bouger au boulot

Regain d’énergie et esprit d’équipe

Dans le corridor, des dizaines de chaises sont alignées comme de petits soldats. Quelques tables ont été repliées le long des murs. C’est qu’on a vidé la grande salle de conférence de tout son mobilier pour faire place à un cours de tabata (une méthode d’entraînement basée sur les intervalles).

Une fois par an, Brother Canada organise un grand défi Santé et mieux-être qui comprend des cours de tabata ou de zumba dans les bureaux de l’entreprise, à Dollard-des-Ormeaux, des séances d’entraînement au gym Nautilus situé de l’autre côté de la rue et des ateliers sur la nutrition.

Le programme, d’une durée de deux mois, donne lieu à une compétition amicale : on peut accumuler des points en participant à des activités ou en réalisant des défis précis.

« Cette année, 50 % des employés participent au grand défi, s’enthousiasme France Landreville, directrice principale du marketing chez Brother Canada. Il y a énormément d’engouement. Les gens apprécient le défi parce que c’est ludique. »

Les activités ont lieu à l’heure du dîner, ce qui constitue, selon Mme Landreville, une formule gagnante. Et l’entreprise y trouve son compte.

« Ça contribue à créer un sentiment d’appartenance, affirme Mme Landreville. Ça permet aux gens des différents départements de se connaître. Même si nous sommes une petite entreprise (175 employés), nous n’avons pas toujours l’occasion de nous rencontrer. »

Ces activités permettent notamment aux employés de côtoyer des dirigeants dans un contexte différent, moins formel.

« Les hiérarchies s’ouvrent, lance Mme Landreville. Tout le monde est sur le même niveau. »

Elle estime que les séances d’entraînement permettent aux employés de recharger leurs batteries. « Ils sont revitalisés, plus performants. »

Le bien-être fait, selon elle, partie des valeurs culturelles de Brother, une multinationale japonaise qui fabrique notamment des imprimantes et des machines à coudre.

Des employés plus productifs

Chez Deloitte, au centre-ville de Montréal, on mise sur un centre de mieux-être, Recharge, dans les bureaux mêmes de l’entreprise.

« C’est tellement facile, tu ne perds pas de temps, affirme Marc Perron, directeur associé chez Deloitte pour le Québec. Ça facilite la vie des gens, la conciliation travail-famille. »

Le centre offre gratuitement une vingtaine de cours de groupe par semaine, depuis la méditation jusqu’au cardiovélo, en passant par le yoga et la zumba. Les employés peuvent également se faire préparer un programme d’entraînement personnalisé. Un entraîneur est toujours sur place pour assurer la sécurité de tous.

Le bureau de Deloitte à Montréal compte environ 1200 employés qui œuvrent notamment dans la vérification financière, la fiscalité, la stratégie et la cybersécurité.

Selon M. Perron, entre 30 et 40 % des employés font usage des installations du centre Recharge, ne serait-ce qu’une fois toutes les trois semaines. Mais lorsqu’il est question de sports, Deloitte ne se limite pas à ce centre d’entraînement.

« Nous avons des équipes de hockey, de balle, de vélo, de course, de soccer, on participe aussi au Cyclo-défi contre le cancer et au Grand défi Pierre Lavoie », énumère-t-il.

Dans son nouvel édifice de l’avenue des Canadiens-de-Montréal, inauguré en 2015, Deloitte a instauré un concept « agile » : personne n’a de bureau attitré. Les gens s’installent là où ils seront le plus productifs : dans un des nombreux espaces de travail chez Deloitte, chez le client ou même à la maison.

« Quand les gens sont ici, on veut qu’ils aient le plus de services possible afin qu’ils travaillent de façon adéquate », indique M. Perron.

Le centre de mieux-être Recharge fait partie de cette philosophie. Bien sûr, cela représente un investissement en immobilier (il a fallu prévoir cet espace) et en personnel. Mais déjà, M. Perron constate des bénéfices.

« On voit une augmentation de la motivation, de la performance, une augmentation au niveau de l’engagement. Nous avons vu notre taux de rétention et d’attraction augmenter. »

— Marc Perron, directeur associé chez Deloitte pour le Québec

Lui-même est un grand utilisateur du centre Recharge, avec au moins deux séances d’entraînement par semaine, qui s’ajoutent à sa partie de hockey du lundi soir et à son autre partie de hockey du vendredi matin.

Quels impacts dans les entreprises ?

Il n’est pas toujours facile de trouver des données définitives sur les effets de l’activité physique en entreprise. Des professeurs des universités du Missouri, de Washington et du Michigan ont publié en 2009 une méta-analyse sur la question. Vicky Conn, Adam Hafdahl, Pamela Cooper, Lori Brown et Sally Lusk ont examiné 7251 études et rapports sur des programmes d’activité physique en entreprise auxquels ont participé 38 231 personnes. Les chercheurs ont indiqué que ces programmes avaient eu des effets positifs significatifs sur les habitudes sportives des participants, leur condition physique, leur niveau de cholestérol, mais aussi sur le taux d’absentéisme et le stress au travail. Les auteurs rappellent que même une légère réduction du taux d’absentéisme peut avoir d’importants bénéfices pour une entreprise lorsqu’on parle d’un grand nombre d’employés.

Ils recommandent toutefois de nouvelles études, qui feraient notamment la comparaison entre les programmes d’activités physiques qui s’appuient sur des installations sur place et les programmes qui s’appuient sur des installations à l’extérieur du bureau. De telles études permettraient de voir si l’investissement requis pour des installations sur place se justifie par une meilleure santé des employés et par des gains en productivité.

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