq contre cinq cette saison, le Canadien marque en moyenne 4,00 buts par tranche de 60 minutes que Galchenyuk passe sur la patinoire. Et l’équipe en accorde 2,22.

Avec Plekanec sur la patinoire, il se marque 0,89 but par heure de jeu et s’en accorde 1,33. Avantage Galchenyuk ici.

Un bémol s’impose : Plekanec est constamment opposé aux meilleurs trios offensifs adverses et, surtout, il amorce seulement 23 % de ses présences en zone offensive. En revanche, quand Galchenyuk est dépêché pour une mise en jeu, c’est en zone offensive près de la moitié du temps (44,6 %).

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